Pour les personnes en fauteuil, certaines zones inaccessibles sont des “territoires fantômes”

Publié le par Clothilde Bru,

© Manu Vega / Getty images

"Pour nous, handis en fauteuil roulant, il y a des pans entiers de ville qui n’existent pas."

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Elle en était arrivée à oublier toute une partie de la ville où elle habite à côté de Bordeaux. Celle qui se fait appeler Sushina Lagouje sur Twitter, Aline dans la vraie vie, utilise depuis quelque temps le réseau social pour dénoncer les difficultés qu’elle rencontre à se déplacer en fauteuil roulant. La jeune femme de 36 ans, professeure de français et maman d’une petite fille de 18 mois, souffre de myopathie.

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“Je suis en fauteuil roulant depuis presque toujours. La maladie s’est déclarée très tôt, je n’ai jamais marché”, raconte-t-elle à Konbini news.

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Mercredi 23 mars, elle poste à nouveau un message pour faire part de sa frustration.

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“Je me faisais la réflexion l’autre jour que je ne savais pas du tout quels types de commerces il y avait en face du lycée où je travaille depuis cinq ans, et puis j’ai réalisé : aucun n’est accessible donc mon esprit avait totalement zappé cette zone”, écrit-elle sur Twitter. Pour la jeune femme, ces zones sont devenues des “territoires fantômes”.

“Il y a tellement de choses qui nous sont interdites qu’au bout d’un moment, en fait, on ne les voit même plus. Parce que sinon, c’est un peu douloureux quand on voit tous les trucs qu’on ne peut pas faire”, raconte la trentenaire qui ne s’attendait pas à ce que son tweet soit repris à ce point.

En quelques heures, son thread a été liké et partagé plusieurs centaines de fois et de nombreux internautes ont posté des messages de soutien en commentaires. D’autres ont partagé leurs expériences tout aussi malheureuses, multipliant les témoignages, photos à l’appui, de tout ce que la ville n’a pas prévu pour les personnes à mobilité réduite.

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“Une marche de 5 cm, c’est un obstacle définitif”

“Quand on a un fauteuil électrique comme le mien, la moindre marche de 5 ou 6 cm, c’est un obstacle définitif. Un simple trottoir où il n’y a pas de bateau [un abaissement], on ne peut pas passer”, ajoute la professeure de français.

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La veille, c’est un autre twitto qui faisait un autre constat, tout aussi affligeant, sur le métro parisien.

Malheureusement, le problème n’est pas cantonné à la capitale. Basée à Besançon, l’association Trottoirs Libres se bat pour faire respecter la loi. Sur Twitter, elle ne se contente pas de pointer du doigt la non-accessibilité de la plupart des immeubles, elle dénonce aussi les comportements des autres usagers qui rendent parfois les déplacements des personnes en fauteuil impossibles.

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“Même sur des micro-trajets de 200 mètres, parfois, j’ai besoin de changer de trottoir ou de descendre trois ou quatre fois parce qu’il y a des scooters de location, des voitures garées sur les trottoirs, une benne à verre…, confirme Aline.

Le handicap concerne 12 millions de personnes en France. À quelques semaines de la présidentielle, Konbini news a fait le point sur ce que proposent les candidats en la matière.

“Ce sont des micro-violences. Quand il y en a une ou deux, ça va, mais quand c’est mis bout à bout sur l’ensemble de la journée et qu’on commence à les compter, ça fait peur et parfois, c’est la déprime, et on n’a plus envie de sortir parce qu’on calcule tout”, conclut la jeune femme.