Je suis allé à un concert de jazz pendant PSG-Bayern (et c’était une très bonne idée)

Publié le par Robin Panfili,

© Ezra Collective

Ezra Collective, les princes de la nouvelle scène jazz londonienne, étaient de passage à Paris, et je n’allais manquer ça pour rien au monde.

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Parfois, une Saint-Valentin réussie tient à peu de chose. Pour moi, elle se résumait à traverser le parc de la Villette sous un froid polaire afin de rejoindre une salle de concert, Le Trabendo, pour un concert que j’attendais depuis des mois. Après de multiples reports, des confinements qui ont envoyé balader tous leurs projets d’albums et de tournées, les Britanniques d’Ezra Collective étaient finalement parmi nous, à Paris. Si d’ordinaire, je ne me serais pas risqué à manquer le match du PSG qui affrontait le Bayern Munich à la télévision, ce soir-là, je n’ai pas eu le choix, et c’était bien mieux ainsi.

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Dans ma vie, pas si courte et pas si longue non plus, j’ai déjà eu la chance d’assister à énormément de concerts de jazz. Mais celui-ci avait une saveur particulière. Celle d’une célébration du moment présent, sincère et puissante, et d’une ode à l’acceptation – pas toujours évidente – de notre sort et de ce qui nous entoure. Le genre de boule d’énergie qui vous arrive en pleine tête, qui aide à recharger les batteries et qui vous laisse un sourire béat indélébile sur les lèvres sur le trajet du retour, à la fin du concert. Une amie, qui avait eu la chance de voir Ezra Collective à Bruxelles quelques jours plus tôt, m’avait prévenu et préparé à un concert festif et chaleureux, à rebours de l’image que l’on peut se faire d’une performance de jazz band classique.

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Mais justement, Ezra Collective n’a rien de classique.

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Mené par Femi Koleoso, à la batterie, son jeune cadet TJ à la basse, Joe Armon-Jones au clavier, Dylan Jones, trompettiste aux faux airs de Christian Scott, et James Mollison, au saxophone, Ezra Collective s’est imposé en quelques années comme l’un des piliers de la nouvelle scène jazz londonienne. Celle-là même que tout le monde présente désormais comme l’une des générations les plus prometteuses que l’on ait pu observer depuis des décennies – Moses Boyd, Yussef Kamaal, Alfa Mist, Nubiyan Twist…

Sur scène, Ezra Collective offre, pendant plus d’une heure, un spectacle parfaitement rodé et calibré pour une salle comme le Trabendo. Une “fête entre eux, à laquelle le public est évidemment convié”, qui alternera entre leurs morceaux phares, hymnes à la joie aux accents afro-beat et hip-hop, et des ballades plus douces et introspectives, qui font également la force de leur discographie. Ce soir-là, on aura même droit à un hommage, sincère et bouleversant, à Trugoy the Dove, le célèbre membre du groupe De La Soul qui vient de nous quitter.

Mais si ce concert était aussi important, c’est parce qu’il permet d’affirmer, une nouvelle fois, que les frontières du jazz ne sont plus ce qu’elles étaient. Le groupe, avec un jazz plus moderne, plus accessible et plus mélodieux, est parvenu à faire tomber des barrières. D’un style musical longtemps considéré comme élitiste et réservé aux personnes plus âgées, eux ont réussi à s’ouvrir et offrir un autre jazz à un public curieux, qui n’aurait peut-être jamais pensé se rendre à un concert de trompettes et de saxophones. Ezra Collective a réussi son pari, en prouvant que le jazz pouvait s’affranchir de ses stéréotypes et de sa rigidité. En témoigne le public, hétéroclite, enjoué, et prêt à danser, devant des trompettes et des saxophones, même un mardi soir sous un froid polaire.

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