3 choses à savoir sur Get Out, le film qui a explosé le box-office américain

Publié le par Louis Lepron,

© Blumhouse Productions

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Le film de Jordan Peele sortira en salles le 3 mai prochain.

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Il est parfois étonnant de voir à quel point un film peut, de façon tout à fait coïncidente, évoquer de manière subliminale l’actualité sociétale. À la fin du mois de février, le 24 exactement, soit un petit mois après l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis, Get Out sortait dans les salles américaines. Ce mercredi 3 mai, au beau milieu de ce fameux “entre-deux-tours”, le film débarquera sur les écrans français.

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Get Out raconte le périple de Chris, un Afro-Américain qui, par un beau week-end, est invité dans la famille de sa petite amie blanche. Une ambiance glauque, des parents étranges et des personnages noirs aux comportements suspects : Chris va connaître de nombreuses difficultés, dues à sa condition d’homme noir en Amérique.

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Get Out avait tout pour être un ovni cinématographique, une de ces productions indépendantes américaines à mi-chemin entre le film de genre horrifique et la comédie subtile, qui, confronté aux mastodontes ciselés des écuries Marvel ou DC Comics ne rapporterait pas grand-chose au box-office. C’est pourtant le contraire qui s’est produit. Pourquoi ? On vous explique tout.

#1. Le duo Jason Blum et Jordan Peele

On ne peut aborder Get Out sans parler de son producteur, Jason Blum, fondateur et directeur de Blumhouse Productions. S’il a laissé, à la fin des années 1990, le lucratif Projet Blair Witch lui passer sous le nez, Jason Blum a tenu au cours des années 2000 la barre du cinéma horrifique made in USA avec une particularité : une politique de rentabilité centrée sur la production de films à petit budget.

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On peut donc mettre à son actif les cinq Paranormal Activity, les deux Ouija, les quatre Insidious, les deux Sinister et les quatre American Nightmare ou encore le flop du faux docu The Bay (2012). Un maître du marketing horrifique, oui, même s’il faut aussi lui donner le crédit d’avoir soutenu, toujours en tant que producteur, une flopée de films indés, de Whiplash en 2014 au dernier M. Night Shyamalan, Split. Bref, le scénario de Get Out n’a pas été choisi par hasard.

Pour ce projet, Jason Blum s’est attaché les services du réalisateur Jordan Peele. Ce dernier est notamment connu en France pour avoir inventé… le “traducteur de colère” de Barack Obama. Mais si, souvenez-vous : nous sommes au mois d’avril 2015, lors du traditionnel dîner des correspondants de la Maison-Blanche. Le président américain invite alors sur scène, pour mieux traduire les subtilités de son discours, un “anger translator”.

Il s’agit de Keegan-Michael Key, avec lequel le réalisateur a créé la série télé Key & Peele pour la chaîne Comedy Central.

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#2. Un racisme qui ne dit pas son nom

Avec Get Out, Jason Blum sort de sa sémantique cinématographique habituelle en proposant un savoureux mélange entre horreur et comédie pour mieux décrire une société américaine confinée dans un racisme qui ne dit pas son nom. Le film a été pensé à partir de 2015, alors que le mouvement Black Lives Matter et que les événements de Ferguson faisaient la une des médias américains.

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L’idée originelle aurait été inspirée, selon Jordan Peele, par l’acteur et humoriste Eddie Murphy. Ce dernier racontait dans un sketch la rencontre prévue avec les parents de sa petite amie blanche. Le cinéaste, dont c’est le premier film, explique :

“Lorsque je parle de relations interraciales, ça me ramène à un domaine que je connais bien : l’humour. C’est un film qui reflète certaines de mes peurs, et certains problèmes auxquels j’ai été confronté.”

L’une des idées sous-jacentes de Get Out, c’est aussi d’exploiter les peurs de la communauté afro-américaine à travers le périple de Chris, pour mieux les déjouer, mais sans pour autant les diminuer ou les sous-estimer. En les soulignant de manière à les rendre caduques, Jordan Peele enfonce le clou : de nos jours, dans la communauté afro-américaine, une voiture de police s’arrêtant près d’une voiture conduite par un Noir est forcément perçue comme un danger.

À l’inverse, l’accueil de Chris dans une famille démocrate qui se réjouit d’avoir voté Barack Obama par deux fois insinue le fait que rien n’est gagné et que, comme le précise Jordan Peele, “des événements horrifiques se déroulent de manière souterraine”.

#3. Un record au box-office américain

C’était il y a près de vingt ans. À la fin du mois de juillet 1999, Le Projet Blair Witch sortait dans les salles américaines. Ce film d’horreur porté par une caméra subjective et une histoire de sorcières a été réalisé avec un budget de seulement 60 000 dollars (environ 56 000 euros). Au final, les recettes furent incomparables, se comptant en centaines de millions de dollars. Du jamais-vu pour un film de genre doté d’une histoire originale et d’une production aussi modeste.

Mais 2017 est passée par là, et Get Out avec. Le film, sorti il y a près de deux mois aux États-Unis, a déjà accumulé près de 190 millions de dollars de recettes pour un budget – presque ridicule – de 4,6 millions de dollars (4,3 millions d’euros). Sa prouesse ? Avoir battu financièrement Le Projet Blair Witch dans la catégorie premier film avec un scénario original. Un exploit à l’heure où le box-office américain regorge de suites, spin-off, sequels et autres productions à base de super-héros. À cela vient s’ajouter un troisième exploit : Jordan Peele est devenu le premier cinéaste afro-américain à dépasser les 100 millions de dollars de recettes pour un premier film.