Témoignage : j’ai grandi dans un camp rom et je veux avancer la tête haute

Publié le par La Zep,

Gipsy camp in Pierrefitte-sur-Seine, France. France. (Photo by: Godong/UIG via Getty Images)

Roberto vit dans un bidonville. Lorsque l'un de ses frères s'est fait tuer, il a décidé de reprendre sa vie en main.

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Avant, je restais sur les platz, les camps. Je faisais la manche, je volais. Je traînais partout dans les rues avec mes copains. Ma maman faisait aussi la manche. Un bidonville, ça ressemble à la misère. C’est des baraques en bois. 200 baraques, donc 200 familles. Avec mes cousins et cousines, on faisait la manche dans les RER et les métros jusqu’à 15-16 ans. Ma mère, c’était avec ma sœur.

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Je volais des téléphones et des habits dans les magasins. Mon papa était à l’hôpital pour une opération compliquée à la gorge. C’est pour ça que je faisais tout ça : pour payer l’opération. J’avais pas une situation bien.

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J’avais pas de domiciliation fixe. C’était un bidonville dans la forêt. C’était pas une vraie maison, un appartement bien. J’ai voulu chercher un travail, mais j’étais trop petit, j’avais onze ans. J’allais pas à l’école. L’opération était trop chère, je pouvais pas laisser ma mère faire tout toute seule. Il fallait que je l’aide.

Après un temps, mon frère est décédé, flingué par un Français en Roumanie. Depuis, ma vie a complètement changé. J’avais dix-sept ans, je me suis dit que je devais pas faire comme lui. Il est mort pour rien à cause des gens avec qui il traînait.

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Depuis, je fais attention à ma vie, aux gens avec qui je parle, ceux en qui j’ai confiance. J’ai décidé de chercher un boulot, de rester avec ma famille, d’être moi, de regarder ma vie en face. Avec l’asso Hors La Rue, qui vient dans les camps, j’ai fait des activités, des jeux, on a visité des musées. Un autre de mes frères m’a dit d’aller à la mission locale, de trouver un travail, d’habiter avec lui dans un vrai appartement.

Lui, il a sa famille, ses enfants vont à l’école, il travaille. On m’a proposé un boulot à Rungis mais j’y suis pas allé. J’ai repensé à mon frère décédé qui m’avait parlé de Romcivic. Il m’avait dit que ce serait mieux pour moi, que j’apprendrais des choses.

Je m’y suis intéressé un peu plus et ça m’a beaucoup plu ! À Romcivic, je peux découvrir et apprendre beaucoup de choses. Bien communiquer, écrire, lire, assimiler les règles de vie et savoir comment me comporter. J’y suis 24 heures par semaine, du lundi au vendredi. On fait des activités, on va dans les bidonvilles. Les responsables nous aident à trouver un travail. Et après, je pourrai avoir un boulot stable. Être stable, moi aussi.

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Maintenant, je veux une nouvelle vie, parce que j’ai un passé trop dur. Mais je remercie Dieu, je suis un peu mieux aujourd’hui. Je suis avec mes parents, j’ai un bon boulot et je suis à l’aise. Je peux avancer la tête haute.

Roberto, 18 ans, volontaire, Fresnes

Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.

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