Le commerce du sexe : les 5 infos chocs qu’on a retenues du docu sur les sordides coulisses de la prostitution

Publié le par Antonin Gratien,

Mineures exploitées, système de notation des "services", emprise ultra-violente du proxénétisme…

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Enfer. C’est le mot qui vient spontanément à l’esprit, après avoir vu Le Commerce du sexe. Dans ce documentaire, la réalisatrice Ève Lamont traque les sinistres ressorts du “business” des corps du côté de son Québec natal. Que ce soit en s’infiltrant à l’aide d’une caméra cachée dans les “bars à services” de la province canadienne, ou en donnant directement la parole aux concernés. Au fil de l’enquête, clients, proxénètes et travailleuses du sexe brossent le lugubre portrait d’une industrie tentaculaire. Et sans merci.

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Éclairages, en cinq points.

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1. Les rabatteurs visent des mineures en difficulté, et les pistent jusqu’à leurs lieux d’étude

Pour jeter sur le pavé de nouvelles victimes, un ex-rabatteur explique s’être systématiquement orienté vers un profil précis. Celui de “jeunes en fugue”, “vulnérables” avec des “blessures intérieures”. Ces dernières sont parfois créées par les proxénètes eux-mêmes. “Certains n’hésitent pas à orchestrer des viols” pour pousser de potentielles travailleuses à tomber dans les filets de la prostitution, déplore Rita Acosta, membre du Mouvement contre le viol et l’inceste.

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Puis de préciser que “l’âge moyen d’entrée dans la prostitution oscille entre 13 et 14 ans”. Et que les rabatteurs n’hésitent pas à approcher des mineures près de leurs écoles, dans les bars ainsi que sur les réseaux.

2. La pression des maquereaux est constante – et brutale

Après avoir tendu leur piège en se faisant passer pour d’honnêtes protecteurs – voire de parfaits gentlemans les maquereaux révèlent leur vrai visage. Celui de trafiquants obsédés par la “rentabilité”. Plusieurs travailleuses expliquent que ces “bienfaiteurs” maintiennent un contrôle continu en les mitraillant de textos ou d’appels téléphoniques, pour leur rappeler qu’elles doivent réaliser des passes, encore et encore.

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Et dans le cas où les travailleuses n’assurent pas un revenu “minimum”, elles sont pour certaines battues et torturées. Le superviseur des enquêtes canadien Dominic Monchamp rapporte l’histoire d’une prostituée brutalisée par son “mac” si elle ne ramenait pas au moins 300 euros, chaque soir. Et obligée de travailler même lorsqu’elle était enceinte, sous peine de énièmes agressions.

3. Jusqu’à 16 clients par jour

Afin de précipiter de nouvelles filles vers la prostitution, les maquereaux utilisent comme appât la perspective de salaires mirobolants pour un travail “facile”. Mais la réalité est tout autre. Une escort raconte des semaines passées 7J/7 à “attendre entre quatre murs” le flot de clients. Huit, dix, douze… Parfois jusqu’à seize, en moins d’une journée. Toujours avec l’impératif de paraître “resplendissante de bonheur et d’envie”.

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D’autres intervenantes se souviennent des interdictions de s’asseoir lorsqu’elles travaillaient dans des bars “à service”. L’impossibilité de prendre des pauses, la manière dont certains maquereaux les poussaient à consommer des drogues afin de tenir le coup – et, surtout, générer de nouvelles addicts à leurs produits.

4. “On choisit une fille comme si c’était une pizza”

Voilà la formule coup de poing utilisée par le journaliste Victor Malarek pour illustrer la méthode de “sélection”, effectué par les clients. Cheveux, poids, mensuration… Tout est mentionné par les agences. Et instrumentalisé, afin d’alimenter le fantasme. Ainsi, par exemple, des références aux origines des travailleuses du sexe, présentées comme de précieux leviers érotiques. Et souvent adossé à plusieurs stéréotypes racistes.

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Une intervenante explique par exemple avoir plusieurs fois dû “coller” à l’image de “l’Asiatique docile” pour répondre aux attentes des clients. Et si elle avait refusé ? Eh bien, elle aurait pu se voir attribuer une mauvaise note sur le web. Car oui, une foule de clients forment des communautés online pour attribuer des scores aux travailleuses du sexe en fonction de leur physique. Mais aussi de leur “coopérativité”.

5. Quitter le circuit de la prostitution relève du chemin de croix

Les proxénètes n’ont évidemment aucun intérêt à laisser s’échapper de leurs griffes des femmes pouvant rapporter jusqu’à 100 000 dollars par an. Alors, lorsque des travailleuses du sexe leur annoncent qu’elles souhaitent tourner le dos à la prostitution, ils usent de tous les stratagèmes pour les maintenir sous leur coupe. Certains exigent des sommes pharaoniques en échange de la “libération” espérée. D’autres font planer la menace d’un passage à tabac. Voire promettent de mettre à prix la tête leur “protégée”, si celle-ci venait à s’enfuir.

Et une fois le chapitre de la prostitution définitivement clôt, demeurent les séquelles. Le brouillage des notions d’espace-temps. L’impossibilité de se considérer comme “victime”, les pulsions suicidaires. Le reflux des horreurs, des hantises, des traumas. “En tant que travailleuse du sexe, on peut pas exister, se respecter, se laisser vivre – c’est impossible”, résume une survivante de la prostitution, en s’arrachant au silence auquel elle avait été, des années durant, contrainte.