Et si Kaaris était (enfin) de retour à son meilleur niveau ?

Publié le par Guillaume Narduzzi,

©Or Noir

Le Dozo affiche une très grande forme.

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Quelle carrière singulière que celle de Kaaris. Après avoir débuté dans le rap à la fin des années 1990, il ne rencontre la réussite qu’au début des années 2010 alors qu’il a déjà dépassé la trentaine. Mais alors, quel succès. Après son featuring de légende avec Booba, un certain morceau nommé “Kalash”, K2A sort son premier album avec le label Def Jam, Or Noir.

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Un début de carrière exceptionnel

Un premier disque qui a érigé le Sevranais comme l’un des pionniers de la trap en France, et qui est unanimement reconnu comme l’un des albums classiques du rap français – figurant d’ailleurs parmi notre liste des albums les plus marquants de la décennie.

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Or Noir est aujourd’hui certifié disque de platine, et reste le point culminant de la discographie du rappeur de 40 ans. Il inspire alors toute une vague de jeunes trapeurs français, revendiquant une musique crue et hardcore à souhait. 

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Avec ce premier effort d’une violence déconcertante mais d’une densité exceptionnelle, Kaaris, fort de son nouveau statut, poursuit avec un second volet, une version augmentée de onze morceaux toute aussi qualitative que l’originale. Un an plus tard, il revient avec un deuxième album, Le Bruit de mon âme, où il se paie notamment le luxe de signer un featuring avec Future. Bien que très convaincant, le projet se vend toutefois moins que le premier et laisse présager une baisse de régime de Sevranais. La même année, il dévoile également la mixtape Double Fuck.

Succès commerciaux et déceptions critiques

C’est alors que nous arrivons en 2016, année où les projets musicaux de Kaaris vont commencer à moins convaincre. Avec son troisième album Okou Gnakouri, son nom à l’état civil, il connaît un grand succès commercial. L’album est certifié double disque de platine, tandis que le tube viral “Tchoin” glane un single de diamant. Pourtant, l’intensité est diluée, les sonorités plus complaisantes et le résultat bien moins surprenant qu’auparavant. Les fans de la première heure commencent à décrocher.

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On peut dresser à peu près le même constat pour Dozo, paru un an plus tard. L’album est un grand succès commercial, mais il cristallise les mêmes critiques que le précédent, et reste une déception pour les rapophiles les plus exigeants. Kaaris se fond dans les tendances du rap français et perd sa singularité. Puis arrive l’épisode Orly.

Hyper-exposé médiatiquement, il lâche le troisième volume d’Or Noir. Mais là aussi, c’est une déception critique. Malgré une volonté de renouer avec le rap cru et percutant de ses débuts, la formule ne prend pas et vient quelque peu entacher une discographie pourtant très prometteuse il y a encore quelques années. Malgré une réédition (assez quelconque), l’album peine à être certifié disque d’or. Le moment qui devait arriver finit par arriver, et la question devient légitime : Kaaris est-il fini ?

Changement de label et renaissance

C’est alors que le rappeur du 93 va prendre son temps pour préparer son come-back. Après avoir lâché le titre “Omega” en septembre dernier, il disparaît à nouveau de la scène durant quelques mois. Le temps pour lui d’échapper quelque peu à la pression médiatique, de quitter son label de toujours et de créer le sien : OG Records.

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C’est avec cette nouvelle structure qu’il travaille sur un retour porté par un nouvel album pour 2020. “Goulag”, le premier single de ce projet, paraît début juillet. Et c’est peu dire que les fans historiques de Kaaris furent ravis de cette sortie.

Que ce soit la prod’ survoltée signée Boumidjal (ancien de Double X, désormais en solo) et HoloMobb, idéale pour mettre en valeur l’écriture assassine du Sevranais, l’ambiance d’une noirceur incomparable, le débit et le phrasé agressif ou encore les références du texte, tous les ingrédients qui ont fait le succès à ses débuts sont réunis. “Goulag” passe en boucle sur les ondes de Skyrock, est en tendance sur YouTube, et permet à Kaaris de signer le meilleur démarrage de sa carrière. 

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Un retour aux sources en grande pompe, dont K2A compte bien profiter et que même Booba ne saurait gâcher avec “Dolce Vita”. Quelques semaines plus tard, il lâche le titre “NRV”, lui aussi produit par Boumidjal et HoloMobb. Avec ce second single, il confirme ce que laissait présager le premier : Kaaris est bel et bien de retour, et c’est très sérieux.

Avec des singles de haut niveau, l’annonce de son nouvel album, faite cette semaine, résonne. Ce nouveau disque sera particulièrement scruté et s’annonce comme l’une des sorties de l’année d’un rap français un peu terne en 2020 – la situation sanitaire n’ayant pas aidé.

Une tendance qui se confirme un peu plus chaque semaine, et une nouvelle fois en ce vendredi 14 août. Dans la lignée du succès de ses deux précédents sons, le rappeur vient de dévoiler un “Freestyle 2.7.0”, tout aussi convaincant, avec des punchlines percutantes.

Débarrassé des contraintes et libre de ses choix artistiques, Kaaris renoue avec son rap original et fracassant, celui-là même qui a fait de lui la figure médiatique incontournable du rap tricolore qu’il est aujourd’hui. L’inspiration semble à nouveau présente et le pari est d’ores et déjà réussi. Pourtant, le défi était grand, après un clash hypermédiatisé et des projets en dents de scie.

Mais ce retour au sommet s’entérine un peu plus chaque jour, Kaaris étant pour l’instant sur une excellente voie qui ne laisse envisager que des bonnes choses. Reste encore à voir si l’ensemble de 2.7.0, le nom choisi pour son nouvel effort, sera au niveau. Rendez-vous le 4 septembre pour en juger.