L’École du micro d’argent : retour sur le classique immortel d’IAM

Publié le par Rachid Majdoub,

Il y a maintenant 25 ans, IAM sortait l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand classique du rap français…

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IAM – L’École du micro d’argent

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IAM – L’École du micro d’argent

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“L’École du micro d’argent”

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C’est le morceau éponyme qui ouvre l’album. Une track n° 1 qui nous plonge directement et la tête la première dans le sujet. Avec une mélodie introductive aux sonorités asiatiques.

“L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent. L’école, du micro d’argent.”

Après le refrain qui ouvre le morceau, IAM sort les armes dès la première seconde. Des guerriers du mic prêts à en découdre. Shurik’n le premier, qui lance le bal, menant “ses troupes au combat pour défaire les guerriers en contre-plaqué de l’école du micro en bois“. Akhenaton prend ensuite le relais, gardant l’intensité de son binôme et distillant les références. Et on ne va pas se le cacher, la finesse de ses rimes en “-tique” entre “tactique” et “statique”, oui, ça provoque une jouissance auditive.

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“Sans relâche, je crache des cendres et poursuivrai les massacres jusqu’à ce que le nom d’AKH soit légende.”

C’est désormais le cas.

“Nés sous la même étoile”

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“La vie est belle, le destin s’en écarte, personne ne joue avec les mêmes cartes. Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile, tant pis, on n’est pas nés sous la même étoile.”

Une réalité, qu’IAM narre poétiquement et avec une justesse rare. La France, coupée en deux. Les riches d’un côté, les pauvres de l’autre. Le destin. Celui qui décide du milieu où l’on naît et des péripéties de la vie qui en dépendent. Frustration : “Certains naissent dans les choux d’autres dans la merde, pourquoi ça pue autour de moi, quoi, pourquoi tu m’cherches”. Incompréhension : “Pourquoi fortune et infortune, pourquoi suis-je né les poches vides pourquoi les siennes sont-elles pleines de thunes”. Impuissance : “La monnaie est une belle femme qui n’épouse pas les pauvres. Sinon pourquoi, suis-je là, tout seul marié sans dot”.
Après ce couplet de Shurik’n, Akhenaton raconte lui aussi cet écart entre son vécu et une vie meilleure, apportant au passage une autre vision, une autre manière de voir les choses : relativiser. “C’est pas grave, je n’en veux à personne, et si mon heure sonne je m’en irai comme je suis venu”. Avant de terminer le morceau sur un constat amer :

“Tu te fixes sur le wagon, c’est la locomotive que tu manques. C’est pas la couleur, c’est le compte en banque. J’exprime mon avis, même si tout le monde s’en fiche. Je ne serais pas comme ça si j’avais vu la vie riche.”

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“Petit frère”

Un autre classique, pour un sujet tout aussi sombre et profond. Un pique en plein cœur. Écoute, constat, réflexion. Les paroles résonnent jusqu’au plus profond des tympans. “Petit frère” est la chanson de toute une génération, évoquant le présent pour certains, le passé pour d’autres.

“Petit frère n’a qu’un souhait devenir grand, c’est pourquoi il s’obstine à jouer les sauvages dès l’âge de 10 ans.”

Après un sample scratché tiré du morceau “C.R.E.A.M.” du Wu-Tang, Akhenaton lance l’histoire. C’était ça, la force d’IAM : savoir raconter des histoires… miroir de la réalité. Ici, il est question de l’adolescence en perdition. Un constat que les narrateurs content si bien que l’on comprend directement qu’ils l’ont vu, vécu, au pied des tours d’immeubles.
Et Shurik’n de poursuivre :

“Il n’a plus de cartable, il ne saurait quoi en faire. Il ne joue plus aux billes, il veut jouer du revolver. Petit frère a jeté ses soldats… pour devenir un guerrier et penser au butin qu’il va amasser.”

En plus d’établir un constat alarmant, ce morceau a sûrement influencé positivement l’éducation de nombre de ses auditeurs. Oui, c’est fort, et cette conclusion difficilement vérifiable est assumée.

“Demain c’est loin”

Que dire… Le meilleur morceau de l’histoire du rap français ? Beaucoup l’affirmeraient sans hésiter. Sans hésiter, j’en fais partie.
Pourquoi ? Tout d’abord pour sa simplicité. Simplicité : une boucle épurée de dix secondes, qui tourne, tourne et tourne, pendant neuf minutes. Neuf minutes de rap, où Shurik’n dans la première moitié et AKH dans la seconde enchaînent les rimes, jusqu’à l’essoufflement. L’essoufflement, le meilleur portrait d’une cité et son quotidien, fin et méticuleusement construit, ne le connaît toujours pas, près de deux décennies après. Deux décennies après et toujours d’actualité.

“Je parle du quotidien. Écoute bien, mes phrases font pas rire.”
– Shurik’n

Et après, que dire encore. Peut-être commencer par arrêter d’écrire en anadiplose, car seul Shurik’n, dans ce morceau, sait le faire aussi bien. Un titre qui a été élu par les internautes avertis du site Abcdrduson “meilleur classique du rap français”, dans un classement comprenant les 100 meilleurs morceaux du genre.

“Les élus, ressassent rénovation, ça rassure. Mais c’est toujours la même merde derrière : la dernière couche de peinture.”
– Akhenaton

Avec “Demain c’est loin”, IAM devient légende. Pose les bases du rap. Un rap brut pour un son brut. Qui, du début à sa fin, mesure après mesure, mot après mot, nous intègre sans nous lâcher dans la réalité qu’il dépeint. Des paroles qui s’écoutent, et se regardent.

À voir -> Entretien : Akhenaton nous raconte “Demain c’est loin”

Qu’ajouter à cela si ce n’est que ce titre, cet album, resteront encore longtemps indétrônables. IAM et L’École du micro d’argent sont immortels. Demain est encore loin.

INTERVIEW -> Retour, avec IAM, sur L’école du micro d’argent et ses grandes histoires :

Article initialement publié le 18 mars 2015, mis à jour le 18 mars 2022.