Culture afro, musique et notoriété : sous le masque de Scarlxrd, le prince du rap métal

Publié le par Emma Ceccaldi,

On a rencontré le rappeur britannique lors du festival Afropunk à Paris.

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À l’occasion de la 4e édition du festival Afropunk à la Seine Musicale, nous avons pu rencontrer Scarlxrd, rappeur anglais de seulement 25 ans au style déjà bien défini. À mi-chemin entre le rap et le métal, sa musique est sans aucun doute sans pareil en France ; il nous a donc parlé au cours de cet entretien de ses sources d’inspiration, de son envie d’être aussi prolifique, et de son rapport original à la notoriété. 

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Caché derrière ses lunettes de soleil, Scarlxrd s’est montré honnête, et a répondu à nos questions parfois même avec humour. De quoi nous donner envie de nous pencher de plus près sur ce jeune artiste, avant la sortie de son prochain album, Immxrtalisxtion, prévu pour le 4 octobre. 

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Konbini | Hello Scarlxrd ! Tu es à Paris pour Afropunk, et ce n’est pas ta première participation au festival, non ?

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Scarlxrd | On a joué à Afropunk à Atlanta l’année dernière, c’était vraiment un très bon concert ! Le premier de ma tournée américaine.

Tu penses quoi du fait qu’ils reçoivent essentiellement des artistes d’origine africaine, et qu’ils promeuvent cet héritage culturel ?

Je trouve ça brillant ! C’est justement l’occasion pour eux d’exprimer leur art, et ils n’ont pas forcément cette opportunité ailleurs dans le monde. C’est un endroit parfait pour être ensemble, et pour célébrer la vie et la diversité. 

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C’est sûr ! Mais il y a aussi des personnes qui n’ont pas d’origines africaines qui viennent par curiosité… 

Justement, c’est génial ! Parce que ces gens, qui n’ont justement aucune connaissance de cette culture peuvent apprendre à la découvrir et à s’engager. 

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Et avant de commencer, on aimerait savoir. Scarlxrd, pour toi, c’est juste un personnage ?

Non, c’est vraiment moi. Avant, c’était plus une construction, un moyen de m’exprimer. Mais plus maintenant. J’utilise toujours ma musique comme moyen d’expression, mais construire une personne pour inventer une histoire ne m’intéresse plus vraiment. Je veux juste faire de l’art moi-même et garder ma musique honnête. 

Qu’est-ce qui t’a permis d’abandonner ce personnage, pour finalement te sentir toi-même ?

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En fait, je pense que le personnage a toujours été quelque part en moi. Maintenant, il est parti. Mais les gens ont compris que la musique venait toujours d’une seule et même personne. Si j’étais un fan, je pense que je trouverais ça excitant, de voir un artiste évoluer et se développer, en tant que personne mais aussi en tant que musicien. 

C’est vrai que tu as parcouru un sacré chemin depuis 2 ans, ton style a évolué ! Qu’est-ce qui a changé ?

Je pense que quand j’ai commencé, mes objectifs étaient différents. Je voulais que tout le monde m’entende, j’étais vraiment dans l’exagération. Maintenant, j’ai 2 ans de plus et surtout plus de recul : j’ai désormais de nouveaux objectifs, une nouvelle façon de penser et de m’exprimer.

Et est-ce que la musique a été quelque chose de positif pour toi, ou est-ce qu’elle t’a parfois joué des tours ?

Non, la musique a été incroyable ! J’ai toujours eu le contrôle, et gardé mes intentions secrètes. Donc rien d’extérieur ne pouvait venir me perturber.

En fait, j’aime tous les aspects de ce que je fais. Jouer de la musique, être en studio, être créatif : c’est pour ça que j’ai commencé, et c’est aussi pour ça que je continue. M’exprimer, c’est tout ce qui compte. Je veux juste faire la musique que j’ai envie d’entendre. 

Ce qui est particulier, c’est que nous n’avons rien de similaire à ta musique en France. Tu utilises le rap, mais aussi le métal. Mais d’où cela vient-il ? 

Au début, je faisais partie d’un groupe. On faisait surtout du métal, et on a fait quelques bonnes chansons. Mais j’ai toujours eu cette attache à la musique : dans ma famille, d’un côté, on écoute du rap et du hip-hop, et de l’autre, c’est plutôt du métal. Donc j’ai toujours été influencé par les deux. Rejoindre un groupe de métal, c’était génial, et ça m’a beaucoup appris. Et puis, quand le groupe s’est séparé, je me suis lancé dans le rap, mais il n’y avait rien de vraiment excitant là-dedans. Je ne m’amusais pas vraiment.

Et la première fois que j’ai crié sur un morceau, j’ai eu un déclic : j’ai vu ce nouvel univers, cette faille que je venais d’ouvrir, et je me suis dit “Wow, je pourrais faire ça, et ça, puis rapper comme ça”, et la liste est longue… J’ai découvert quelque chose de nouveau en moi en fusionnant les deux. Je suis dans un bon état d’esprit pour être créatif maintenant. 

Donc tu penses que ta musique est expérimentale ?

Totalement ! Mais le rendu final est bon. 

