5 raisons d’embarquer à bord du Compartiment n° 6

Publié le par Lucille Bion,

Présenté à Cannes, Compartiment n° 6 est une invitation au voyage parfaite pour l’hiver.

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#1. Une relation complexe

© Haut et Court

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Avec Compartiment n° 6, le cinéaste Juho Kuosmanen place Laura, une jeune Finlandaise, à bord d’un train en direction de la région de Mourmansk pour se rendre sur un site archéologique regorgeant de pétroglyphes. Le voyage sera long, inconfortable et encore plus insupportable lorsqu’elle s’aperçoit que son compagnon de voyage est un jeune homme porté sur l’alcool et à l’hygiène douteuse.

Lors de leur première nuit dans le wagon, Laura refuse de discuter avec son colocataire, excentrique et autoritaire. Au fur et à mesure de leur périple, leur relation va s’apaiser et ira là où on ne l’attend pas. Surprenant et haletant, ce feuilleton amical fait des montagnes russes, oscille entre amour et haine mais émeut, car il est écrit avec sensibilité et pudeur. Comme deux oiseaux en cage, les héros finissent par utiliser cette piste de rails pour prendre leur envol et trouver refuge dans des bras qui n’ont plus personne à serrer.

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#2. Un périple dépaysant

D’emblée, Compartiment n° 6 nous fait comprendre qu’il s’agit d’un road trip. Le décor est planté dans une soirée où l’on joue à deviner de quel roman est tirée la citation “Ce n’est pas où tu vas l’importance quand tu fuis, mais d’où tu pars”, avant que le “Voyage voyage” de Desireless ne résonne dans toute la pièce.

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Lorsque le wagon démarre, Laura entame un périple vers l’infini. Au cours de ce trajet interminable, elle papillonne de ville en ville sous une neige déshumanisant tout. De Moscou à Saint-Pétersbourg, elle fait des haltes chez l’habitant, au milieu de nulle part, le temps des arrêts protocolaires. En la suivant dans ses aventures, qui prennent parfois des allures de Crime de l’Orient-Express, le public devient passager et s’accroche à son siège du début à la fin.

#3. Un huis clos efficace

© Haut et Court

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En coinçant ses héros dans les couloirs étroits du train, parfois emmitouflés dans les couvertures miteuses de leur compartiment ou chassant l’ennui à coups de shots de vodka, le cinéaste imagine un voyage palpitant, théâtre des disparités sociales et culturelles.

De leurs discussions sur tout et rien à leurs dîners en tête à tête dans un wagon-bar qui a plus de charme que ceux de nos Ouigo français, les échanges entre ces protagonistes que tout oppose illustrent comment les voyages nous ouvrent l’esprit. Même à bord d’un tout petit compartiment cracra, les rêveurs y trouvent leur compte tant les connexions humaines sont décuplées.

#4. Une romance queer

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Au départ, Laura aurait dû faire ce voyage exploratoire avec Irina, sa petite amie. Mais comme cette dernière est retenue par du travail, l’héroïne partira seule et comprendra rapidement que son idylle n’est pas aussi parfaite qu’elle le pensait. Avec un cœur qui s’effrite et un goût amer dans la bouche, la Finlandaise solitaire profitera de sa solitude pour nous embarquer dans un récit d’émancipation sublime.

Si elle cache d’abord son homosexualité à son colocataire, Laura finira par lui révéler qui elle est vraiment et lui permettra d’assembler peu à peu les pièces du puzzle. Avec cette dimension LGBTQ+, le film donne à voir un univers volontairement plus inclusif où toutes les combinaisons amoureuses et amicales sont possibles.

#5. Une pépite présentée à Cannes

Après avoir été distingué du prix Un certain regard en 2016 lorsqu’il a présenté son premier film, Olli Mäki, Juho Kuosmanen est revenu au Festival de Cannes en 2021 pour présenter Compartiment n° 6. En s’inspirant du livre de Rosa Liksom, qui a incité plus d’un baroudeur à prendre ses cliques et ses claques pour monter à bord du transsibérien, ce jeune cinéaste a su séduire le jury puisqu’il a remporté le Grand Prix de la compétition officielle. Une belle récompense pour la reprise du cinéma !