Cocovan, la Cyndi Lauper française, à découvrir d’urgence

Publié le par Dora Moutot,

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Devenir une pop star. Quelle fille oserait nier qu’elle n’a pas secrètement espéré, devant le miroir, brosse à cheveux dans la main en guise de micro, en devenir une ? La plupart des filles abandonnent l’idée une fois les 16 bougies soufflées, lorsque d’autres ont le culot, la force… ou la folie, d’y croire encore 10 ans après.

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Cocovan fait partie de ces dernières, cette jeune artiste franco-iranienne à l’univers ultra pop, un brin kitsch, tente de se faire une place au soleil dans la monde de la pop musique depuis plusieurs années avec sa “glam pop”. “Les gens pensent que je suis folle de ne pas lâcher mon rêve”, dit-elle en riant.

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Encore confidentielle, elle ne devrait plus le rester trop longtemps ou ça ne serait vraiment à n’y rien comprendre, tant Cocovan mérite le titre de Cyndi Lauper française de par son talent et sa persistance dans le milieu de la musique.

Un projet à la fois 80’s, romantique, musical et visuel

Ses chansons ont un goût super 80’s, une fraîcheur, une candeur je dirais même, qui fait du bien aux oreilles et au cœur. Elle vient de sortir un tout nouveau single intitulé « Summer Nights ». Chanson feel-good par excellence, le morceau vous injectera une touche d’espoir, un zeste de nostalgie ainsi qu’une furieuse envie d’investir le dancefloor.

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Romantique, sa musique parle généralement d’amour, ses tweets aussi. Parfois de façon torturée et parfois avec plein d’espoir. “Ce n’est pas parce que c’est léger que ce n’est pas profond”, dit-elle.

“Je suis une vraie romantique, dans mes relations, j’ai du mal à être super démonstrative, alors je balance tout dans mon expression, avec des posts super dramatiques sur les réseaux sociaux et dans mes chansons.”

Terre à terre, elle ajoute : Oui c’est banal, il y a plein de gens qui sont inspirés par leurs sentiments. Pour moi, toute orbite tourne autour de ce sujet, c’est le cœur de mon expression.”

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Cocovan n’en est pas à sa première chanson. Voilà maintenant 7 ans qu’elle consacre sa vie à sa passion. La jeune femme au carré noir et à l’esthétisme pointu et léché, écrit et produit elle-même ses chansons et ses clips. Mon projet est à la fois musical et visuel, la musique et les images ne font qu’un”, dit-elle. Entrepreneuse dans l’âme, elle as pris en main son destin, destin qu’elle balade entre la France et les États-Unis. Elle n’attend désormais plus que l’industrie de la musique la valide pour faire ce qu’elle a envie de faire.

Son American Dream

La jeune Parisienne qui a passé beaucoup de temps à New York et Los Angeles, a longtemps cru à l’American Dream. “Tu es née du mauvais côté de l’Atlantique”, lui a t-on dit dans les maisons de disques en France. On a lui demandé de chanter en français, mais Cocovan s’est toujours sentie plus à l’aise en anglais. Refusant le compromis, elle a pris ses cliques et ses claques pour tenter sa chance aux États-Unis. Ce qui lui a valu d’enregistrer un premier EP, “Data Image”, en 2012 avec Butch Walker, producteur derrière certaines chansons de Avril Lavigne, The Donnas ou Taylor Swift, ainsi qu’une série très onirique de plusieurs épisodes sur son personnage intitulée “Cocorama” diffusée à l’époque, en avant-première sur Dazed & Confused. Mais vous ne trouverez plus les traces de cette EP en ligne, car Cocovan a depuis tout effacé.

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Entière, intransigeante et honnête, c’est surtout ça, très honnête avec elle-même, Cocovan a réalisé que ce premier EP ne lui correspondait finalement pas. “Je ne m’y retrouvais pas”, dit-elle. Pourtant, ce premier EP, et les différents clips , “Bang bang”, “Mascara” ou encore “Roosvelt hotel”, sont des chansons et des clips que la belle avait elle-même produit de sa poche. Son insatisfaction et son besoin de se réinventer étant plus puissant que la somme dépensée, celle-ci a décidé de redémarrer à zéro avec son nouvel EP The Club, dont le premier single s’intitule “Mirage of Us”.

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Quand on lui demande si ce n’est pas un peu radical de tout effacer, elle explique que ce qui l’a motivée à tout recommencer est un article lu dans The Fader, lorsqu’elle était en dépression dans le fond de son lit.


“J’ai lu une interview de Blood Orange. En fait, ce mec je l’avais rencontré à New York en 2010, il se faisait appeler ‘Lightspeed Champion’ à l’époque. C’était un mec qui trainait dans les soirées à Brooklyn, il ne payait pas de mine, je l’avais vu en concert une ou deux fois mais ça ne décollait pas vraiment pour lui. Trois ans plus tard, je tombe sur un titre chanmé de Blood Orange que j’écoute en boucle et un jour je me rends compte que c’est ce mec ! Puis je tombe sur cette interview où il explique qu’il était ‘Lightspeed champion’, que ça ne marchait pas trop, qu’il sentait qu’il n’était pas là où il devrait être, alors il a changé de nom et il a viré ses anciens titres pour recommencer à zéro.”

