Les journalistes chez David Fincher : je t’aime… moi non plus

Publié le par Louis Lepron,

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Seven (1995) : le journaliste complice

Zodiac (2007) : le journaliste codeur

The Social Network (2010) : le journaliste instrument

The Social Network relate la difficile édification de Facebook par un Mark Zuckerberg, jeune, hautain et déterminé. Sur son chemin, les médias. Ils ne sont pour lui que des instruments dont il use pour créer un évènement – qu’il soit faux ou non – et atteindre un objectif.
Un exemple concret : lors d’un procès, l’ancien associé du fondateur de Facebook, Eduardo, accuse son ancien patron d’avoir manipulé une publication par pure vengeance. Le futur milliardaire avait envoyé à The Harvard Crimson, le journal des étudiants de l’université de Harvard, une histoire selon laquelle Eduardo aurait délibérément torturé un poulet.
Absurde, oui, mais le mal est fait, l’information imprimée.

Dans ce film-commande de David Fincher, les médias ne sont qu’un intermédiaire pour créer l’opinion, modeler un fait qui n’a pas forcément de fond. Aucun journaliste n’apparaît. Par contre, sur l’écran des ordinateurs, c’est Facebook qui se construit, progressivement. Avec lui, une réalité, légitimée par ses propres utilisateurs qui viennent remplir les cases “en couple”, “université”, etc. L’information en réseau de Facebook prend la relève d’une information déterminée par les journaux.

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Millenium (2012) : le vieux journaliste

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House of Cards (2013) : le journaliste qui se trahit

Gone Girl : le journalisme n’est plus

Journalisme fincherien

De 1997 à 2014, le journaliste chez David Fincher est partout mais n’occupe jamais la même place, de personnage anodin à protagoniste principal. Sa plus grande force réside dans le témoignage, quelle que soit sa valeur. Sa plus grande faiblesse, c’est son incapacité à agir.
Pris avec du recul, le journalisme “fincherien” est en accord avec la perte de confiance de l’opinion pour les médias. Le reporter oublie son éthique (House of Cards), suit la meute (Gone Girl), se sent dépassé (The Social Network, Millenium)… et parfois même soumis (Zodiac).
Pourtant, David Fincher ne peut s’empêcher de l’intégrer dans ses équations scénaristiques. Ils sont tout à la fois : des spectateurs, des passeurs d’info, des curieux, des voyeurs, des fouineurs, des obsédés, des passeurs. Car sans journalistes, pas de miroir de notre société, pas de miroir de… nous. 

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