#KateGate : les rumeurs continuent d’enfler et la royauté s’enfonce dans une communication désastreuse

Publié le par Konbini avec AFP,

© Prince of Wales/Kensington Palace/AFP

Photo retouchée, apparition de la marquise de Cholmondeley et théories du complot… Rien ne va et la royauté ne semble pas vouloir arrêter ça.

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Mise à jour 22 mars 19h30 : La princesse Kate Middleton a assuré aller “bien” et demandé le respect de sa vie privée, dans une vidéo diffusée vendredi où elle annonce être atteinte d’un cancer et avoir entamé une chimiothérapie. (AFP)

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Est-elle en train de divorcer ? De se remettre d’une opération de chirurgie esthétique ? Ou est-elle même vivante ? La photo qui avait pour ambition de rassurer le public sur l’état de santé de Kate Middleton a eu l’effet inverse, nourrissant les spéculations les plus folles. Les excuses de la princesse de Galles, qui s’est dite responsable lundi d’un cliché “édité” et publié à l’occasion de la Fête des mères britannique dimanche, ont fait flamber les rumeurs à son sujet.

Dans un bref message publié sur les réseaux sociaux, Kate Middleton a dit s’être essayée “à l’édition” et être à l’origine des multiples retouches qui ont conduit au retrait de son portrait, tout sourire et entourée de ses trois enfants, par cinq des plus grandes agences de presse, dont l’AFP, qui l’avaient publié. Ce fiasco a donné lieu à un nouveau flot de théories sur l’épouse de l’héritier de la couronne britannique, agrégées en ligne sous le nom “Katespiracy”, pour Kate et “conspiracy” (“conspiration”).

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Ces rumeurs, nourries par l’absence de la princesse qui n’a pas été vue en public depuis Noël et a subi une opération abdominale en janvier, avaient commencé bien avant la publication de la photo. Pour certain·e·s, Kate Middleton se remet d’un trouble de l’alimentation (en écho à celui dont souffrait la princesse Diana) ou récupère d’une chirurgie esthétique. Pour d’autres, son absence est le signe que son mariage avec le prince William bat de l’aile. D’autres, enfin, se demandent si elle est encore en vie.

La publication du cliché par le palais de Kensington devait calmer les rumeurs et rassurer. Mais des internautes ont rapidement relevé des incohérences, telles que le mauvais alignement de la fermeture éclair de la veste de Kate Middleton. Le fait que la princesse ait reconnu une manipulation, sans pour autant publier le cliché original, ni expliquer les raisons de cette édition, n’a fait que renforcer les doutes des internautes.

La question de l’arbuste

“La morale de l’histoire d’une photo royale éditée est simple : [il faut] tout dire”, plaide Simon Jenkins, chroniqueur au Guardian. “À ce stade, la protection de la vie privée ne marche pas. Elle alimente les rumeurs, les commérages et les inventions.” Du fait de l’absence d’informations transparentes au sujet de Kate Middleton, de nombreux·ses internautes participent à un jeu de devinettes, se demandant ce que le palais pouvait bien cacher. “Chaque famille cache un secret”, peut-on lire sur une image qui a circulé sur X/Twitter, faisant la promotion d’un faux documentaire Netflix intitulé Le Complot royal : la disparition de Kate Middleton. Sur la plateforme, nombre d’utilisateur·rice·s émettent leurs doutes sur le fait que la princesse soit à l’origine de l’édition de cette photographie.

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Pour percer le mystère du cliché, certain·e·s sont allé·e·s jusqu’à solliciter des horticulteur·rice·s pour savoir si l’arbuste visible derrière Kate Middleton pouvait être aussi feuillu à cette période de l’année, quand d’autres pointent l’absence d’alliance visible à son doigt. Certain·e·s observateur·rice·s ont aussi avancé, avec une pointe d’humour, que la princesse avait pu abandonner sa famille pour suivre un cours intensif de Photoshop, logiciel d’édition d’image.

Les appels de défenseur·se·s de la monarchie à laisser la princesse tranquille et à respecter sa vie privée n’ont pas été productifs. Cette explosion de posts au sujet de la princesse réussit à capter l’attention de couches de la population se tenant habituellement à l’écart des ragots royaux, et n’est pas sans rappeler l’effet Streisand, pointent des observateur·rice·s. Cet effet médiatique consiste en la sur-diffusion d’une information qu’une personne cherchait à l’origine à cacher. Un nouveau cliché pris par des photographes royaux lundi après-midi montre Kate Middleton dans une voiture aux côtés du prince William et a été immédiatement dénoncé comme manipulé sur les réseaux sociaux.

