Nigeria : le scandale des usines à bébés

Publié le par Clothilde Bru,

© FATI ABUBAKAR / AFP

Le Nigeria est le théâtre régulier d'un certain trafic d'êtres humains.

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Souvent, ça commence par un viol. Puis s’ensuivent des mois de séquestration. Mercredi 2 octobre, sept jeunes filles âgées de 13 à 27 ans ont été repérées à un arrêt de bus de la ville de Lagos au Nigeria. Elles étaient toutes enceintes.

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Elles venaient de s’échapper de ce qu’on appelle désormais communément une “usine à bébés”. Il s’agit d’un endroit où on séquestre les femmes afin de les faire tomber enceintes, pour ensuite vendre leurs enfants. Les femmes qui se sont échappées cette semaine ont raconté que treize autres filles étaient retenues avec elles. Elles sont toujours introuvables.

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Le 30 septembre dernier, une autre maternité du même genre a été démantelée dans la métropole nigérienne. Dix-neuf filles enceintes âgées entre 15 et 28 ans ont été libérées par la police. Selon Franceinfo, il s’agissait pour la plupart d’adolescentes de moins de 16 ans.

Selon BBC Afrique, deux femmes qui y travaillaient comme infirmières, sans aucun diplôme, ont été arrêtées. Le principal suspect est en fuite. Généralement, ces femmes et ces jeunes filles viennent des quatre coins du pays, appâtées par une promesse d’embauche. Une fois arrivées à Lagos, l’une des principales villes du pays, elles sont violées et séquestrées.

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Dans d’autres cas, elles sont là de leur plein gré. Les trafiquants d’enfants leur promettent des sommes importantes une fois qu’elles ont accouché. Enfin, il arrive que des jeunes filles déjà enceintes se retrouvent dans ce genre de maternité pour dissimuler une grossesse non désirée.

Une extrême pauvreté

Ces bébés sont ensuite vendus une fortune : dans les 1 200 euros pour un garçon, autour de 760 euros pour une fille – des sommes énormes pour ce pays où la majorité de la population vit avec moins de 2 euros par jour.

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Si le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole en Afrique il reste très pauvre. Il détient même le record du plus grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté. Des usines similaires ont été démantelées maintes fois par le passé.

En 2014, la police mettait au jour un trafic impliquant des responsables politiques du Niger voisin. Souvent, ce sont de riches familles qui achètent les nouveaux-nés. Comme le rappelle Libération, dans plusieurs pays d’Afrique, ne pas avoir d’enfant est vécu comme une infamie, voire une malédiction.

Ainsi, le trafic humain est le troisième crime le plus répandu au Nigeria, derrière la fraude et le trafic de drogue, selon les Nations unies.

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Le contexte actuel explique aussi certainement que des usines à bébés refleurissent. En septembre dernier, Agnès Callamard, experte indépendante des Nations unies, tirait la sonnette d’alarme :

“Le Nigeria est confronté à des pressions nationales, régionales et mondiales, telles que l’explosion démographique, l’augmentation du nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue, le changement climatique et la désertification, et la prolifération des armes. Ces pressions renforcent les systèmes localisés et les schémas de violence à l’échelle nationale, dont beaucoup semblent échapper à tout contrôle.”