Témoignage : entre Paris et la banlieue, la rivalité est dans les clichés

Publié le par La Zep,

© Clip “Au DD”, PNL / YouTube.

Quand je vais à Paris avec mes potes, ça ne passe pas. Les Parisiens ont trop de préjugés sur la banlieue. Mais, nous aussi, non ?

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Je viens de Bezons, une petite ville de banlieue près d’Argenteuil, remplie de tours, de jeunes et d’envies. Avec mes potes, on a surtout une envie, c’est Paris : ses boutiques, ses monuments et ses folies. Mais dès qu’on débarque à Paris, on est direct pris à partie.

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L’année dernière, avec quatre potes, on est allés au Louvre et des gens qui visitaient, la quarantaine, m’ont tout de suite dit : “Qu’est-ce que vous faites ici ?” Avec leur air surpris, comme si ces lieux étaient faits pour eux. Ça se voyait qu’ils venaient de Paris : leurs vêtements étaient plutôt chics, avec leurs couleurs bleu et marron. Ça se voyait que nos joggings et nos maillots de foot les choquaient. Mais vu qu’on était dans un monument public, on a laissé couler. On ne voulait pas se faire plus remarquer.

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Une autre fois, j’étais parti tout seul en métro pour déposer des CV dans des restaurants du XVIIe. J’avais fait l’effort de m’habiller bien, en jean bleu, tee-shirt blanc et baskets noires. J’ai déposé quatre CV, attendu une semaine et tous ont refusé de me laisser une chance. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas besoin. Je pense que c’est parce qu’ils ont vu sur mon CV d’où je venais, une ville de banlieue qui n’a pas une bonne image.

Les clichés, entre opinion et réalité

C’est vrai que là d’où je viens, y’a pas que des choses positives. Y’a beaucoup de dealers, de la drogue qui circule et pas mal d’agressions et de criminalité. Moi, j’habite dans une résidence à côté d’une cité mal réputée. Mais surtout défavorisée. Les immeubles ne sont pas très bien entretenus, il y a des poubelles par terre et des murs tagués. Tous les jours, pour aller prendre le bus, je passe à côté. Quelques-uns de mes potes habitent là-bas mais ça ne leur convient pas.

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Là-bas, les trois quarts des jeunes sont habillés en jogging, ont un langage plutôt familier à base de “wesh”, “ma gueule”, “bien ou bien”. Ils passent leurs journées à traîner dans la rue ou à jouer au foot au stade. J’pourrais être des leurs, mais ils font des trucs qui ne m’intéressent pas. Genre la drogue.

Du coup, je traîne plus avec des gens de confiance, des potes pour m’amuser, jouer à la Play ou s’entraider. Mais même s’ils ne vendent pas, ils parlent de la même façon et s’habillent en jogging. C’est la mode de la banlieue qui veut ça. Ça serait bizarre à Bezons de débarquer en pantalon bleu, marron et de parler comme les Parisiens. On n’est pas habitués à ce style de vêtements.

Les préjugés, c’est dans les deux sens

C’est parce qu’on a aussi des a priori sur les Parisiens : leur façon de parler, leur style vestimentaire, on pense qu’ils sont tous riches, ont un bon métier. Ça vient de nos parents je pense, des potes aussi : on est influencés par ce qu’ils pensent. Pour nous, les Parisiens c’est des bobos, des bourgeois, des aristocrates. Et nous, on est dans notre coin. On n’est pas riches, mais on est dans la moyenne, pour certains.

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C’est en allant à Paris que je me suis rendu compte que c’étaient des préjugés. Quand je vais là-bas, je vois des gens habillés comme nous, qui parlent comme nous, avec les mêmes délires que nous. C’est plus des personnes de la quarantaine qui pensent comme avant. Comme ceux qui m’ont fait la remarque au musée.

À Bezons, à pied, des Parisiens, on n’en voit pas. Ils passent juste en voiture pour aller ailleurs. Je pense qu’ils ont peur de venir dans la banlieue. À cause des clichés. Alors que moi, je vais à Paris parce que je trouve ça cool. Chacun a ses torts dans sa façon de penser, mais c’est surtout leur angoisse. Moi, ça ne me dérangerait pas de vivre à Paris. Chacun a ses clichés, faudrait juste évoluer.

Victor, 18 ans, étudiant, Bezons

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Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.