Adèle Haenel explique pourquoi elle s’est retirée du cinéma

Publié le par Arthur Cios,

(© Pyramide)

Dans une lettre destinée à Télérama, elle explique la raison politique de son retrait du septième art.

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Mais où est Adèle Haenel ? L’actrice, qu’on n’a (quasiment) pas vue depuis le sublime Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, prend enfin la parole, trois ans après sa mise en retrait – peu ou prou depuis la cérémonie des César 2020 et son départ de la salle au moment où Roman Polanski était récompensé du prix du Meilleur réalisateur pour J’accuse.

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En dehors d’entretiens pour le New York Times ou Mediapart, elle se faisait discrète. C’est dans le cadre d’un dossier de Télérama qui revient sur ce départ que cette dernière a répondu aux sollicitations du magazine par une lettre qu’il a publiée ici en intégralité.

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Adèle Haenel arrête le cinéma (à deux exceptions près)

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Elle explique en préambule :

“J’ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et, plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est.”

Elle dénonce un cinéma qui ne veut rester que “léger” alors même que “la biodiversité s’effondre, que la militarisation de l’Europe s’emballe, que la faim et la misère ne cessent de se répandre”. Elle cite aussi le mouvement social “historique” contre la réforme des retraites, expliquant qu’“on attend de voir si les pontes du cinéma comptent – comme les sponsors de l’industrie du luxe – sur la police pour que tout se passe comme d’habitude sur les tapis rouges du Festival de Cannes”, et évoque l’entre-soi bourgeois :

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“Remplir de vent l’espace médiatique a un but, celui de rendre l’ordre bourgeois aussi naturel que le bleu du ciel et de rendre inaudibles, marginales les voix de celleux qui organisent la résistance pour que tous les humains puissent vivre dignement et qui essaient d’arracher un avenir à cette planète. Continuer de rendre désirable ce système est criminel.”

Elle en profite pour accuser le monde du cinéma de “se donner la main pour sauver la face des Depardieu [accusé d’agressions sexuelles par 13 femmes, ndlr], des Polanski, des Boutonnat [président du CNC, accusé d’agressions sexuelles sur son filleul, ndlr] :

“Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféraient qu’on continue à disparaître et crever en silence. Ils sont prêts à tout pour défendre leurs chefs violeurs, ceux qui sont si riches qu’ils se croient d’une espèce supérieure, ceux qui spectacularisent cette supériorité en se vautrant dans des bruits de cochon, en chosifiant les femmes et les subalternes.”

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C’est ainsi qu’elle justifie sa mise en retrait qu’elle considère aujourd’hui de surcroît, et plus que jamais, politique :

“Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde.

Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l’argent et du pouvoir.”

L’actrice avait en effet montré son soutien aux mouvements sociaux, notamment à la raffinerie de Gonfreville.

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On vous encourage à lire la lettre d’Adèle Haenel sur le site de Télérama, juste ici.