Transparence

L’aveu de la princesse sur ce cliché manipulé survient par ailleurs dans un contexte de fortes préoccupations concernant les fausses images, notamment du fait des récents progrès de l’intelligence artificielle générative. “Les gens ont aujourd’hui un sentiment généralisé de confusion malsaine et de méfiance”, relève l’écrivain Charlie Warzel dans le journal The Atlantic. “Comme le montre le fiasco de cette photo royale, l’ère des deepfakes n’a pas besoin d’être alimentée par l’IA générative, un Photoshop hâtif suffit.”

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La polémique pousse l’opinion publique à s’interroger sur les précédentes images diffusées par la monarchie, des médias tels que CNN ayant annoncé être en train d’examiner toutes les photos transmises précédemment par le palais de Kensington. Ce climat de méfiance donne lieu à de nouveaux appels à la transparence adressés aux membres de la famille royale, qui ont une longue tradition de secrets.

En début d’année, le roi Charles III, 75 ans, a été salué pour avoir annoncé publiquement souffrir d’un cancer, même s’il n’a pas précisé de quel type. “Si les membres de la famille royale veulent vraiment transmettre des valeurs importantes au pays, ils devraient commencer par revoir leur approche des médias en faveur d’une transparence et d’une honnêteté scrupuleuse”, estime Catherine Mayer, autrice d’une biographie sur le roi. “Ils devraient s’opposer à la désinformation et non l’alimenter.”

Un désastre en matière de communication

Les mouvements et réactions du palais de Kensington sont un “PR disaster”, un désastre de relations publiques, a résumé le Daily Mail mardi, en une. La presse britannique se montre plutôt compréhensive envers le prince et la princesse de Galles, couple star de la monarchie. “Fichez-lui la paix”, a lancé notamment le tabloïd The Sun, en dénonçant une “campagne de harcèlement”. Mais la confiance dans les informations distillées par le palais de Kensington semble désormais entamée.

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“Dans le contexte actuel, toute manipulation d’une image, même mineure et sans intention d’induire en erreur, peut éveiller des soupçons”, estime Chris Morris, directeur du site de vérification Full Fact. “Les théories du complot émergent quand il y a un vide informationnel”, ajoute-t-il, dans lequel les internautes n’ont pas tardé à s’engouffrer.

Pourtant, la manipulation de portraits royaux n’est pas tout à fait nouvelle : au siècle dernier, le photographe officiel des Windsor, Cecil Beaton, avait l’habitude d’apporter des retouches pour obtenir le cliché parfait, rappelle le biographe royal Hugo Vickers dans le Telegraph. Plus récemment, le portrait de Noël 2023 de la famille de Galles, ou une photo de la reine Elisabeth II et de son mari Philip en 2020, affichaient certaines incohérences (un doigt manquant, une jambe en trop) sans que le public ne s’en émeuve.

Kate Middleton a l’habitude de prendre des photos de sa famille, qui sont ensuite publiées dans la presse. “À une époque de fausses informations […], qui peut-on croire si même la famille royale fournit des photos trafiquées ?”, s’est interrogée la journaliste Hannah Furness dans le Telegraph. Flora Canavan, étudiante de 21 ans interrogée à Londres par l’AFP, s’est dite “assez choquée”. À l’inverse, Jen Chambers, avocate, trouve que l’affaire a été “démesurément exagérée”.

La séquence aura en tout cas semé le doute sur la récupération de la princesse – d’autant que Kensington Palace s’est refusé à publier la photo originale – et même sur la solidité de son couple avec William. Selon Peter Hunt, ancien correspondant royal de la BBC, “les gens vont désormais se demander s’ils sont dignes de confiance la prochaine fois qu’ils publieront des informations sur l’état de santé” des Windsor, au moment où le roi Charles III est lui atteint d’un cancer.

Car même s’ils aspirent à préserver une partie de leur vie privée, “la confiance dans les institutions publiques est si faible” que les membres de la famille royale doivent faire acte “de transparence”, indique à l’AFP Hannah Perry, chercheuse spécialiste de la désinformation au sein du groupe de réflexion Demos. Ces spéculations font aussi suite à une semaine de confusion, pendant laquelle le prince William a manqué un engagement officiel pour de mystérieuses “raisons personnelles”, et où l’annonce de la participation de Kate Middleton à un défilé militaire en juin a été retirée du programme officiel quelques heures après sa publication.