Critique : Trois mille ans à t’attendre, un époustouflant conte amoureux de George Miller

Publié le par Arthur Cios,

(© Metropolitan FilmExport)

Le réalisateur des Mad Max revient avec un film faussement plus intime extrêmement impressionnant, porté par Idris Elba et Tilda Swinton.

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Trois mille à t’attendre, c’est quoi ?

On se souvient tous du choc ressenti il y a sept ans maintenant devant Mad Max: Fury Road, quatrième volet explosif d’une saga initiée par George Miller. Un bonhomme sous-estimé, que l’on prend pour celui qui a dirigé des cochons dans Babe et fait un film d’animation tout sauf lambda, Happy Feet. Reste que Fury Road a rappelé qui était le patron, et alors que l’on attend le prequel Furyosa, l’Australien a voulu faire une pause entre ces tournages exténuants et énormes avec un “plus petit film” : Trois mille ans à t’attendre.

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L’histoire d’Alithea (Tilda Swinton), une prof de narratologie britannique qui, alors qu’elle se retrouve à Istanbul pour une conférence, découvre une bouteille qui fera apparaître un génie, un djinn (Idris Elba). Trois souhaits, qu’elle ne désire pas, elle dont la solitude est un choix. S’engage alors une discussion entre les deux êtres, chacun racontant son histoire, ses désirs, ses craintes. Cela paraît minime ? Au contraire.

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Pourquoi c’est bien ?

C’est toujours plaisant de voir un cinéaste affirmé faire une déclaration d’amour au septième art. Il ne le fait pas de manière aussi frontale qu’Hazanavicius, mais Miller fait ce geste si beau de revenir à la base du cinéma, à savoir raconter des histoires, à illustrer ce qui fut aux origines des longs-métrages, de cette narration orale. Quand le djinn va raconter à Alithea comment il s’est retrouvé emprisonné dans cette bouteille à trois reprises, on se retrouve dans des flash-back longs, et très beaux, qui nous trimballent du Yémen à l’ancien Empire ottoman.

Le réalisateur va puiser dans les mécaniques du récit pour nous montrer comment fonctionne une histoire, quelles sont ses limites, ses éléments répétitifs, ses éléments libérateurs. Miller, qui semble être la réincarnation du personnage de Tilda Swinton, interroge notre rapport à ces histoires : cela suffit-il à nous rendre heureux ? De la part de quelqu’un qui a souffert en faisant son dernier chef-d’œuvre et qui s’apprête à y retourner, cela est plus que signifiant.

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Il pourrait faire tout ceci à la volée, en s’en foutant un peu. Après tout, ce n’est qu’un duo dans une chambre d’hôtel qui se raconte des histoires. Cela ressemble au classique film de confinement fait avec les moyens du bord. Que nenni. L’immensité des flash-back grâce aux décors grandiloquents, avec des monstres, des figures mythologiques, va aux antipodes. Pour la petite histoire, Miller voulait adapter cette nouvelle de A. S. Byatt depuis la fin des années 1990. C’est donc clairement un faux petit film, un faux film pour enfants sur les contes.

Surtout que, niveau moyens, c’est impressionnant. C’est beaucoup plus beau, plus chargé et plus impressionnant que le dernier Aladdin de Guy Ritchie – un génie dans une lampe, inspiré des Mille et une nuits, la comparaison se tient. Alors qu’il a un budget trois fois plus petit (60 millions contre 180). Il travaille son cadre, s’amuse avec ses effets de caméra, ses transitions.

Il n’y a pas un plan dans ces flash-back qui n’offre pas une nouvelle idée de cinéma. Quitte à effleurer le kitsch nanardesque, qu’il esquive toujours malgré la grandiloquence de ces idées. Visuellement, peu de films cette année devraient nous dépayser de la sorte, tout en nous interrogeant sur notre rapport à la mort, à la vie, à l’amour – et en nous asséchant les glandes lacrymales.

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De la part d’un cinéaste de 77 ans, il y a de quoi être impressionné.

On retient quoi ?

L’acteur·rice qui tire son épingle du jeu : le duo, de toute évidence (avec une préférence pour Tilda Swinton)

La principale qualité : son ambition folle

Le principal défaut : certaines séquences au début peuvent sembler longues

Un film que vous aimerez si vous avez aimé : Aladdin, et la filmographie de George Miller

Ça aurait pu s’appeler : The Djinn in the Lamp

La quote pour résumer le film : “Un voyage aux origines du cinéma dépaysant et impressionnant”

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