La Star Academy version 2022 est-elle en train de ringardiser le reste de la téléréalité française ?

Publié le par Lucie Bacon,

Capture d’écran TF1

Mais pourquoi TOUT LE MONDE (oui, même les hipsters de chez Konbini) regarde la Star Ac' cette année ?

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On n’en attendait pas grand-chose, donc on n’a pas été déçus. Mieux, depuis quelques semaines, on est plutôt agréablement surpris par le retour de la Star Academy. C’est même sans une certaine agitation qu’on attend désormais les primes du samedi soir. Alors, certes, il n’y a plus les prestigieux invités des débuts, mais l’alchimie fonctionne encore. Et on vous explique pourquoi, vingt ans après, l’émission est peut-être en train de révolutionner (encore) la télé française.

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Le 20 octobre 2001, la Star Academy débarquait pour la première fois à la télé. Un ovni. En avril, M6 avait déjà diffusé Loft Story, la première vraie téléréalité française, où, pendant des semaines, des jeunes étaient enfermés, filmés puis éliminés petit à petit. Mais avec la Star Ac’, il y avait autre chose, une vraie compétition basée sur des talents, le chant et la danse notamment. Il y avait des profs, une dirlo, des cours, des obligations de se lever, des débriefs salés, des primes avec des prestations plus ou moins réussies. En bref, de l’exigence. Et c’était excitant.

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Plus de vingt ans après, TF1 retente donc l’expérience. Peu y croyaient, et pourtant, force est de constater que ça cartonne : entre 3,5 et 5 millions de téléspectateurs à chaque prime, environ 2 millions pour chaque quotidienne. C’est donc bien dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe.

Mais alors, pourquoi ça marche ? Après le carton du premier prime, on s’est dit que c’était sûrement un mélange de mélancolie et de curiosité de la part des trentenaires actuels qui veulent voir à quoi ressemble désormais le château de Dammarie-les-Lys et qui sont les successeurs de Jenifer et Jean-Pascal. Sauf que les gens sont restés, de semaine en semaine, devant les émissions de Nikos. Et pas seulement des trentenaires, vu l’engouement pour la Star Academy qui déferle ces derniers temps sur Twitter, Insta et surtout TikTok, avec des comptes qui relayent ce qui se passe quasiment en direct au château.

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“Les jeunes actuels ont une fascination pour les années 2000, on voit dans la musique ou dans la mode. TF1 a donc surfé là-dessus ; il y a encore le téléphone rouge par exemple [l’objet mythique des premières saisons]”, résumait la journaliste Constance Vilanova sur le plateau de C médiatique il y a quelques jours.

Mais surtout, TF1 a réussi un coup de maître en ne rendant pas trop ringard son programme, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer. Les candidats ne sont pas stéréotypés, ils sont (très) jeunes, et “normaux” : ils ont des failles, des doutes, ils ne savent pas tous chanter très juste mais bossent avec acharnement, s’en foutent de leur apparence devant les caméras et restent naturels quand on leur demande de se livrer dans le fameux confessionnal. Et cela tranche très franchement avec ce que l’on a l’habitude de voir avec les téléréalités ces dernières années en France, où l’on retrouve désormais TOUJOURS les mêmes candidats qui partagent leur vie entre Dubaï et les tournages à l’étranger des 50 ou des Marseillais.

Endemol, la boîte de production, a également voulu changer tout le corps professoral du château. Exit les mythiques cours de Kamel Ouali, les envolées lyriques d’Armande Altaï ou les débriefs tranchants de Raphaëlle Ricci, et place à de nouvelles têtes. En débarquant sur le premier prime en cuissardes rouges à talons aiguilles pour une choré enflammée, on s’est doutés que le prof de danse, Yanis Marshall, serait une des stars du programme, et ça n’a pas loupé : on l’adore, et Internet aussi. Son exigence pendant les cours, les tableaux qu’il prépare aux meilleurs candidats chaque semaine et ses tenues incroyables aux primes font désormais de lui une figure incontournable du show.

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Mais TF1 a aussi décidé de renouer avec “l’ADN” de la téléréalité d’il y a une ou deux décennies, comme le résume également Constance Vilanova, à savoir l’enfermement des candidats, mais aussi l’instantanéité du programme : les quotidiennes diffusent chaque jour le contenu de la veille. Mieux encore, désormais, on peut suivre en direct presque tout ce qui se passe au château sur MYTF1 Max, une transparence assez inédite dans l’histoire des shows à la française, qui sont désormais tournés des mois à l’avance, à l’étranger, et dans un secret parfois pas super bien gardé.

On l’a dit plus haut, la Star Academy, comme il y a vingt ans, fait reposer son intérêt sur un concours, sur des talents, sur la musique. Loin de ce à quoi on a été habitués ces dernières années, où les embrouilles et engueulades rythment les programmes. Au château, quelques disputes, forcément, comme dans chaque coloc’, mais l’émission ne repose pas sur des rivalités ou des cris. Et ça aussi, on apprécie.

De nouvelles têtes pour mieux rebondir vingt ans plus tard dans un format qui fonctionne toujours autant : tel était le pari de la Star Academy promo 2022. Loin du programme ringard et défraîchi auquel on pouvait s’attendre, TF1 a réussi son coup en ressuscitant un show qui avait marqué au cœur toute une génération. Et on dirait bien qu’une nouvelle est en train de s’attacher, fredonnant du Céline Dion avant chaque quotidienne. Ne partez paaaas sans moiiii.

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