3 bonnes raisons d’aller voir In the Mood for Love en version restaurée

Publié le par Lucille Bion,

Ce mercredi 21 juillet, le film phare de Wong Kar-Wai ressort en salles, pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos oreilles

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Il y a un peu plus de 20 ans, Wong Kar-Wai présentait au Festival de Cannes son chef-d’œuvre intemporel, In the Mood for Love et n’allait pas tarder à s’inscrire durablement dans le patrimoine cinématographique. Pour son anniversaire, le film vient d’être projeté sur la plage de la Croisette au début des festivités, avant qu’il ne s’offre une véritable ressortie en salles, en 4K et version restaurée ce mercredi 21 juillet.

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Le réalisateur hongkongais a imaginé la rencontre de deux couples voisins qui déménagent, hasard du calendrier, le même jour. Quand ils terminent leur journée de travail, Mme Chan, une secrétaire très sérieuse et M. Chow, le rédacteur en chef d’un journal local, finissent par errer dans les rues, comme des âmes solitaires, puisque leurs conjoints sont souvent absents. En réalité, les laissés pour compte ne tarderont pas à s’apercevoir que leurs conjoints respectifs sont devenus amants.

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Sous la pluie, dans un taxi ou au restaurant, les deux protagonistes vont commencer à se rapprocher, se soutenir et se donner rendez-vous en cachette sur la musique enivrante du Japonais Shigeru Umebayashi, entre lenteur et mouvements de caméras au ralenti, cristallisant une photographie sublime et jamais égalée. 

Après Les Cendres du temps, le cinéaste retrouve ses acteurs fétiches Maggie Cheung et Tony Leung, le temps d’une romance sombre et passionnée. Au festival de Cannes, où le film est présenté en compétition officielle en 2000, Tony Leung obtient le prix d’interprétation masculine. De son côté, la très élégante Maggie Cheung (son maquillage et sa coiffure prenaient en moyenne cinq heures de préparation par jour !) a été récompensée du prix de la Meilleure actrice au Golden Horse Awards. L’année suivante, le film a reçu le César du Meilleur film étranger. 

Derrière ce film culte ovationné par la critique, se cache un véritable parcours du combattant pour l’équipe du film, entre tournage à rallonge, remaniement du scénario et déconvenues financières. Pour ceux qui seraient passés à côté de cette œuvre phare de Wong Kar-Wai, voici trois raisons de courir s’acheter un ticket. 

#1. Pour sa BO apaisante

C’est l’une des bandes originales les plus marquantes du cinéma. Elle apparaît au total neuf fois dans le film, essentiellement pour camoufler les élisions du film. Cette valse triste composée par le musicien japonais Umebayashi Shigeru était initialement écrite à l’origine pour le film Yumeji, dernier volet de la trilogie Taisho de Suzuki Seijun. Intitulée ainsi “Le thème de Yumeji”, cette mélodie entêtante permet de souligner la fulmination des passions dans In the Mood for Love.

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Pour Wong Kar-Wai, qui traite de la fidélité et de la sincérité des relations, ce thème fait aussi écho à sa propre perception de la détérioration des bonnes manières et de la morale dans le Hong Kong du début des années 1960. 

#2. Parce que c’est l’une des plus belles histoires d’amour du cinéma

On évoque souvent Titanic, Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou encore Sur la Route de Madison pour parler des histoires d’amour au cinéma, avec un grand A. Mais In the Mood for Love mérite tout autant sa place dans ce classement. Subtile et pudique, cette romance se consacre entièrement aux sentiments amoureux mais refuse de se transformer en véritable histoire d’amour, comme l’a expliqué Wong Kar-Wai dans l’ouvrage de Tony Rayns : 

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“Je savais depuis le tout début que je ne voulais pas réaliser un film qui parle d’une liaison. Il aurait été trop ennuyeux, trop prévisible, et n’aurait pu se finir que de deux façons : soient ils terminent ensemble soit ils renoncent l’un à l’autre et reprennent leurs vies ordinaires. Ce qui m’intéressait, c’était la façon dont les gens se comportent et entretiennent des rapports dans des circonstances telles que celles de ce récit-là, la façon dont ils gardent et partagent des secrets.”

Avant la présentation du film au Festival de Cannes, le cinéaste avait filmé les ébats sexuels de Monsieur Chow et Madame Chan mais s’était rétracté au profit d’un scénario plus chaste, mais non moins ambigu. De fait, et c’est la force du film, In the Mood for Love repose sur les incertitudes vacillantes des protagonistes, en lutte contre leurs sentiments complexes. 

#3. Pour sa mise en scène sublime

Tourné à Pékin et Macao pendant 15 mois, le film a été délocalisé en plein milieu du tournage à cause des autorités chinoises qui imposaient à Wong Kar-Wai de lire le scénario pour poursuivre la production. Sur fond de crise économique asiatique, le tournage a épuisé financièrement et physiquement l’équipe du film qui a fini par trouver la tonalité de l’œuvre à Bangkok. À ce propos, Wong Kar-Wai a toujours laissé entendre que “tourner In the Mood for Love a été l’expérience la plus difficile de [sa] carrière.

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Malgré ces aléas géographiques et les nombreux cameramen crédités sur le film, In the Mood for Love reste un véritable délice pour nos rétines, avec ses couleurs rougeoyantes et verdâtres, réhaussées grâce à cette ressortie en 4K. Comme un tableau mouvant, cette romance est teintée de grâce et d’images sublimes qui ne sous-tendent pas un récit linéaire et concret. Tout en retenue, Wong Kar-wai dépeint, à contre-courant, une idylle charnelle et envoûtante. 

(© The Jokers / Les Bookmakers)