Violences faites aux femmes : la phrase du président chilien qui ne passe pas

Publié le par Astrid Van Laer,

Sebastián Piñera, le 3 mars. © Sebastián Vivallo Oñate/Agencia Makro/Getty Images

"Nous devons également dire à la personne maltraitée qu'elle ne peut pas permettre que cela se produise", a-t-il dit.

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Pour le président du Chili Sebastián Piñera, “la position des femmes maltraitées” pourrait expliquer les viols et agressions sexuelles qu’elles subissent. C’est une déclaration qui peine à être comprise, d’autant plus que le chef d’État a tenu ces propos lors du discours de promulgation de la loi Gabriela.

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Cette loi a été adoptée pour lutter contre les féminicides au Chili. Elle étend la définition juridique de féminicide à tout crime lié au genre, alors que, auparavant, il fallait que l’auteur du crime ait été marié ou en concubinage avec la victime.

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M. Piñera a donc déclaré : “Nous devons corriger celui qui commet un abus, et nous devons aussi dire à la personne qui a subi un abus qu’elle ne peut pas permettre que cela arrive.” Avant d’ajouter :

“Nous devons corriger l’agresseur, et nous devons également dire à la personne maltraitée qu’elle ne peut pas permettre que cela se produise et que la société dans son ensemble l’aidera et la soutiendra pour dénoncer et empêcher que ces événements arrivent à nouveau.”

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“C’est inacceptable et c’est une offense aux familles des victimes”, s’est indignée la députée chilienne Camila Vallejo.

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Face à la multiplication de réactions scandalisées, le président chilien a réagi et publié un message, dans lequel il assure :

“Que les choses soient claires : je n’ai jamais dit que les femmes pouvaient être responsables. Ce que j’ai dit, c’est que beaucoup de femmes abusées ne peuvent pas dénoncer et ne reçoivent pas une protection efficace à temps. C’est pourquoi il y a la loi Gabriela et notre politique de tolérance zéro vis-à-vis des violences et abus faits aux femmes.”

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“Le coupable ce n’est pas moi, ni mes fringues, ni l’endroit”

Toutefois, si le projet de loi va effectivement dans le bon sens, ce n’est pas la première fois que le président tient des propos sexistes et problématiques. Sur les réseaux sociaux, d’anciennes prises de parole du président ressurgissent sous forme de compilations vidéo.

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On peut notamment l’entendre dire lors d’un discours public : “On va appliquer le vieux et sage principe de la minijupe, qui doit être suffisamment longue pour couvrir l’essentiel et suffisamment courte pour attirer l’attention”. On retrouve également un extrait d’une blague racontée par le chef d’État en 2011, que voici :

“Quelle est la différence entre un politicien et une dame ? Quand un politicien dit oui, il veut dire peut-être, quand il dit peut-être, il veut dire non et s’il dit non, ce n’est pas un politicien. Quand une dame dit non, elle veut dire peut-être, quand elle dit peut-être, elle veut dire oui et si elle dit oui, ce n’est pas une dame.”

Le président, dont des milliers de manifestants chiliens demandaient la démission en novembre dernier, était d’ailleurs directement mis en cause dans une chanson désormais célèbre, titrée “Un violador en tu camino”.

Dans le refrain de cette chanson reprise tel un hymne dans le monde entier pour dénoncer et lutter contre les violences faites aux femmes, on peut effectivement entendre :

“Et le coupable ce n’est pas moi, ni mes fringues, ni l’endroit,
Le violeur c’était toi,
Le violeur c’est toi,
Ce sont les policiers, les juges, l’État, le président.”