De Panayotis Pascot à Bret Easton Ellis en passant par Jean-Jacques Goldman : les 20 livres qui ont marqué 2023

Publié le par Leonard Desbrieres,

La jeune garde du roman français, des pépites étrangères, des polars, de la SF et des essais : retour sur les temps forts de l’année littéraire en 20 livres à mettre sous le sapin.

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Les Éclats, de Bret Easton Ellis (Robert Laffont)

Qui dit rock star, dit come-back flamboyant. La surprise littéraire de l’année est tout sauf un inconnu, au contraire, c’est une légende qui renaît de ses cendres. Les Éclats est un bijou vintage qui nous replonge dans l’adolescence de Bret Easton Ellis et dans la jeunesse dorée du Los Angeles des années 1980. Récit d’apprentissage nostalgique, coming out sexy et sexuel, polar paranoïaque haletant qui jongle entre réalité et illusion : le prince des ténèbres use de toute sa magie noire pour nous ensorceler à nouveau.

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© Robert Laffon

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Triste Tigre, de Neige Sinno (P.O.L)

Une déflagration. Un choc. Une déferlante. Des mots encore trop tendres pour décrire l’impact qu’a eu Triste Tigre dans le paysage littéraire mais aussi dans la société tout entière. Sans fard, sans pathos, Neige Sinno fait le récit d’une enfance brisée. Elle raconte comment, de sept à quatorze ans, elle a été violée par un beau-père qui prétendait trop l’aimer. Confession glaçante qui dissèque les mécanismes de l’emprise en n’hésitant pas à se mettre à la place du monstre, le livre est aussi une puissante réflexion sur le pouvoir et les limites de la littérature pour panser nos blessures.

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©P.O.L

La prochaine fois que tu mordras la poussière, de Panayotis Pascot (Stock)

Plus de 100 000 exemplaires vendus. Avec La prochaine fois que tu mordras la poussière, le jeune humoriste de 25 ans Panayotis Pascot a créé la sensation lors de la rentrée littéraire. Son premier livre, désarmant de sincérité, dissèque sans concession le lien au père, explore les affres de la dépression et raconte la difficile quête d’identité sexuelle. Il est surtout le sublime roman d’apprentissage d’un adolescent qui ne sait pas comment aimer. La langue crue, le sens de la formule, hérité du stand-up frappent en plein cœur. L’acte de naissance d’une icône générationnelle, porte-voix d’une jeunesse inquiète et désenchantée.

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© Stock

Le Silence, de Dennis Lehane (Gallmeister)

Mystic River, Gone Baby Gone, Shutter Island : ces films culte portent tous la marque d’un génie du polar qui a inventé ces histoires, le romancier américain Dennis Lehane. Après six ans d’absence, l’écrivain préféré d’Hollywood n’a rien perdu de sa plume diabolique. En 1974, dans un Boston en proie aux émeutes racistes et prêt à s’embraser, il raconte la croisade d’une mère irlandaise enragée prête à tout pour retrouver pour la fille qu’on lui a enlevée. Roman noir survolté, quête féministe, fresque sociale corrosive, Le Silence a bien des histoires à raconter.

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© Gallmeister

Goldman, d’Ivan Jablonka (Seuil)

À partir de la vie d’une icône pas comme les autres, jamais aussi adulée que depuis qu’elle s’est retirée de la vie publique, Ivan Jablonka dresse une savoureuse sociologie de la France, “l’archéologie d’une époque”. Une étude passionnante menée au rythme de tubes emblématiques, où tous ses thèmes de prédilection s’entrechoquent : l’identité juive, les codes de la virilité, le concept de culture populaire.

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© Seuil

Les Naufragés du Wager, de David Grann (Sous-Sol)

C’est sans doute l’un des noms les plus prononcés de la rentrée culturelle. En plus de la sortie du film évènement de Martin Scorsese, Killers of the Flower Moon, adapté de son livre phare, le journaliste du New Yorker et éblouissant narrateur du réel a signé un retour fracassant avec Les Naufragés du Wager. Une tragédie maritime restée dans les annales de la marine britannique, un naufrage, de l’anthropophagie, un meurtre et un procès historique où les récits des survivants s’affrontent : cette épopée a tous les ingrédients d’un futur blockbuster et résonne fort à l’époque de post-vérité où on ne sait plus qui croire.

