Canal+ et le cinéma français : une histoire d’amour qui s’étiole

Publié le par Lucille Bion,

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C’est un coup dur pour le cinéma français. Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, a annoncé vendredi dans les colonnes du Monde qu’il refusait de renouveler l’accord qui lie la chaîne avec l’industrie jusqu’à la fin de 2019.

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Depuis 1984, le groupe Canal+ est le premier partenaire financier du cinéma français, se targue Maxime Saada, en poste depuis juillet 2015. En ce sens, le successeur de Rodolphe Belmer a tenu à rappeler que si la chaîne cryptée refusait de prolonger le deal, il ne s’agissait certainement pas d’une guerre entre Canal+ et le cinéma français :

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“C’est une guerre politique et culturelle que le cinéma français doit mener collectivement pour assurer sa vitalité, sa singularité et sa capacité d’influence dans le monde. Il est urgent que nous nous rassemblions tous, pour préserver la diversité culturelle française et en français ; sauvegarder la capacité de la France et de l’Europe à rayonner artistiquement et intellectuellement dans le monde ; affermir, enfin, nos cultures comme socle de nos identités, collectives comme individuelles.”

Préserver l’exception culturelle française

Le PDG n’a pas hésité à pointer du doigt “l’hégémonie du soft power culturel des États-Unis”, “les blockbusters de superhéros colonisant l’imaginaire mondial au profit d’un cinéma de spectacle ultra-efficace mais destiné en priorité aux adolescents” ainsi que les programmes originaux Netflix recommandés sur la plateforme, “au détriment d’œuvres françaises d’ailleurs très peu représentées”.

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Concrètement, l’an passé Canal+ a soutenu 112 films et a dépensé 114 millions d’euros en achat de films. Le groupe a participé au succès de longs-métrages comme Entre les murs, La Vie d’Adèle et Dheepan, qui ont obtenu au Festival de Cannes une Palme d’or.

Pièce maîtresse du cinéma français, Canal+ s’est engagé jusqu’à la fin 2019 pour investir 12,5 % de son chiffre d’affaires dans des acquisitions de films européens ou consacrer la somme de 3,61 euros par abonné et par mois à la production de films en langue française, rappelle Première.

Dans la foulée, l’étude de la réforme de la chronologie des médias (c’est-à-dire le calendrier de sortie des films, d’abord dans les salles puis ailleurs) a également été interrompue, jusqu’à nouvel ordre. Cependant, si les négociations avec les organisations professionnelles de l’industrie viennent d’être stoppées, Maxime Saada a indiqué que de nouvelles mesures devraient être évoquées prochainement, “au cours du bilan d’étape de l’année, puis en début d’année prochaine pour convenir d’un calendrier de négociation”.

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