Le Download Festival n’est pas encore devenu le Hellfest parisien

Publié le par Théo Chapuis,

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Une semaine avant le Hellfest, le Download Festival comptait bien se tailler sa part du gâteau auprès des métalleux en France. Bilan ? Mitigé.

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Malgré la part plus que marginale que le genre occupe dans les médias français, le metal est bel et bien en train de faire son trou, que vous le vouliez ou non. Preuve en est le débarquement du Download festival, véritable machine à têtes d’affiches lancée en 2003 à Castle Donington, en Angleterre. En théorie, voilà la seule incarnation crédible d’une concurrence au tout-puissant (et sold-out) Hellfest. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas un hasard si les programmateurs de l’événement ont choisi le weekend précédant celui du festival sis à Clisson pour venir cracher leurs décibels.

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Pour la toute première fois en France, la grand-messe britannique a posé ses gigantesques scènes en France, au bois de Boulogne à Paris, sur les pelouses spacieuses de l’hippodrome de Longchamp. Côté pratique, un impeccable service de navettes propose aux festivaliers l’aller-retour depuis les stations de métro Porte Dauphine et Porte Maillot, soit un trajet de trois quarts d’heure montre en main depuis Châtelet. “Be quick, or be dead”, disait un chanteur célèbre.

Sur le papier, le Download propose des avantages de taille par rapport à l’offre en France : un premier grand festival metal à Paris, la fraîcheur d’un nouveau venu en France, un prix moindre à celui du Hellfest (autour de 150 euros contre 200 euros) ainsi que des concerts assurés par de véritables blockbusters du metôl tels que Rammstein, Korn, Iron Maiden, Deftones ou encore Megadeth.

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100 000 places vendues

Or en exportant leur formule au pays d’“Antisocial”, les Anglais découvrent les Français comme ils les connaissent : râleurs. Arrivés aux portes de l’événement, les festivaliers sont bloqués dans d’énormes bouchons pour retirer leur pass, délivrés par six caisses seulement… avant de devoir faire de nouveau la queue une fois à l’intérieur pour créditer leur carte “cashless”, dispositif de paiement en festival démocratisé un peu partout depuis la saison 2015. Précisons que le festival a accueilli 100 000 chevelu(e)s sur trois jours. Par comparaison, c’est 20 000 de moins qu’à Rock en Seine.

Première édition, festival massif, soucis de préparation… les excuses ont beau être nombreuses, sur Twitter et Facebook, le Download se taille une amorce de bad buzz et commence plutôt mal…

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Pas de mise en scène, juste du metal

Mais la fête métallique finit par commencer quand même. Une fois à l’intérieur, les festivaliers déambulent sur un grand rectangle de pelouse émaillé de quelques buvettes, quelques stands de restauration, et d’une seule fantaisie : l’énorme tête de doberman gonflable, mascotte du Download, qui surplombe les festivaliers depuis le centre du site. C’est (à peu près) tout.

La comparaison est encore une fois à l’avantage du Hellfest, mais aussi avec bien d’autres festivals, metal ou non, qui misent gros sur le décor et l’identité visuelle de leur événement.

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Il n’y a pas que nous qui le disons : Christian Allex, codirecteur artistique du plus indie rock This is not a love song nous expliquait toute l’importance d’une mise en scène léchée et d’un accueil à la hauteur : “En 2016, un festival qui veut fonctionner est obligé de s’investir dans le décor, l’offre gastronomique, le confort des festivaliers…”.

Sur ces points, c’est donc plutôt raté pour le Download. D’ailleurs pas mal de festivaliers le déplorent et on entend des critiques sur le côté impersonnel, voire sans âme, du festival.

A ce même titre, si on apprécie l’ambiance bon enfant entre les festivaliers (beaucoup d’entre eux sont venus en famille), le Download manque cruellement de cette pointe de folie et de WTF qui fait tout le sel d’un Hellfest, d’un Motocultor ou même d’une Route du Rock. C’est finalement ce qu’on lui reproche en premier lieu.

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Metal for the masses

Reste à se rabattre sur le plat de résistance, la véritable raison de la venue de cette horde de fans : les concerts. Armée d’artistes en acier trempé, la partie purement musicale s’est déroulée aux petits oignons… pour peu qu’on soit amateur d’un metal qu’on taxera gentiment de “mainstream”.

Axée sur les groupes qui vendent le mieux, la programmation fait fi de la découverte et du metal dit “extrême” (death metal, black metal…) pour mieux tabler sur l’artillerie lourde. De ce côté, rien à dire : les festivaliers en ont pour leur argent devant les shows réglés comme des horloges d’Iron Maiden, Korn ou Rammstein – ces derniers n’étaient pas revenus carboniser les planches françaises depuis 2013.

On note une qualité de son un peu limite par moments, culminant sur certains groupes comme Deftones ou surtout Megadeth, dont le son de guitare approximatif s’est vite noyé sous la batterie dès lors que le frappeur actionnait sa double pédale. Mais pour la défense du Download, les amateurs de son cristallin ne trouvent que rarement leur bonheur en plein air. C’est dommage.

Bilan mitigé

Bilan mitigé donc, d’accord. Mais ne noircissons pas le tableau. A défaut d’incarner une alternative équivalente au Hellfest, le Download propose un festival de groupes classés dans la catégorie poids lourds à un tarif moindre, à quelques minutes du centre de Paris. Or il souffre de son manque de fun et d’identité visuelle, de son absence de prise de risque artistique, ainsi que de ses quelques soucis d’organisation. Des ajustements qui ne semblent pas insurmontables.

Rendez-vous l’année prochaine pour une seconde chance ?