Violences conjugales : le Grenelle annoncé par le gouvernement ne convainc pas

Publié le par Astrid Van Laer,

Rassemblement pour lutter contre les féminicides, le 6 juillet à Paris. © Martin BUREAU / AFP

"Monsieur le Président, les violences ne prennent pas de vacances", interpelle le collectif Nous toutes.

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Depuis le 1er janvier 2019, 75 femmes ont été assassinées par leur conjoint en France. La réponse du gouvernement à cette succession de féminicides ? L’organisation d’un Grenelle pour lutter contre les violences conjugales, qui se tiendra le 3 septembre prochain.

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Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a effectivement annoncé que le gouvernement allait lancer une “mobilisation nationale” pour lutter contre les violences conjugales. Et elle l’assure : “Depuis deux ans, le gouvernement agit sans relâche.” Avant d’expliquer que ce grenelle est “une première” :

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“Il sera introduit par le Premier ministre et réunira les ministres concernés, acteurs de terrain, services publics, ­associations, familles de victimes, afin de construire ensemble des mesures efficaces pour enrayer ce phénomène.

Nous lançons autour du Grenelle une mobilisation nationale avec une grande consultation citoyenne, et une campagne pour interpeller toute la société. “

“Nous n’avons pas le temps d’attendre”

Sauf que, pour beaucoup de militant·e·s, parmi lesquel·le·s le collectif “Nous toutes”, cette réponse est loin d’être satisfaisante car “nous ne pouvons pas attendre le 3 septembre, nous n’avons pas le temps”. “Monsieur le Président, les violences ne prennent pas de vacances”, assure-t-il.

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Pour les activistes de Nous toutes, “des mesures peuvent être prises avant l’été”. Et le collectif de poursuivre dans un communiqué, qui explique ne plus vouloir “de discours, mais des actions” :

“Nous demandions des mesures d’urgence. Nous avions des propositions précises. Le gouvernement annonce une réunion dans deux mois et des résultats dans cinq. Le décalage est flagrant.”

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Le collectif demande des mesures davantage concrètes, comme l’“articulation entre le civil et le pénal”, “l’élargissement de l’ordonnance de protection”, le fait de “trouver des places en sécurité aux enfants de victimes de violences” ou encore de “trouver des solutions d’hébergement aux victimes”.

Interrogée sur France Inter ce matin, Marlène Schiappa a tenté de rassurer ses détracteurs en promettant : “Ce n’est pas parce que le Grenelle des violences conjugales commence le 3 septembre que nous restons les bras croisés en attendant.” Mais en vain.

“Bah oui, les connards violents sont en vacances et retiennent leurs coups jusqu’à la rentrée, c’est bien connu”

“Un Grenelle en septembre. En attendant, les filles, si vous êtes battues, allez aux urgences, bonnes vacances” : sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes ont également rejoint le point de vue des associations et signifié leur déception après les annonces du gouvernement :

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Un slogan a été également repris à plusieurs reprises ce week-end, pour demander “de l’oseille, pas un Grenelle !” :

L’actrice Muriel Robin, qui était présente au rassemblement organisé samedi à Paris, a pour sa part déclaré au Parisien : “On ne va pas les lâcher. Les mots, c’est bien, mais il ne faudrait pas que les mesures prennent cent ans. On jugera sur pièce.”

Le mois dernier, Konbini news avait recueilli le témoignage de Laura, une jeune femme venue lancer un “appel à l’aide” après que son conjoint qui a tenté de la tuer avait été remis en liberté en l’attente de son procès. “La justice ne m’entend plus”, déplorait-elle, expliquant : “Le temps de la justice n’est pas celui des victimes.”