Straight Outta Compton : ce qui est vrai, ce qui est faux dans le biopic sur NWA

Publié le par Antonin Gratien,

VRAI : Ice Cube et Dre étaient dans le viseur du FBI.

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Compton. Dans cette banlieue de Los Angeles déchirée par la guerre des gangs, le deal et les violences policières, six gosses veulent dire leur réalité à travers une passion commune : la musique. Alors, ensemble, ils se regroupent sous la bannière de NWA. Straight Outta Compton raconte la folle ascension et le brutal déclin de ce crew, pionnier du gangsta rap.

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Carton surprise au box-office avec près de 200 millions de dollars engrangés, le biopic réalisé par F. Gary Gray sur “le groupe le plus dangereux du monde” (c’est la campagne de promo du film qui le dit) a été confectionné sous les regards attentifs de Dr. Dre, Ice Cube et l’ex-compagne de Eazy-E, Tomica Woods-Wright, en tant que producteurs. Ajoutez à cela MC Ren and DJ Yella aux postes de consultants, et vous obtenez (presque) tous les représentants du groupe originel. L’assurance d’un récit au plus proche de la réalité ? On fait le point.

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1. Faux : la genèse de “Fuck Tha Police”

Dans le film, Ice Cube accouche des fameux lyrics du hit après que lui et les membres des NWA ont été harcelés sans motif par des policiers devant leur studio d’enregistrement. Jerry Heller – un temps manager des NWA – mentionne un épisode similaire à travers ses mémoires, Ruthless. Mais en réalité Ice Cube avait l’idée du titre depuis bien longtemps ; l’inspiration lui est venue de cas de discriminations policières dont il a été témoin ou victime – mais pas de celle spécifiquement montrée à l’écran.

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2. Vrai : le chaos au concert de Détroit

C’est l’une des scènes phares de Straight Outta ComptonAprès qu’une unité de police de Detroit ait exigé du groupe qu’il n’interprète pas Fuck Tha Police sur scène, Dre balance les premières notes du titre. Et à Ice Cube de kicker : Fuck tha police, comin’ straight from the underground… Des policiers sous couverture tentent alors d’intercepter les membres de NWA. Ce qui donne lieu à une scène de révolte de la part du public – forcément bien échaudé. Tout ça est véridique. La seule différence étant que, dans les faits, le groupe est parvenu à se faire la malle alors que dans le film, tous les membres sont embarqués par la police le soir même.

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3. Vrai : le FBI en avait après NWA

Dans des États-Unis traversés par des tensions raciales, le groupe avait tout d’un emblème de révolte sinon à abattre, du moins à contrôler. À tel point que le FBI a décidé de se mouiller. Comme illustré dans le film, le label Ruthless Records reçoit une lettre de l’assistant directeur du service de renseignements stipulant : “L’un des titres de l’album Straight Outta Compton (Fuck tha Police, bien sûr) encourage l’usage de la violence contre les forces de l’ordre. […] Préconiser cela est mauvais […] je voulais que vous soyez au fait de l’opinion du FBI sur le sujet.”

Dans le jargon, on appelle ça un “coup de pression”. Pas de quoi démonter les NWA, toutefois, puisque le groupe ne s’est jamais censuré. Cette missive, emblème historique d’un essai de contournement du premier amendement de la constitution américaine sur la liberté d’expression, est exposée au Rock & Roll Hall Of Fame de Cleveland. La voici :

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4. Vrai : Ice Cube a quitté NWA à cause de Jerry Heller

Il l’a mauvaise, Ice Cube, dans le film. Et on le comprend. Principal parolier du groupe, le MC se sent mis de côté par le tandem Eazy-Heller. Lui mange des sandwichs, eux gloutonnent des homards. Un soir, le manager de NWA lui demande de signer un contrat. Sentant qu’il est sur le point d’être floué, Cube quitte le groupe. De fait, le rappeur a effectivement claqué la porte en 1989 à cause d’un contentieux avec Heller autour des droits d’auteur, après avoir consulté celle qui allait devenir sa future manageuse : Pat Charbonnet. “Elle m’a poussé à reconnaître que la situation n’était tout simplement pas juste”, a-t-il déclaré auprès du Guardian.

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5. VRAI : Eazy-E a voulu tuer Suge Knight

Enfin, c’est ce que Jerry Heller rapporte. Conformément à l’histoire, le film montre Eazy-E être tabassé par le producteur Suge Knight. Dans une interview réalisée en 2013, Jerry Heller raconte qu’Eazy-E lui aurait déclaré, en réaction : “Je vais le descendre, Suge va être un problème et je vais le descendre.” Dans ce même entretien, l’ex-manageur révèle qu’il accorde crédit aux théories selon lesquelles Suge Knight aurait injecté le VIH à Eazy-E. Et serait donc responsable de sa mort, en 1995. Une hypothèse née de l’intervention du producteur sur le plateau de Jimmy Kimmel dont vous pouvez retrouver un extrait ici :

6. FAUX : la reformation de NWA

Peu avant qu’il apprenne être atteint du VIH, le personnage d’Eazy-E met ses griefs de côté avec Ice Cube et Dre pour proposer, à l’un et à l’autre, la réunion de leur groupe. Tous deux acceptent. Mais Eazy-E décède trop tôt pour qu’ils puissent à nouveau enregistrer ensemble. Et lorsque Dre le visite sur son lit de mort, il lui parle, la larme à l’œil, des musiques qu’il a préparées en prévision de la renaissance du crew. Dans les faits, Ice Cube a effectivement donné son accord de principe pour faire renaître NWA de ses cendres. Ce qui n’est pas le cas de Dre.