Transidentité : l’état civil refuse le changement de prénom de Lilie, 8 ans

Publié le par Pauline Ferrari,

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Elle et sa famille vont contester cette décision devant le juge des affaires familiales.

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Je ne comprends pas qu’on puisse aller contre un droit inaliénable”, soupire Chrystelle. C’est une décision incompréhensible pour Lilie et sa famille. Leur demande de changement de prénom sur les registres de l’état civil a été refusée. Une nouvelle qui a dépité la petite fille. “Elle ne comprend pas pourquoi les adultes ne comprennent pas”, ajoute sa mère.

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Il y a un an, après des mois de mal-être et de pensées noires, Lilie, 8 ans, explique à Chrystelle et Guillaume, ses parents, qu’elle se sent enfermée dans un corps de garçon. Une libération et un épanouissement pour la petite fille. Depuis, à l’école, en famille ou auprès de ses ami·e·s, tout le monde l’appelle Lilie. “On a la chance que tout le monde joue le jeu, notre médecin, la Sécurité sociale… Tout le monde écrit son prénom féminin, mais à un moment, ça va coincer”, explique Chrystelle. Konbini news avait rencontré Lilie et sa famille il y a quelques mois.

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En août 2020, la famille dépose un dossier de changement de prénom à Carpentras, ville de naissance de Lilie. En septembre, le dossier est renvoyé au procureur, signe du refus de la municipalité. En février 2021, leur demande est refusée. La famille s’est appuyée sur l’article 60 du Code civil, promulguée par une loi de 2016 : “Toute personne qui justifie d’un intérêt légitime peut demander à changer de nom”. “C’est une loi qui a été faite pour contrer les demandes intrusives et inadaptées, pour qu’on ne médicalise plus la transidentité, et juste vérifier que le nouveau prénom est celui d’usage”, souligne Chrystelle, la maman de Lilie.

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De longs mois de procédure à venir

Selon le procureur, pour obtenir le changement de prénom, les parents de Lilie doivent prouver que leur enfant a entamé une modification irréversible de son corps. “Ce sont des choses contre lesquelles se battent les personnes trans depuis longtemps”, commente Chrystelle. Selon la famille, la demande de preuves physiques va à l’encontre de la loi.

Un changement de prénom qui est pourtant nécessaire pour Lilie et sa famille. “On n’ose pas l’inscrire au sport, par exemple. On a besoin de ce changement pour faire sa carte d’identité, et donc pouvoir prendre l’avion pour venir à Paris”, détaille Chrystelle. Mais surtout, le fait pour Lilie de lire son ancien prénom, c’est une violence : “ça la renvoie à toutes ces années-là de souffrance, où elle a gardé ce secret”, selon sa mère.

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Désormais, Lilie et sa famille s’en remettent au juge des affaires familiales, qui ne devrait pas aller contre la loi. “On sent qu’on a mis le doigt sur un truc, surtout quand on voit la différence d’une région à l’autre sur le changement de prénoms”, assure Chrystelle. Mais de longs mois de procédures s’annoncent. “Je pense que tout ce qu’on vit, c’est pour une bonne raison. Ça montre à Lilie qu’il faut se battre pour ses droits les plus légitimes”, souligne la mère de la petite fille.