Bien que Cocovan se rêve pop star, elle refuse une fois de plus de se compromettre, cette fois aux États-Unis pour “percer”. Pour accéder au Graal, et se faire signer, on lui a soufflé que le R’n’B serait à la mode et qu’il serait avantageux pour elle d’y songer. “Pour moi, la carrière de rêve, c’est celle de la pop star suédoise Robin, elle fait des chansons feel-good mais ça reste indé, elle n’est pas en top du Billboard mais ça fait des années qu’elle est là. Elle fait des shows sold out et les gens la respectent vraiment comme pop star sans que ce soit Lady Gaga pour autant”, dit elle. Et quand on y pense, il est vrai que les pop stars qui ne sont pas le pur produit commercial d’une maison de disques, sont très rares. On les compte sur les doigts d’une main : Robin, Sia, Mia…

De Kyo à Serge Lutens

On peut alors se demander ce qui lui a donné envie de se lancer dans ce secteur si dur à pénétrer ? Cocovan a commencé à faire de la musique sur le tard, c’est à 16 ans qu’elle a attrapé une guitare pour composer sa première chanson. Sans doute, un peu dans l’idée de se faire valider et de se faire respecter par les “rockers” avec qui elle trainait, pour montrer qu’elle n’était pas une simple groupie, car il fut un temps, la très jeune Cocovan était la petite amie de l’un des membres du groupe à succès Kyo.

Mais avant même d’avoir quelque chose à se prouver, c’est lors d’un concert du groupe de neo-metal Pleymo, du haut de ses 14 ans, que Cocovan a compris que c’est ce qu’elle allait faire de sa vie. “Dans la fosse du concert, une adolescente m’a demandé si je voulais monter sur scène alors je l’ai suivie. J’ai réussi à monter sur scène lorsqu’un vigile avait la tête tournée. J’ai sauté la barrière, couru et je me suis hissé sur la scène. Quand je me suis retournée, j’ai vu 7000 personnes en mouvement dans la salle devant moi, c’était une sensation de malade et j’ai su que je voulais que ça soit ça mon quotidien et que ça ne pouvait pas être autre chose”, dit-elle.

Quand Cocovan parle de ses inspirations, elle cite Prince, Grace Jones et Mika dont elle admire les univers à la fois populaire et très personnel. Elle mentionne aussi Serge Lutens, pour son influence esthétique façon “Pierrot la lune”. Esthétique qu’elle travaille main dans la main avec le directeur artistique Romain Yurkievich, son binôme sur la création. “Je suis obsédée par les moodboards, je passe ma vie à faire des screenshots sur Instagram, je veux savoir en amont comment je vais m’habiller pour le clip, à quoi chaque détail va ressembler, etc.” Minutieuse, à propos du deuxième clip de son EP Chic, elle explique : Il y avait cette photo de Madonna et Peter Lindbergh en body col roulé noir, on s’en est inspirés et pour le clip, on a fait faire le body sur-mesure pour qu’il colle parfaitement à ma peau.”

De YouTube à la performance de rue

Artiste multimédia, Cocovan a récemment décidé de se lancer sur une autre plateforme. Fatiguée de la course aux likes, exaspérée par la dictature des “upvotes” des sites, façon “Hype machine”, Cocovan a investi la rue avec son “art performance”. Sa nouvelle chanson “Summer Nights” est effectivement disponible sur YouTube, mais son univers s’exporte aussi dans la rue, sous forme de performance. Une performance où Cocovan ressemble à un tableau et arrache des pétales de fleurs, comme dans son clip. Des passants ont pu l’observer à Londres, mais aussi à Los Angeles lors de la Women’s March.

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“À force d’avoir entendu des trucs absurdes des maisons de disques sur ce que je devrais faire, j’ai fini par me demander où était la place de l’artiste ? Est-ce que pour ‘réussir’, tu dois te soumettre à des gens qui ont de l’argent et compromettre ton art ? Je n’ai plus envie de ça. L’art, c’est : tu as 3 potes qui sont motivés, tu peux décider demain d’aller dans la rue et de faire une performance et personne ne va t’en empêcher, c’est une démarche viscérale. Après, il y a aussi une démarche spirituelle et émotionnelle, qui est de ramener de la beauté et de la poésie dans un milieu urbain, un peu comme le street art mais autrement.”

Cocovan explore, car pour elle les routes toutes faites n’existent pas. “Si tu te sens artiste et que tu ne penses pas pouvoir faire autre chose de ta vie, il n’existe pas de route prédéfinie. Continue ta route, même si tu manges des Chinese Noodles pendant 5 ans, sois fidèle à ce que tu veux faire.”

“Même si je ne deviens jamais Adele, ma carrière à moi, ça sera peut-être de ne jamais avoir arrêté. Dès que j’en ai les moyens, je finance une nouvelle vidéo, un EP. Si ma persistance peut inspirer quelqu’un…”

Le dernier challenge de Cocovan qui garde son carré comme pilier de son identité depuis de nombreuses années, est désormais de faire pousser ses cheveux. “Je vais les laisser pousser jusqu’à ce que je gagne un Award. Avant ça, je ne les couperai pas. Le jour où je le gagnerai, je les couperai sur scène.”, conclut t-elle. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.

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