Écouter avec les yeux vol. 3 : trois albums aux artworks tropicaux

Publié le par Julie Bluteau,

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En matière de culture et de musique en particulier, la forme est presque aussi importante que le fond. Chaque mois dans notre rubrique “Écouter avec les yeux”, on vous présente une sélection d’albums aux artworks décalés que l’on dévore d’abord du regard. 

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Pour fêter l’arrivée du printemps, ce troisième épisode dévoile trois artworks tropicaux :

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  • La gravure de Cyprien Chabert pour Poni Hoax
  • La photographie de Luke Farrow pour FKJ
  • L’illustration d’Antoine Duruflé pour Lucien & the Kimono Orchestra

Poni Hoax – Tropical Suite

L’album : Il aura fallu attendre quatre longues années avant que les Français de Poni Hoax ne fassent leur grand retour. Après A State of War, sorti en 2013, Nicolas Ker et sa bande ont dévoilé début février Tropical Suite, toujours sur le label Pan European Recording. Explorant le thème des tropiques, mais aussi ceux de la guerre ou de la violence, le groupe de rock a enregistré ce quatrième album en voyageant en Afrique du Sud, au Brésil et en Thaïlande, tout en collaborant avec des artistes locaux. En résulte un son particulier, aux influences variées et aux mélodies élégantes.

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La pochette : Pour illustrer cet album conçu dans la moiteur du Cap, de Sao Paulo et de Bangkok, il fallait un visuel qui évoque aussi cette ambiance exotique. Pour ce faire, ils ont emprunté un bout d’une gravure de Cyprien Chabert “qui les a touchés par son sens du détail et sa minutie”. Baptisée “Pays-paysage”, cette œuvre représente selon le groupe un paysage intemporel, une certaine vision d’un paradis exotique”. Elle symbolise aussi à merveille son univers musical :

“On était sur un travail d’herboriste, d’explorateur des tropiques, de terres inconnues, comme le groupe a fait en voyageant pour enregistrer l’album .”

Illustrer ce disque avec l’une de ses créations était aussi une évidence pour l’artiste plasticien Cyprien Chabert : “L’univers dans lequel nous transporte l’album devait rencontrer cette gravure. Les deux avaient besoin l’un de l’autre”, résume-t-il. Et lorsqu’on lui demande ce qu’il se passerait si cette pochette venait à prendre vie, il imagine que cette image se mettrait à s’assombrir car la Nature et les tropiques sont un terrain de bataille perpétuel, vide de tout angélisme”. Tout est dit.

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Sur Instagram : @cyprien.chabert et @poni_hoax

FKJ – French Kiwi Juice

L’artiste : Alchimiste des sons, entre groove et jazz, FKJ signe de savoureux mélanges, à l’image de son métissage. Ce jeune musicien français et néo-zélandais multi-instrumentiste a rejoint le label Roche Musique, sur lequel il a sorti le 3 mars son premier album, sobrement intitulé “French Kiwi Juice”. La simplicité et l’humilité émanent justement de sa personnalité, et c’est pourquoi il a souhaité pour ce disque une pochette minimaliste, qui révèle aussi l’un de ses principaux traits de caractère : la discrétion. Actuellement en tournée aux États-Unis, le plus international des compositeurs de musique électronique de l’Hexagone sera à l’affiche du festival Les Nuits Botanique de Bruxelles, en mai prochain.

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La pochette : French Kiwi Juice est une expression de mon sang mêlé et cette pochette illustre ma nature discrète, qui se cache derrière cette plante”, décrit FKJ. Dissimulé derrière des feuilles d’arbre à miel (aussi appelé sophora au Japon), Vincent a posé devant l’objectif du photographe australien Luke Farrow, qu’il a rencontré au cours de l’un de ses concerts.

“Lorsque je me suis mis à faire des recherches pour illustrer cet album, je suis retombé sur les photos de ce shooting et sur celle-ci qui m’a interpellé. Elle faisait sens : je me suis naturellement caché derrière cette feuille quand Luke a pris la photo, et ça me ressemble bien de vouloir rester dans l’ombre”, explique-t-il.

Admiratif (dans le désordre) du travail en noir et blanc d’Hedi Slimane, des peintures de Magritte ou de la pochette Wish You Were Here des Pink Floyd, Vincent Fenton, de son vrai nom, a simplement retouché la teinte et le cadrage de ce cliché pour en faire la pochette de son tout premier album, très justement salué par la critique.

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Sur Instagram : @frenchkiwijuice

Lucien & the Kimono Orchestra

Le groupe : “Quatre garçons dans le vent” : c’est un peu par ces mots que l’on pourrait présenter Lucien & the Kimono Orchestra. Nouvelle trouvaille de l’écurie Cracki Records, ce groupe opère “un croisement entre le jazzfunk japonais et la musique de film française des 80’s, revisité avec leur regard de gars nés au début des 90’s”, selon leurs propres termes.
Difficile de se faire une idée comme ça, de prime abord. Pourtant, en écoutant leur musique, tout devient évident. Entièrement instrumental – ils préparent de nouveaux titres qui seront chantés cette fois –, leur premier EP est une invitation au voyage… Un peu à l’image de la jolie illustration hypercolorée et japonisante qui lui sert de pochette.

La pochette : Leader du groupe, comme son nom l’indique, Lucien souhaitait “quelque chose très coloré et contrasté, floral, centré autour de la thématique de la nature et du voyage” pour illustrer ce disque. Le groupe a fait appel à Antoine Duruflé, un jeune graphiste de 27 ans spécialisé dans les dessins aux couleurs franches, au grain particulier et aux contours adoucis. En voyant son illustration, on s’imagine sortant d’une jungle, écartant quelques branchages, pour ne voir qu’une imposante montagne à l’horizon, pointant vers le ciel bleu. Lucien explique :

“Une longue marche en forêt nous sépare encore du sommet de la montagne, de l’objectif ultime, mais on va y arriver doucement…”

Une description qui fonctionne comme une métaphore de leur jeune carrière qui ne fait commencer.

Sur Instagram : @antoineduruflé et @lucienkimono

À lire dans notre rubrique “Écouter avec les yeux” :

-> Écouter avec les yeux vol.1 : 3 albums aux artworks décalés à dévorer du regard

-> Écouter avec les yeux vol. 2 : Lomboy, Kid Francescoli et Metromony