Témoignage : écoles fermées, décrochage assuré

Publié le par La Zep,

© Gabby K / Pexels

"Le confinement est la cause de mon décrochage."

A voir aussi sur Konbini

Avant le premier confinement, je m’étais un peu relâché. Je ne savais pas trop où m’orienter, ce que je voulais faire… Je n’étais pas en décrochage, mais je n’étais pas motivé. Je n’ai pas trop parlé de ce relâchement avec mes proches. Puis, il y a eu le confinement, et il n’y avait plus école.

Publicité

Je pensais que ça allait me permettre d’avoir plus de temps pour travailler et j’essayais de m’adapter mais, avec le Covid, c’était dur de poser certaines questions au prof. Lorsqu’il fallait travailler, j’étais sur mon bureau dans ma chambre. Il y avait beaucoup de bruit : mes frères et sœurs criaient parce qu’ils jouaient et rigolaient. C’était difficile de suivre les cours. Et le prof, il pouvait prendre des heures à répondre…

Publicité

Avec mes frères, on dort tous les trois dans la même chambre. Des fois, pendant les visios, ils étaient là. Du coup, on pouvait me poser une question mais en même temps je ne suivais pas trop le cours. On nous donnait trois fois plus de choses à faire aussi, vu qu’on était chez nous.

À la maison, un ordinateur pour tout le monde

Après tout ça, je me suis complètement relâché. Je faisais parfois mes devoirs, mais je ne les rendais pas à l’heure… Je ratais souvent les visios. À force, j’oubliais même l’existence de mon travail. Parfois, je ne pouvais même pas participer, parce qu’à la maison, c’était un ordi pour tout le monde.

Publicité

Maintenant, on en a plusieurs parce qu’on a vu que c’était compliqué pendant le confinement. Mon père devait travailler dessus, mes frères devaient finir leurs devoirs – ils sont au collège et au lycée. Ça arrivait quelquefois que j’aie du travail à faire sur ordinateur, un exercice de maths sur GeoGebra, et mon père devait rendre du travail rapidement.

C’était comme si j’étais en vacances et que je n’avais plus rien à faire. Une fois que le confinement s’est terminé, on a repris en demi-classe et j’étais un peu perdu… J’avais du mal à suivre dans certaines matières, j’avais du retard. Je n’ai pas eu mon brevet, c’était en contrôle continu et il fallait avoir plus de 9 ou 10 de moyenne générale, et j’avais 8. Je l’ai repassé aux rattrapages depuis.

Une fois que tout ça est passé, on a fait des vœux pour des lycées. Je ne savais pas si j’allais en avoir un… Une semaine après, les résultats ont été donnés et, malheureusement, j’étais refusé dans plusieurs lycées. Mes parents étaient inquiets. On m’a encore convoqué au collège pour faire d’autres demandes, dans d’autres lycées… Je devais prendre d’autres filières que je trouvais ennuyeuses.

Publicité

Après la MLDS, un “vrai” lycée ?

Les vacances sont arrivées et je ne savais toujours pas où j’étais orienté. J’étais perdu, je n’avais plus cette envie d’aller à l’école… Ça m’a fait beaucoup réfléchir, j’étais déçu, perdu. Deux semaines après, on m’a recontacté pour me dire que j’étais refusé, encore. J’ai dû faire une troisième demande. Les vacances étaient finies, je n’avais pas de lycée, j’étais chez moi à ne rien faire… Et les semaines passaient.

Puis, un jour, on nous a envoyé une lettre : j’avais un rendez-vous au lycée de Chevilly-Larue. C’était une bonne nouvelle. Lorsque j’y suis allé, ils m’ont parlé de la MLDS (mission de lutte contre le décrochage scolaire) et m’ont dit qu’à la fin de l’année, on nous donnerait la possibilité d’avoir un “vrai” lycée, selon la manière dont on travaillera durant l’année.

Publicité

Deux semaines après, j’intégrais la MLDS, ma première année de lycée un peu particulière. Intégrer la MLDS, c’est une chance pour moi de montrer que je ne vais pas me relâcher et de prouver que je peux réussir. Ça m’a appris à ne rien lâcher.

J’ai envie de faire du commerce ou de la logistique, mais je ne sais pas encore si ça va être possible. Ce qui est sûr, c’est que le confinement est la cause de mon décrochage.

Jimmy, 16 ans, lycéen, Arcueil

Publicité

Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la zone d’expression prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne.