Victime de viols conjugaux, Capucine témoigne : “Je pouvais pleurer, il n’en avait absolument rien à faire”

Publié le par Julie Breon,

Il s’agissait de son premier copain, avec qui elle est restée en couple du collège au lycée. #metooviolconjugal

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Capucine Coudrier, @ovairestherainbow sur Instagram, a subi des viols conjugaux de ses 15 à ses 18 ans. “Les violences dans notre couple, elles ont d’abord commencé au niveau psychologique”, nous a-t-elle confié.

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“Je n’avais pas le droit de parler avec mes copines. Je devais tout le temps être avec lui uniquement. Si je mettais un décolleté, il allait me dire : ‘Tu es habillée comme une pute.’ Si je mettais quelque chose, au contraire, d’assez fermé, il allait me dire : ‘Non, mais là, on dirait une grand-mère, une coincée.’ Moi, j’avais l’impression de ne jamais être assez bien pour lui.”

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S’en sont suivies des violences physiques : “Une fois, il m’avait jeté sa chaussure au visage”.

“C’était un affront de ne pas vouloir coucher avec lui”

Pour son copain de l’époque, si Capucine se devait de coucher avec lui, c’est parce que c’était sa copine et qu’elle “devait avoir envie”. Pour tenter de lui échapper, il lui arrivait de “faire semblant de dormir”, en vain : “Il m’a déjà touchée sans mon consentement.”

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Lorsqu’elle lui disait non, il y avait deux cas de figure. Le premier : prendre sur elle et “faire un effort”, en se disant que “ça n’allait pas durer longtemps”. “J’essayais de penser à autre chose et de me laisser faire”, nous a-t-elle expliqué. Même si elle pouvait pleurer pendant l’acte, “il n’en avait absolument rien à faire”.

Le deuxième cas de figure : réussir à lui tenir tête et dire non. Frustré, “il allait se mettre vraiment en colère et me punir pour le fait de me refuser à lui”. La punition : la pousser du lit et la forcer à dormir par terre, sans oreiller ni téléphone. Dans ces cas-là, hors de question de remonter dans le lit tant qu’elle n’avait pas cédé.

Pourquoi on reste dans ces relations de violence

“Il faut bien prendre conscience qu’il y a tout un cycle d’emprise”, a affirmé Capucine. Ce cycle, qui s’étale sur quatre phases, commence par une phase de tension, avec un “climat de peur qui s’installe”. Vient ensuite la phase d’agression, “où les violences sont commises”. Elle est suivie de la phase de justification, “où l’auteur de violences va expliquer que les violences sont de ta faute à toi”. La dernière est la phase de “lune de miel”.

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“C’est le moment où l’agresseur va s’excuser. Il va changer de comportement. Il va faire de belles promesses. On n’arrive pas à sortir de ce cycle-là parce qu’on n’a plus envie de le quitter, on se dit : ‘OK, il a vraiment changé.’ Ce n’est pas si simple de partir et de passer à autre chose.”

Le déclic de la rupture

Après avoir tenté de le quitter à plusieurs reprises, Capucine a franchi définitivement le pas après avoir appris qu’il l’avait trompée alors qu’elle venait de perdre sa grand-mère : “Ça a été l’élément déclencheur pour réussir à partir.”

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Alors qu’elle commençait à aller mieux, pour lui, “ça a été insupportable” : “Il me menaçait sur ce qu’il pouvait faire si je ne revenais pas avec lui, donc par exemple, il pouvait taper dans les murs et m’envoyer des photos de ses poings en sang et me dire : ‘Voilà, regarde ce que je me fais. Si tu ne reviens pas avec moi, je vais me suicider. Tu auras ma mort sur ta conscience.'”

Capucine a déposé plainte en octobre 2020. En juin 2022, elle a appris que celle-ci avait été classée sans suite. En garde à vue, son ex a assuré avoir été “un petit peu insistant” mais qu’il ne l’avait “jamais forcée à rien”. “C’est tellement injuste parce qu’en tant que victimes de violences sexuelles, nous, les conséquences de ce qu’on a vécu, on les a toute notre vie, plus ou moins, donc nous, c’est un peu une condamnation à perpétuité”, a déploré Capucine.

Alma, également victime d’un viol conjugal

Alma, @alma_mng sur Instagram, a elle aussi été victime. Après être restée en couple pendant quatre ans avec son copain rencontré au lycée, celui-ci lui annonce qu’il n’est “plus sûr de l’aimer”. Interviewée par Konbini news, elle nous a raconté son histoire.

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“J’étais bouleversée. Il m’a prise dans ses bras, m’a posée sur son lit, on a commencé à se battre. J’ai fini sur le sol, il m’a plaquée. Il a fini par réussir à me déshabiller, m’a attaché les mains avec ma ceinture. J’ai réussi à me libérer une fois et il m’a à nouveau attachée plus fort. Là, je n’arrivais pas à me débattre. Il s’est déshabillé et m’a violée sur le sol.”

Tout comme Capucine, Alma ne s’est pas rendu compte de suite qu’elle avait été violée : “Je savais que ce qu’il s’était passé n’était pas normal mais je n’arrivais pas à mettre le mot viol dessus, à me rendre compte que cet homme pouvait être mon agresseur.” Après avoir pris conscience de la situation, deux ans après, elle a déposé plainte : “J’ai vu la juge d’instruction le 1er juillet, elle m’a dit qu’elle me donnerait des nouvelles d’ici six mois. C’est à elle de décider s’il y a assez de preuves pour aller jusqu’au procès.”

Un hashtag pour libérer la parole

Alma est présidente de l’association féministe Main Violette Caen. Elle a décidé de lancer le hashtag #metooviolconjugal et a également créé un compte Instagram pour regrouper les témoignages. “En deux semaines, on a publié 31 témoignages et tous les jours, on en reçoit des nouveaux” nous a-t-elle affirmé, avant d’assurer que “lorsqu’on lance un témoignage, ça en appelle plein d’autres et ça appelle une prise de conscience, ça aide beaucoup de victimes parce qu’elles s’en rendent compte et se sentent légitimes en les lisant, elles peuvent se soutenir entre elles”.

Le point commun entre ces prises de parole : la violence psychologique et la contrainte.

“Comme décrivait Capucine, c’est un mécanisme qui se met en place au fur et à mesure. Il y a aussi beaucoup de témoignages qui se passent la nuit, quand la personne dort. On retrouve une méconnaissance du consentement, un manque d’éducation. Il y a vraiment un problème sociétal de ce côté-là. Du côté des agresseurs comme des victimes parce qu’elles ne savaient pas que ce n’était pas normal. Elles n’arrivaient pas à se dire que c’était grave, ce qu’il s’était passé.”

Alma et les bénévoles de l’association Main Violette Caen conseillent toujours “de trouver une association locale pour être accompagnée sur le long terme”. “Sinon, il y a le 3919, le Collectif féministe contre le viol, SOS Femmes et d’autres associations comme le CIDFF, le planning familial, etc. On conseille aussi toujours d’aller voir un psychologue”, nous a-t-elle expliqué.