© Sous-Sol

Panorama, de Lilia Hassaine (Gallimard)

L’ancienne chroniqueuse de Quotidien est en train de se faire une place de choix dans le paysage littéraire français et Panorama compte parmi les belles surprises de l’année. 2049, une révolution a balayé les institutions françaises. Place désormais à une démocratie populaire qui sacre la transparence. Dans leur maison vitrée, les citoyens partagent leur intimité dans une forme de surveillance généralisée. Flic de l’ancien monde, Hélène est appelée pour enquêter sur une étrange disparition. Un polar futuriste éblouissant doublé d’une fable politique corrosive.

© Gallimard

À l’aube de nouveaux horizons, de Nathalie A. Cabrol (Seuil)

L’astrobiologiste et directrice scientifique du centre SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence ou Recherche d’intelligence extraterrestre) nous a offert l’un des ouvrages scientifiques les plus passionnants de ces dernières années. Stimulant mais accessible, À l’aube de nouveaux horizons répond à la question qui nous brûle les lèvres : sommes-nous seuls dans l’univers ?

© Seuil

Paradise, Nevada, de Dario Diofebi (Albin Michel)

Ancien universitaire romain devenu joueur de poker professionnel à Las Vegas avant de suivre un master d’écriture à New York, la trajectoire de Dario Diofebi est pour le moins originale. Paradise, Nevada est un premier roman impressionnant tiré de cette fuite en avant. Une radioscopie à couper le souffle de la capitale du vice. Un jeune prodige du poker en ligne venu se frotter à la véritable compétition, une journaliste qui tente de décrocher un scoop, une serveuse du plus majestueux hôtel de la ville, un immigré illégal italien qui a de l’or dans les mains : tous sont peu à peu avalés par ce monstre tentaculaire. Il y avait le Casino de Scorsese pour dépeindre Las Vegas dans la course à l’argent des années 1970, il y a désormais Paradise, Nevada, pour raconter le Las Vegas des années Trump.

© Albin Michel

Humus, de Gaspard Koenig (L’Observatoire)

Finaliste malheureux du Goncourt et du Renaudot, Gaspard Koenig est le grand perdant de la course au prix d’automne. Satire de l’époque, fresque balzacienne, Humus est pourtant un coup de maître qui raconte le destin chahuté de deux amis étudiants en agronomie engagés pour l’écologie. Un fils d’ouvrier propulsé dans le monde impitoyable des start-up et un petit bourgeois qui fantasme le retour à la terre. Brillant, insolent et follement romanesque.

© L’Observatoire

Le Ministère du futur, de Kim Stanley Robinson (Bragelonne)

Cet automne signait le retour événement d’une des plus grandes voix de la science-fiction contemporaine, l’américain Kim Stanley Robinson. Fable d’anticipation écologique, Le Ministère du futur raconte la création d’une nouvelle organisation mondiale chargée de représenter les nouvelles générations dans les débats politiques et de protéger toutes les créatures vivantes pour garantir un futur viable à l’humanité. C’est brillant, percutant et… optimiste.

© Bragelonne

Sois jeune et tais-toi, de Salomé Saqué (Payot)

Du haut de ses 27 ans, la journaliste a mis un coup de pied dans la fourmilière médiatique et politique. Sois jeune et tais-toi, un titre hommage à l’affiche emblématique de Mai 68, est un essai documenté et vif qui entend redonner une place à la jeunesse dans le débat public et en finir avec la gérontocratie.

© Payot

L’invitée, d’Emma Cline (Table Ronde)

La prodige des lettres américaines a réussi au printemps un retour époustouflant. En rencontrant Simon, Alex a tiré le gros lot. Invitée à passer l’été dans sa somptueuse demeure des Hamptons, la jeune escort new-yorkaise saisit cette occasion en or de fuir les dettes et les ennuis qui la pourchassent. Mais là-bas, elle commet l’irréparable et est mise à la porte. Effrayée à l’idée de regagner New York, elle décide plutôt d’errer dans ce paradis bourgeois à la recherche d’un refuge et d’une revanche. Un roman noir vénéneux, une satire sociale au lance-flammes.

