“C’était comme n’importe quel fantasme de viol” : les dessous chaotiques de The Idol, la nouvelle série du créateur d’Euphoria avec Lily-Rose Depp et The Weeknd

Publié le par Flavio Sillitti,

© HBO

Le magazine Rolling Stone a recueilli les témoignages de 13 personnes ayant travaillé sur la prochaine série HBO de Sam Levinson, réalisateur d’Euphoria.

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C’est la série sulfureuse que le monde de la pop culture attendait depuis longtemps. Une histoire de célébrité, de thunes et de descente aux enfers, avec un casting cinq étoiles comprenant The Weeknd, Lily-Rose Depp, Troye Sivan ou encore Jennie de Blackpink. Le tout dirigé par Sam Levinson, le réalisateur de l’une des séries les plus influentes de ces dernières années, à savoir Euphoria, entouré de The Weeknd et Reza Fahim à la création.

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Officiellement annoncée depuis septembre dernier, la série (dont le tournage avait débuté fin 2021) devrait finalement arriver cette année, après un retard qui semble aujourd’hui trouver une explication pour le moins surprenante.

D’après une enquête révélée par le magazine Rolling Stone, le tournage des six épisodes de The Idol a connu de lourds imprévus et une réécriture presque intégrale, notamment après que la metteuse en scène initiale a démissionné aux trois quarts du chantier. Une production qui aurait frôlé le cauchemar, et flirté avec une surexploitation de technicien·ne·s, une sexualisation abusive et un budget inutilement dépassé, comme le rapporte l’enquête du Rolling Stone titrée ‘The Idol’: How HBO’s Next ‘Euphoria’ Became Twisted ‘Torture Porn’.

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“Une perspective trop féminine”

De base, c’est Amy Seimetz, coréalisatrice de la série The Girlfriend Experience, qui était chargée de mettre en scène la totalité des épisodes de The Idol. Sauf qu’en avril 2022, Seimetz a quitté le navire après avoir bouclé 80 % de la série. Une décision que HBO justifiait à l’époque par un besoin de “remaniement créatif majeur et d’adaptation du casting et de l’équipe”. Les témoignages recueillis par le Rolling Stone indiquent que le chaos organisationnel et les deadlines impossibles sont à la source de cette démission inattendue.

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À l’époque, le média Deadline partageait l’information selon laquelle ce départ était lié à une décision de l’artiste The Weeknd lui-même, acteur principal et crédité en tant que cocréateur du show, qui aurait regretté la “perspective trop féminine” amenée par la metteuse en scène, et qui donnait trop de place au personnage de Depp. C’est donc Sam Levinson, lui aussi cocréateur de la série, qui s’est chargé de mettre en scène The Idol, et c’est là que les choses se seraient compliquées.

Les conditions de tournage auraient été un fiasco, le calendrier indiquant une fin de production pour juillet, finalement étendue jusqu’à octobre. Un·e membre de la production confie :

“Je me disais que je ne pouvais pas avoir un travail qui me faisait pleurer tous les jours parce que je n’ai eu que deux heures de sommeil, et qu’on me tire dans 100 directions parce que personne ne sait ce qu’il fait, ou que personne ne sait ce qu’il veut parce qu’on ne sait pas ce qu’on filme.”

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“C’était comme n’importe quel fantasme de viol”

La version initiale de Seimetz, qui racontait “l’histoire d’une starlette en difficulté, victime d’un prédateur de l’industrie, qui se bat pour récupérer sa propre indépendance” aurait rapidement basculé vers une narrative provocatrice, subversive et hautement sexualisée. “C’était comme n’importe quel fantasme de viol que n’importe quel homme toxique aurait dans la série” partage un membre de la production.

Des scènes extrêmement sexualisantes et tordues auraient été intégrées au script, sans qu’elles ne soient finalement mises en scène lors du tournage, comme une séquence où le personnage de Lily-Rose Depp “s’enfonçait, le temps d’une soirée, un œuf dans le vagin, qu’elle ne devait pas briser au risque que son compagnon, joué par The Weeknd, ne la viole pas” nous apprend l’enquête du Rolling Stone. “C’était comme du porno de torture sexuelle”, confie une source. Pour des raisons évidentes et techniques, la scène n’aurait pas pu être tournée.

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Selon les sources de Rolling Stone, la première production gérée par Amy Seimetz avait un budget plafonné par HBO à 54 millions de dollars, mais qui aurait finalement été dépassé à hauteur de 75 millions de dollars. Levinson aurait donc tout bonnement gâché un tournage à 75 millions de dollars pour refaire exactement le même, en version plus sulfureuse et plus extravagante. Le budget de ce second tournage n’a pas été communiqué, mais on peut s’imaginer qu’il a coûté une somme pas trop éloignée — donc un budget bien élevé.

Une information compromettante quand on sait que HBO et HBO Max ont dû se restructurer et licencier 70 personnes l’été dernier, selon Rolling Stone. Un·e témoin raconte :

“C’est un exemple si flagrant de jusqu’où [Levinson, ndlr] peut vraiment pousser HBO. Et ils continueront de le couvrir parce qu’il rapporte de l’argent. […] Il est capable de s’en sortir indemne et tout le monde veut encore travailler avec lui. Les gens ignorent les ‘red flags’ et le suivent malgré tout.”

Rolling Stone, on vous a vexés ?”

Ni Levinson, ni The Weeknd n’ont accepté de répondre à l’enquête du Rolling Stone. HBO s’est défendu en affirmant que l’environnement de tournage était bel et bien “safe” contrairement à ce qu’affirme l’article, tandis que Lily-Rose Depp communiquait au magazine Variety que “Sam est, pour de très nombreuses raisons, le meilleur réalisateur avec lequel j’aie jamais travaillé.”

Suite à la sortie de l’enquête, The Weeknd a partagé sur ses réseaux sociaux un extrait exclusif de la série avec la légende Rolling Stone, on vous a vexés ?” L’extrait en question étant une scène où la réputation prétendument faiblissante du média Rolling Stone est tournée au ridicule.

Si on s’imagine que tout ce scandale va faire de la pub à la série, il semble important de souligner que de tels bruits de couloir s’entendaient déjà à propos du tournage d’Euphoria. En espérant que les chefs-d’œuvre du petit écran ne justifient jamais ce genre de chaos de production dans les coulisses, et que ce petit monde de l’entertainment se remette rapidement sur la bonne voie.