Tu penses que tu seras toujours aussi intéressant quand tu auras fini ton expérimentation et trouvé la solution qui fonctionne ?

J’espère ne jamais la trouver ! Je veux continuer à expérimenter, à ouvrir de nouvelles portes, et trouver encore de nouvelles façons de faire de la musique. 

C’est vrai que tu es toujours en studio ! Tu as déjà sorti 8 projets. Pourquoi en faire autant ?

Parce que j’aime le faire. Il y a des artistes qui ont une collection de titres qui pourraient faire un album, mais qui en sortent 3, puis rien, puis l’album… C’est ennuyant ! C’est agaçant, je déteste ça. Je veux sortir mes projets quand j’en ai envie, c’est-à-dire quand je les fais. 

C’est assez rare. Souvent, les artistes décident de prendre quelques années pour réfléchir… 

C’est vrai que certains pensent que ce qu’ils ont créé nécessite du temps pour être peaufiné. Mais moi, ce n’est pas le cas. Je suis du genre à dire “Bon, mon studio est ici, envoyez-moi des sons, puis on les publie”

Tu dis que tu as commencé par un groupe, mais aujourd’hui, tu ne collabores presque plus avec personne. Pourquoi as-tu décidé de travailler seul finalement ?

Parce que c’est plus simple. Je suis très rapide. Très intelligent. [Rires]

Et les gens ne sont pas assez rapides pour toi ?

Personne ne l’est. Je suis trop rapide, trop malin. [Rires] Je sais ce que je veux faire. Et les gens autour me ralentissent. Pour l’instant, être seul est le moyen le plus simple pour moi d’être créatif. 

“Si je voulais qu’on s’intéresse à ma façon de m’habiller, je serais mannequin !”

Tu as dit dans une interview que tu n’avais pas le temps de t’occuper de ton image. Mais en un sens, c’est quelque chose qui t’a vraiment aidé à construire ta carrière…

Oui et non. J’aime voir les choses autrement : mon image sans ma musique, ça ne va nulle part. En revanche, ma musique sans mon image, ça peut donner quelque chose. Ce qui compte vraiment, c’est la musique. Parce que c’est ce qui reste à la fin de la journée, ce qui fait de moi un artiste et ce par quoi je suis passionné. C’est donc là-dessus qu’il faut se concentrer. On vit dans un monde où l’image est importante aux yeux de certaines personnes, mais ce n’est pas pour eux que je fais de la musique. J’en fais pour les gens qui veulent en entendre.

Donc tu considères que travailler ton image faisait de l’ombre à ton travail ?

Oui, en quelque sorte. Je veux faire de la musique, monter sur scène, le reste je m’en fiche. J’aimerais que les gens ne jugent rien d’autre que ma musique. Si je voulais qu’on s’intéresse à ma façon de m’habiller, je serais mannequin !

Tu as quand même influencé beaucoup de gens ! On le voit à tes concerts. C’est quand même un moyen de te rapprocher de ta communauté ? 

Je le vois, les gens s’habillent comme moi ! En même temps, qui ne le voudrait pas… Mais je ne veux pas mentir à mes fans. Je ne veux plus porter de masque, et je pense qu’ils le comprennent. Personne ne va se dire “Oh, il ne porte plus son masque, alors je ne l’aime plus”. Au contraire ! Les gens sont intrigués, et veulent en savoir davantage sur moi. Ils pensent “Wow, il a créé quelque chose de tellement grand, et il s’en fiche !” Et c’est la vérité, je m’en moque. L’important, c’est toujours la musique.

Même certains rappeurs se sont inspirés de toi… 

Oh, mon dos peut porter le rap game… [Rires]

Tu t’attendais à un tel succès ? 

Oui. Je savais que ça allait arriver. Certes, je n’étais pas le premier à faire du métal, mais je suis un pionnier. Je suis le premier à le faire découvrir à autant de gens. Métal, rap, Scarlxrd : ça va ensemble. Il y a même des gens qui disent “je n’aime pas le métal, mais j’aime bien Scarlxrd”, c’est très intéressant ! Je suis très fier que les choses se passent comme ça. 

En 2 ans, tu as eu le temps de donner beaucoup de concerts. Ta gestuelle, ton énergie sur scène, c’est incroyable ! C’est quelque chose de naturel ou tu as dû travailler dur pour y arriver ?

J’ai toujours été une super star ! [Rires] Depuis que je suis jeune, j’essaie d’avoir du charisme. Ça me fait toujours plaisir de me connecter à mes fans, c’est une bénédiction. Et j’essaie de leur transmettre cette énergie. On le voit en concert : les gens deviennent complètement fous, ils sont sauvages !

Tu n’es pas un artiste facile à découvrir. Il faut écouter beaucoup de chansons pour vraiment comprendre ton message… C’est fait exprès ?

Ça n’a jamais été mon intention ! Mais c’est vrai qu’il faut savoir me comprendre. Après, c’est arrivé naturellement ; je n’ai pas eu à me forcer et je suis juste moi-même. Mais ce n’est pas si mal : si les gens se donnent du mal pour entrer dans mon univers, c’est qu’ils sont prêts à y rester… 

Interview réalisée par Elena Pougin et éditée par Emma Ceccaldi.