© La Table Ronde

Que notre joie demeure, de Kevin Lambert (Le Nouvel Attila)

En réalisant son rêve, concevoir un grand projet pour sa ville natale, Montréal, une architecte star, milliardaire et star de Netflix précipite sa chute dans un tourbillon de scandale et de vindicte populaire. Avec ses deux premiers livres, Querelle (Prix Sade en 2019) et Tu aimeras ce que tu as tué (2021), Kevin Lambert continue son récit implacable de la violence des rapports de classe mais se place de l’autre côté de l’échiquier social et dépeint avec cruauté les errances d’une caste qui ne parvient plus à justifier les privilèges qu’elle s’est appropriés.

© Le Nouvel Attila

Les Aiguilles d’or, de Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture)

Depuis le succès de Blackwater, roman-feuilleton teinté de surnaturel, publié en six tomes à partir d’avril 2022 et qui a conquis à ce jour plus de 400 000 lecteurs, les Éditions Monsieur Toussaint Louverture se sentent investies d’une mission : faire briller l’œuvre, encore largement inédite en France, de Michael McDowell. Les Aiguilles d’or est un roman noir gothique, addictif et violent qui nous plonge aux dernières lueurs du XIXe siècle, dans un New York en pleine ébullition, une ville grouillante où se côtoient crime et opulence. Un mélange explosif entre Dickens, Stephen King et Scorsese.

© Monsieur Toussaint Louverture

Les Débuts, de Claire Marin (Autrement)

Après avoir commencé par la fin avec le sublime Rupture(s), un essai passionnant et touchant sur les inéluctables moments de bascule qui rythment notre existence, le deuil, les cassures professionnelles et l’amour bien sûr, Les Débuts décortique sous toutes les coutures ce moment à part où les choses s’initient, balbutient, où les êtres se jettent à l’eau. À l’aide des philosophes, des écrivains mais aussi des icônes de la pop culture, Claire Marin raconte nos commencements, des promesses autant que des défis.

© Autrement

Dès que sa bouche fut pleine, de Juliette Oury (Flammarion)

Avec ce premier roman au titre éloquent, Juliette Oury nous plonge dans un futur proche, un monde dystopique où la place de la nourriture et du sexe est inversée. Manger est devenu un acte obscène et tout ce qui se rapporte à l’alimentation, à la cuisine et aux saveurs doit être dissimulé. Le sexe, lui, s’expose partout, se partage, il rythme notre quotidien, notre vie professionnelle et notre rapport aux autres.

© Flammarion

Laisse le flingue, prends les cannolis, de Mark Seal (Capricci)

Une enquête dingue qui raconte la genèse tortueuse et les coulisses de l’un des plus grands films de l’Histoire du cinéma, Le Parrain de Francis Ford Coppola. La poigne du réalisateur, ses convictions face aux studios tout puissants, la bataille entre l’ancien et le nouvel Hollywood, la mafia aux aguets : on se croirait dans un roman noir haletant.

© Capricci

Babysitter, de Joyce Carol Oates (Philippe Rey)

À la manière d’un Tom Wolfe dans Le Bûcher des vanités, Joyce Carol Oates dessine un portrait corrosif de l’élite blanche américaine. Fin des années 1970, Détroit. Hannah et Wes Jarrett forment l’un des couples les plus en vue et mènent une vie mondaine bien loin des préoccupations du monde. Mais l’arrivée en ville d’un effroyable tueur en série et l’irruption d’un mystérieux amant dans la vie du couple vont brutalement ramener ces nantis à la réalité. Au menu : noirceur abyssale et scènes d’horreur anthologiques pour une nouvelle charge impitoyable contre l’Amérique.

© Philippe Rey

L’Abîme, de Nicolas Chemla (Cherche Midi)

Un roman gothique aux accents très XIXe. Entre Le Horla de Maupassant et Là-bas de Huysmans, il décrit sous la forme d’un journal intime, la descente aux Enfers d’un Américain à Paris. Avec une langue trash et brutale, on pénètre la psyché d’un homme possédé, qui navigue entre messes noires et orgies mystiques.

© Cherche-Midi