Deux associations de lutte contre l’homophobie ont porté plainte jeudi contre le rappeur Kaaris, estimant qu’une de ses chansons, sortie en 2013 mais interprétée fin février en concert à Paris, relevait de la provocation à la haine publique, a appris vendredi l’AFP auprès de leur avocat.
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Le rappeur, âgé de 44 ans, a donné un concert le 29 février à l’Accor Arena de Paris, où il fêtait les dix ans de son disque Or noir. Cet album avait marqué un tournant dans le rap francophone, avec un style étiqueté hardcore aux textes irrigués par la violence et les outrances. Kaaris, de son vrai nom Gnakouri Okou, y a notamment joué son morceau “Zoo”, filmé et diffusé sur des réseaux sociaux.
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D’après la plainte contre X des associations Mousse et Stop Homophobie, consultée par l’AFP, les paroles “J’encule Brandon et Dylan” et “Si ces pédés crament au napalm, j’veux la palme” relèvent de l’injure publique envers un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle et de provocations publiques à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle.
“Kaaris est originaire d’Afrique de l’Ouest, où de nombreux pays pénalisent l’homosexualité et où les violences sexuelles contre les personnes LGBT sont courantes”, a affirmé auprès de l’AFP Me Étienne Deshoulières, avocat des associations. “Les injures et incitations à la violence homophobe dans ses chansons ont des répercussions réelles pour les personnes concernées”, a-t-il insisté. La plainte a été déposée auprès du parquet de Paris jeudi, qui doit désormais l’analyser pour lancer des investigations plus approfondies ou la classer.
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“Il n’y a aucune homophobie dans les propos de mon client”, a réagi auprès de l’AFP son avocat. “Je suis très étonné que la plainte soit déposée maintenant, alors que le morceau est sorti en 2013”, a souligné Me Yassine Yakouti, assurant que Kaaris était “parfaitement serein face à ces élucubrations”. Cette plainte “vise soit à faire parler des associations”, soit “à censurer l’expression artistique de mon client”, s’est encore indigné Me Yakouti.
Le rappeur a déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises. Il a récemment été relaxé par le tribunal correctionnel d’Évry pour des faits de violences conjugales dont l’accusait son ex-compagne. Il était aussi déjà passé au tribunal à l’automne 2018 pour des faits particulièrement médiatisés : une bagarre impliquant le rappeur et son ancien mentor-star, Booba, ainsi que leur entourage respectif dans un aéroport parisien. Résultat : 18 mois de prison avec sursis pour les deux artistes.