Entretien : Da Chick ravive la fièvre du disco

Publié le par Naomi Clément,

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Avec son disco-funk et ses clips artisanaux, cette artiste portugaise a créé un monde coloré et fantaisiste, dont elle nous a chaleureusement ouvert les portes lors de son passage à Paris.

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Quand on évoque le mot “disco”, notre psyché se bloque naturellement sur les années 1970, les boules à facettes et quelques noms qui flirtent avec l’été comme Earth, Wind & Fire, Donna Summer ou KC and the Sunshine Band. Il est donc assez surprenant, déroutant même, de découvrir la musique de Da Chick, une Portugaise de 27 ans qui a fait de ce genre mal aimé des jeunes générations son cheval de bataille.

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Depuis 2012, Teresa de Sousa (de son vrai nom) délivre, épaulée du label lisboète Discotexas, des titres funky et dansants – illustrés par des clips enfantins –, réunis en 2015 sur son premier album, Chick to Chick. Désireux d’en savoir plus, nous avons rencontré cet ovni lumineux lors de son passage à Paris le 1er juin, pour un entretien décontracté ponctué de quelques “motherfucker” bien placés.

Ce n’est pas très commun de voir une jeune fille élevée dans les années 1990 faire de la musique disco en 2016… Comment est né ton amour pour ce son ?

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C’est vrai que c’est assez peu commun, surtout au Portugal où il n’y a pas vraiment de chanteurs ou de groupes de disco… En vérité, ce genre musical est une découverte assez récente pour moi.

Quand j’étais jeune, j’étais comme toutes les filles de mon âge, j’écoutais les Spice Girls, Jennifer Lopez, je matais MTV… À côté de ça, mon père avait cette énorme collection de CD, remplie de rock psychédélique des années 1970 avec Pink Floyd, Led Zeppelin… et beaucoup de jazz aussi, du Frank Sinatra notamment. Et puis, en grandissant, je me suis tournée vers le hip-hop, la soul, le funk, avec des artistes comme James Brown, Earth, Wind & Fire, Kool and the Gang… toute cette musique groovy.

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Ce sont ces artistes qui t’ont donné envie de créer Da Chick ?

En fait, Da Chick est un peu arrivée comme ça, naturellement. Je ne te dirai jamais : “Oh oui, la musique c’est ce que j’ai toujours voulu faire“… C’est faux, je ne suis pas cette fille. J’ai fait mes études et, un jour, deux amis m’ont proposé de chanter sur une de leurs productions, car ils savaient que j’écrivais un peu.

Et puis en 2012, j’ai commencé à travailler avec le label Discotexas, et plus précisément avec les producteurs Moullinex et Xinobi, qui avaient cette vibe très new disco qui m’a fascinée. Mon intérêt pour la musique disco est vraiment né à ce moment-là.

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“Da Chick me permet de me lâcher”

Qui est Da Chick ? Teresa de Sousa ou un alter ego ?

C’est un mélange des deux. Elle me ressemble beaucoup parce que comme moi, elle a ce langage un peu rude, un peu noir que j’emploie au quotidien. Mes amis me connaissent d’ailleurs pour ça, mes phrases sont toujours ponctuées d’un petit “motherfucker” par-ci par-là [rires].

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Mais en même temps, c’est un alter ego parce que, sur scène, je deviens surexcitée, complètement folle, mauvaise même… Donc, elle me permet de me lâcher, d’être une autre personne.

Quant au nom Da Chick, il vient de Boulevard de la mort, un de mes films préférés de Tarantino – dont je suis fan. Dans ce film, il y a cette chanson, “Chick Habit”, d’April March, et quand je l’ai entendue, ça m’a beaucoup inspirée.

Quand on écoute Chick to Chick, ton premier album, on ressent quelque chose de très joyeux, mais aussi d’assez nostalgique, qui tranche avec les chansons de tes débuts…

Oui, cet album a mis en lumière une nouvelle Da Chick. Avant ça, je faisais toujours une musique super joyeuse, avec des titres comme “Cocktail” par exemple. Là, j’ai voulu amener quelque chose de plus calme, de plus soul, parce que c’est aussi ce que j’ai au fond de moi, avec ce jazz que j’ai écouté toute mon enfance, comme je te disais tout à l’heure.

La confiance que j’ai gagnée avec l’expérience m’a permis de mettre ça sur la table, cette chick moins excitée, plus laid-back.

