5 infos qu’on a retenues sur le plus hardcore des cinéastes avec le docu Michael H. Profession : director

Publié le par Antonin Gratien,

Sans surprise, le réal' du Ruban Blanc n'est pas hyper, hyper, jojo.

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Conspué par certains, admiré par d’autres, Michael Haneke fait partie de ces cinéastes à la patte si singulière qu’ils finissent inévitablement par cliver l’opinion. On le dit “froid”, mais aussi “vrai”. “Cruel” mais “réaliste” etc, etc. Pour cerner la démarche du réalisateur, par-delà ces adjectifs qui lui sont si fréquemment accolés, on s’en penché sur Michael H. Profession : director. Un docu’ qui plonge la tête la première dans les coulisses de son travail, grâce à de précieuses archives de tournage, ainsi que les témoignages de ses acteurs phares. Car oui, nos Isabelle Huppert, Juliette Binoche et Jean-Louis Trintignant nationaux ont tous leurs mots à dire, sur l’ambition et la méthode de celui qui les a, au moins une fois, dirigé.

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Voilà ce qu’on a retenu de ce long-métrage fleuve, tourné sur plus de 20 ans par Yves Montmayeur. Aka les doigts de fée renommées pour avoir confectionné les making off du réalisateur. Focus. 

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1. À la base, Haneke voulait être acteur

C’était un “rêve d’adolescence”. Dans une séquence, le réalisateur autrichien explique être venu dans la capitale viennoise pour “un examen d’admission” lié à ce projet. Bilan des courses ? “Par chance je n’ai pas été retenu”, confie simplement le cinéaste. Pour autant, Haneke n’a jamais tout à fait abandonné cette vocation première. Exemple ? Lorsqu’il donnait des cours réalisation cinématographique à l’Académie de musique et des arts du spectacle de Vienne, Haneke a admit qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’interrompre ses élèves. Histoire pour montrer comment il fallait “jouer”. Une manière de compenser, sans doute.

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2. “Montée du nazisme raffiné”, “très immoral”… À sa présentation cannoise, Funny Games avait fait crisser

Comme un coup de tonnerre, au creux de l’ambiance glam-chic de la Croisette. En 1997, Haneke présente son 4e long-métrage dans l’indignation et la stupeur. C’est que Funny Games est pour le moins dérangeant. Brut, le film retrace avec une distance que certains ont jugé insupportable l’odyssée sanglante de deux jeunes hommes, résolus à réduire en charpie une famille – innocente, bien sûr. “J’ai dis aux garçons qu’ils jouaient une comédie, alors que j’ai demandé aux autres de jouer la souffrance avec réalisme (…) Ça fait un effet terrible. Cette indifférence totale donne une nouvelle dimension à la douleur”, détaille le cinéaste. Avant de souligner qu’avec ce film il avait, au passage, brisé deux grands tabous du thriller : s’en prendre aux animaux, et aux enfants. Pas étonnant que Cannes ait vu rouge.

3. Le Ruban Blanc est en partie autobiographique

L’info est d’autant plus précieuse que Haneke n’est pas franchement connu pour s’épancher sur les liens entre sa filmographie, et son parcours perso. En fait, il tient même en horreur ces analyses “psychologisantes” : “quand on fait des films exposant des vérités déplaisantes, le public cherche très vite à éviter d’y être confronté. Et le moyen le plus efficace pour y parvenir est d’attribuer cette vision à la personnalité du réalisateur, d’analyser son mental. Comme si c’était parce que sa mère ne l’avait pas assez aimé qu’il produisant des choses aussi dures – c’est trop simple”.

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Bref, Haneke ne fournit jamais d’éléments d’interprétation biographiques. Sauf ici, où il admet que le film qui lui a valu sa première Palme d’Or en 2009 puise en partie dans ses “souvenirs”. Mais encore ? Laconique comme à son habitude, le cinéaste révèle tout au plus que la scène de discussion entre deux enfants autour de la mort vient de sa propre enfance. Et qu’il a adopté le noir et blanc parce que sa “mémoire visuelle de l’époque” est elle-même de ces couleurs. Sous forme d’archive, quoi.

4. Adopter la “réduction” et embrasser “l’obscène” : méthode

C’est un peu la marque de fabrique de Haneke. Dégoûter par “l’art du divertissement, celui qui remplit les salles”, le réalisateur cultive une approche qui vise systématiquement l’obscène, “c’est-à-dire le moyen de transpercer les choses permises” à travers un travail de mise en scène qu’il baptiste “réduction”. “On peut tout vendre avec une esthétique de beauté. Avec mes films “réalistes”, j’essaie de révéler cette fausse harmonie de la “beauté” au sens traditionnel, au sens de pur. La vraie beauté réside dans l’exactitude, les images exactes (…) La réduction est la partie la plus importante dans le travail artistique : tout d’abord identifier le superflu puis l’éliminer, le faire disparaître”. Suivez la recette et vous obtenez la fameuse approche “chirurgicale” de Michael Haneke, souvent accusée de manque d’empathie. Voire de perversion.

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5. Haneke est un sacré déconneur !

Bon, en vrai, pas tellement. Sur toutes les séquences, le réalisateur apparaît vêtu sobrement, en noir, et explique volontiers que son penchant à représenter la souffrance vient de sa propre peur de souffrir (comment tout un chacun, non ?).

Côté entourage, l’immense Jean-Louis Trintignant confie, à propos de celui qui se présente lui même comme un “maniaque du contrôle”, que : “c’est un type… Faut pas déconner (…) on s’amuse pas beaucoup. Lui s’amuse beaucoup. Mais tous les autres, les techniciens, les acteurs, on a peur, c’est tendu hein”. De fait, le documentaire donne à voir deux trois moments où Haneke pète une durite en plein tournage. Et, clairement, ça donne pas envie d’être dans le coin à ce moment-là. On vous avait prévenu : pas hyper, hyper, jojo le Michael. Doit-on s’en étonner, étant donné le coté un tantinet darkos de sa filmo’ ? Non. Est-ce-que l’info l’arrache au cercle so select des génies du cinéma ? Non plus, évidemment. Cœur sur toi, Michael.

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