Témoignage : j’ai un petit sexe, et je le vis bien, merci

Publié le par La Zep,

© Jorg Greuel / Getty Images

"Dans quel monde vit-on pour que des gosses de 10 ans complexent ou se vantent de la taille de leur bite ?"

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J’AI UN petit SEXE.

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Ouais. Je l’assume. Et devinez quoi ? Je suis à moitié chinois. Comme quoi… J’ai entendu ce cliché pour la première fois alors que je n’étais qu’en primaire. Je n’avais alors pas conscience de ce que cela représentait, et qu’est-ce que j’en avais à foutre ?! Puis est arrivé le collège.

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Ah, le collège ! Cette merveilleuse période où chacun rabaisse les autres pour prouver à quel point c’est un être supérieur, à quel point il est plus beau, plus fort, que c’est un homme quoi ! Mais qu’est-ce qui définit les hommes ? La taille de son sexe, voyons ! Dès le début de la sixième, je me suis retrouvé au milieu de ces discussions : “Elle mesure combien ?” Ou alors : “Les Chinois, ils ont des petites bites, LOL !”

Je perdais confiance en moi

Je me souviens très bien d’une séance d’EPS à la piscine. Des amis montraient leur “bite” en rigolant (parce que clairement, c’est trop drôle…). Et à ce moment-là, je me disais : “Ah ouais… Il y a peut-être un souci, là… Ça ne fait pas cette taille chez moi…” Alors, bien sûr, je me suis senti visé par leurs moqueries, j’ai commencé à complexer… Bienvenue au collège, “Chintok” !

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Plus le collège passait, plus je sentais ces moqueries peser, et je perdais confiance en moi. Ajoutez à cela une bonne gueule de premier de la classe, une coupe de moine et un appareil dentaire, et paf ! Grand Chelem, vous avez une bonne tête de vainqueur.

Comment avoir de la confiance en soi lorsque tout le monde dit que ça dépend de ce qu’on a dans le pantalon ? Cette impression que tout le monde le savait, que tout le monde avait une raison de me prendre de haut… Ce sentiment d’infériorité m’est resté tout le collège. Alors je riais jaune. Je faisais comme si ça ne m’affectait pas.

Mon sexe, il n’y a que ma copine qui le voit !

Puis, au lycée, j’ai eu une copine. Elle m’a fait prendre confiance en moi et j’ai compris. J’ai compris que bah… Je n’en ai un peu rien à foutre, en fait. La taille de mon sexe, qu’est-ce que ça change pour les autres ? Il n’y a que ma copine qui le voit, et si elle m’aime, elle s’en carre l’oignon de mon chibre (enfin, de sa taille, je veux dire…). Et puis tout le monde mentait sur la taille de son sexe au collège.

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Comme le dit un de mes potes : “La bite ne fait pas le moine…” Enfin, je ne sais pas comment tant de personnes peuvent se prendre la tête à ce sujet. C’est ce que je me demande constamment. À croire qu’on est jugé en tant que personne uniquement d’après ce simple caractère physique.

D’où nous vient cette glorification de la taille du sexe masculin ? Dans quel monde vit-on pour que des gosses de 10 ans complexent ou se vantent de la taille de leur bite ? Si un enfant pense qu’avoir une petite bite, c’est la honte, c’est qu’il l’a forcément entendu quelque part.

En parler avec mes potes en rigolant ou rédiger un témoignage en me marrant, ça m’a permis de vite me rendre compte à quel point c’est con de se ruiner l’existence avec ce genre de broutilles.

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Rémi, 16 ans, lycéen, Torcy

Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.