“Au Portugal, peu d’artistes font du disco”

Du coup, c’est comment de faire du disco au Portugal ? Tu te sens soutenue ?

Oui, carrément, je crois que les gens écoutent ma musique ! Peut-être parce que peu d’artistes font du disco au Portugal. Peut-être aussi parce que c’est une musique facile à écouter… C’est compliqué de dire : “Oh mon Dieu, mais je ne comprends rien, cette musique est impossible !

Et en France, où tu joues ce soir ?

Je ne sais pas encore [elle sourit]… J’ai l’impression que cette musique peut prendre ici. Mais pour être honnête, je ne me pose pas vraiment ce genre de question.

On me demande souvent si je suis stressée avant les concerts… mais pas du tout ! C’est super cool si les gens dansent et me renvoient des bonnes vibes, mais je respecte également ceux qui me regarderont de travers en mode “putain, mais c’est quoi ce bordel ?” et qui se tirent [rires] ! Quoi qu’il arrive, que ce soit devant 10 ou 2 000 personnes, mon groupe et moi on assurera le show.

Qui sont les jumeaux que l’on voit tout le temps danser à tes côtés ?

Je les ai rencontrés pour la vidéo “Lotta Love”. Avec mon producteur de l’époque (qui était aussi mon mec…), on s’est dit que ce serait vachement cool d’avoir deux garçons noirs qui se ressembleraient et qui danseraient avec moi, à la Will Smith version Prince de Bel-Air, tu vois ?

Donc j’ai posté un mot sur Facebook, et tout le monde s’est mis à me parler de ces jumeaux. Je les ai rencontrés quelques jours plus tard, je leur ai expliqué le projet, ils m’ont sorti un pas de danse et, woooh, je suis tombée amoureuse direct [rires] !

Après cette vidéo, je leur ai dit que l’alchimie était trop intense pour qu’on s’arrête là… et depuis ils dansent avec moi dans les clips mais aussi sur scène. Ils font même mes chœurs !! J’ai découvert qu’ils avaient de très belles voix. Ils sont parfaits…

“Fini de sourire, fini la danse : on est des badass

Au-delà de la musique, Da Chick, c’est aussi une image très forte, rétro, colorée… À quel point es-tu impliquée dans la direction artistique du projet ? 

Je SUIS la direction artistique ! Enfin non, je ne suis pas totalement seule, mais je suis impliquée à 100 %. En ce qui concerne le style de Da Chick, le look, je me rends régulièrement dans une boutique vintage de Lisbonne qui s’appelle “L’Autre face de la lune”, dans laquelle je me rendais déjà avant que le projet naisse. Je choisis des vêtements pour moi, et ensuite j’en trouve d’autres pour les garçons (les jumeaux et le DJ), qui m’accompagnent sur scène. J’adore faire ça !

Pour les clips et la photographie, je travaille avec des amis dont j’adore le travail, auxquels j’explique mon point de vue. Par exemple, pour mon dernier clip, “Chick-A-Boom”, je savais au moment où j’ai écrit la chanson que je voulais une vidéo dans l’espace, avec cette esthétique très DIY.

Et le clip de “Don’t Touch My Soul” ?

Si tu regardes les vidéos qui ont précédé celle-ci, tu as dû voir une chick super heureuse, tout le temps souriante, en train de danser avec les mecs… Avec ce clip, je voulais faire quelque chose de différent. Fini de sourire, fini la danse : on est des badass [rires] !

Donc j’ai expliqué ça au réalisateur, et je lui ai donné carte blanche. J’ai vraiment été bluffée par le résultat, et j’adore cette vidéo ; mais c’est vrai que j’ai un attachement particulier aux clips qui sont faits avec les moyens du bords, comme celui de “Chick-A-Boom” ou “Cocktail”, qui ont une certaine plus-value à mes yeux…

Bien sûr, je referai avec grand plaisir des clips comme celui de “Don’t Touch My Soul”, parce que ça a été une expérience folle ! Mais si tu veux, je n’ai pas besoin de gros budgets pour faire quelque chose de gratifiant. Tout ce que je fais aujourd’hui, je le fais sans aucune forme de pression. Par pur amour. Pourvu que ça dure.

Da Chick sera en concert le 1er juin à Paris dans le cadre du Pop Up Label. Plus d’infos sur Facebook.