Docu : la poignante histoire du viol de Recy Taylor, sommet d’injustice raciale durant la ségrégation

Publié le par Olanrewaju Eweniyi,

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Un film puissant qui apporte un nouvel éclairage sur l’émergence de la lutte des Afro-Américains pour leurs droits.

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Abbeville, lors d’une nuit paisible de l’été 1944. Sept jeunes hommes blancs écument la petite ville dans une voiture, en quête d’une proie. Ils s’arrêtent devant trois paroissiens noirs qui rentrent chez eux après la messe. Parmi eux, Recy Taylor, 24 ans. Mariée et mère d’un enfant de neuf mois, cette fermière est une membre appréciée de la communauté locale.

Parmi les passagers du véhicule se trouvent des fils des plus grands notables de la ville. Ils entraînent Recy Taylor vers un bosquet isolé et la forcent à se déshabiller. Ils sont six à la violer.

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Composé d’images d’archives de l’époque, d’interviews des proches de la jeune femme et d’historiens, The Rape of Recy Taylor, le documentaire poignant de Nancy Buirski, raconte en détail cette affaire. On y découvre également des séquences filmées par le très prolifique réalisateur afro-américain Oscar Micheaux.

Sélectionné au Festival du film de Venise et au Festival du film de New York, le film montre le combat des femmes noires qui se sont battues pour se réapproprier leurs droits et leur corps. En dénonçant les violences dont elles ont été victimes, elles ont aidé à façonner le mouvement afro-américain des droits civiques qui était sur le point d’être lancé.

Un tournant dans l’histoire des Afro-Américains

Malgré les aveux de deux des violeurs, deux jurys successifs ont refusé de condamner les coupables. Dans les mois qui ont suivi le procès, Recy Taylor a reçu de nombreuses menaces de mort, et des suprémacistes blancs ont tenté d’incendier son domicile, la forçant à déménager avec son mari et son enfant chez ses parents, où sa famille a pu la protéger.

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L’affaire a attiré l’attention de la NAACP, l’Association nationale américaine pour l’avancement des personnes de couleur, dont l’enquêtrice en chef n’était autre que l’activiste Rosa Parks. Pour la première fois, des manifestations de la communauté afro-américaine ont eu lieu dans tout le pays.

Le fait que Recy Taylor n’ait jamais obtenu gain de cause est un élément clé de son histoire, et les étapes juridiques qui ont mené à cette injustice sont expliquées dans le documentaire. Il a fallu attendre 70 ans pour que l’État de l’Alabama lui présente ses excuses pour avoir refusé de poursuivre ses violeurs en 2011.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet

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