Du flouze, du flouze, du flouze : de l’or aux cryptomonnaies, cette expo explore la relation entre l’argent et l’art

Publié le par Konbini avec AFP,

© Hendrick Goltzius/Musée de la Chartreuse, Douai/RMN-Grand Palais/Agence Bulloz ; © Tracey Emin/White Cube/Adagp, Paris, 2023

Source de bonheur pour certain·e·s, racine de tous les maux pour d’autres, l’argent fascine les artistes depuis l’Antiquité.

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À la Monnaie de Paris, une exposition explore jusqu’au 24 septembre 2023 les liens étroits entre art et argent. “La relation entre l’art et l’argent ne saurait se réduire à des considérations économiques”, souligne Jean-Michel Bouhours, commissaire de l’exposition. Ils “sont porteurs de sens et s’inscrivent dans l’espace social. C’est ce que nous voulons donner à voir”, ajoute Marc Schwartz, à la tête de la Monnaie de Paris.

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Environ 200 œuvres (tableaux, sculptures, photographies, mais aussi des pièces de monnaie) sont exposées. Elles proviennent de collections publiques mais aussi de galeries ou de collections privées. Un parcours chronologique et thématique en six parties embarque le public pour un voyage à travers plus de deux millénaires d’histoire autour de “l’argent dans l’art”.

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Aux origines

L’histoire regorge de mythes liés à l’argent et c’est sur celui de Danaé et de la pluie d’or que s’ouvre l’exposition, à travers des pièces d’époques aussi différentes que le Cratère béotien, un vase datant de 430 avant notre ère, ou l’autoportrait choc, I’ve got it all de la Britannique Tracey Emin, qui la montre, jambes écartées, amassant pièces et billets.

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Tracey Emin, J’ai tout ce qu’il faut, 2000. (© White Cube/Adagp, Paris, 2023)

Dans la plupart des mythes, l’or est sacralisé. C’est à partir de ce métal précieux qu’ont été confectionnées, sous le règne du roi Crésus (vers -630), ce qu’on considère comme les premières pièces de monnaie, les créséides, dont l’une est exposée, qui ont donné leur forme circulaire et souvent dorée à leurs héritières.

L’argent fait-il le bonheur ? Seulement s’il est utilisé à bon escient, à en croire les œuvres inspirées des écrits bibliques, insistant sur les bienfaits de la charité et condamnant l’avarice, un des sept péchés capitaux. Quoi qu’il en soit, le peintre Jean-François Millet (1814-1875) s’est attaché à montrer que l’argent génère aussi de profondes inégalités sociales, comme dans Des Glaneuses (1857), où il oppose le labeur de trois paysannes pauvres à l’abondance des récoltants en arrière-plan.

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Objet de convoitise

Le XIXe siècle marque un véritable tournant, avec l’essor du capitalisme financier. Dans le commerce de l’art, ce n’est plus l’esthétique de l’objet qui engendre son achat, mais le désir de le posséder. “La page fiduciaire de l’art s’ouvre”, explique l’exposition, qui met en avant de nombreuses représentations d’industriels et de marchands d’art. Comme ce portrait de Paul Durand-Ruel, réalisé par Renoir en 1910.

Philippe Halsman, Dalí, Why do you paint ? – Because I love art, 1954. (© Estate Halsman 2023/Salvador Dalí/Fundació Gala-Salvador Dalí)

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Au XXe, des artistes proclament sur tous les toits leur intérêt pécuniaire, en témoigne le photomontage réalisé par Philippe Halsman en 1954 sur Salvador Dalí, remplaçant son iconique moustache par le symbole du dollar et entourant son visage d’une myriade de pièces de monnaie, intitulé Dalí, Why do you paint ? – Because I love art.

Accumuler de l’argent peut être un objectif, glorifié ou dénoncé par les artistes, comme en témoigne également La Vénus aux dollars, une sculpture en résine réalisée par Arman (1970) représentant un corps féminin avec une multitude de billets de banque en son sein. Dans la dernière salle, les rapports entre art et argent prennent un tour plus virtuel, avec l’arrivée des cryptomonnaies et des NFT. En témoigne le film GOT REKT ! de Jon Rafman (2022), mettant en scène pendant quatre minutes un homme pris au piège dans le marché des cryptomonnaies. Preuve que même dématérialisé, l’argent nourrit toujours autant l’imaginaire collectif.

Konbini, partenaire de La Monnaie de Paris.

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