Matinée calme à Gaza et en Israël après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu

Publié le par Clothilde Bru,

© MOHAMMED ABED / AFP

Après 11 jours d’hostilités sanglantes.

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Pas d’avions de combat dans le ciel et pas d’alertes à la roquette : le calme est revenu vendredi 21 mai au matin dans la bande de Gaza et en Israël, après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu qui a mis fin à 11 jours d’hostilités sanglantes.

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Dès le début d’application de la trêve à 2 heures locales (jeudi à 23 heures GMT), des milliers de Palestiniens ont célébré dans les rues de Gaza la fin des bombardements israéliens. Les manifestations de joie ont également eu lieu dans des villes de Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées.

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“Ceci est l’euphorie de la victoire”, a lancé à la foule Khalil al-Hayya, un ténor du mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans l’enclave de Gaza, promettant de “reconstruire” les maisons détruites par les raids israéliens.

À partir de “2 heures, aucun tir n’a été détecté et les avions [de l’armée] sont retournés à leurs bases”, a indiqué l’armée israélienne.

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La trêve a été favorisée par l’Égypte, puissance régionale entretenant à la fois des relations avec Israël et le Hamas, mouvement considéré comme “terroriste” par l’État hébreu, l’Union européenne et les États-Unis.

Le président américain Joe Biden a estimé, peu avant son entrée en vigueur, que le cessez-le-feu était “une vraie opportunité” d’avancer vers la paix entre Israéliens et Palestiniens, et exprimé sa “sincère reconnaissance” à l’Égypte pour son rôle dans les négociations.

“Je suis convaincu que les Palestiniens et les Israéliens méritent tout autant de vivre en sécurité et de jouir d’un même niveau de liberté, de prospérité et de démocratie”, a dit Joe Biden, dont le chef de la diplomatie Antony Blinken doit se rendre au Moyen-Orient “dans les prochains jours”.

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Près de 250 morts

Les raids aériens et les tirs d’artillerie sur l’enclave palestinienne ont fait en 11 jours au moins 232 morts côté palestinien, dont 65 enfants ainsi que des combattants, et 1 900 blessés, selon les autorités à Gaza. En Israël, 12 personnes, dont un enfant et une adolescente ainsi qu’un soldat, ont péri dans les tirs de roquettes et 355 ont été blessées, selon la police.

Le cessez-le-feu a été annoncé après une réunion du cabinet de sécurité israélien dirigée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui a “accepté à l’unanimité” l’initiative égyptienne de “cessez-le-feu bilatéral sans condition”.

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Dans la foulée, le Hamas et le Jihad islamique – autre groupe armé palestinien de Gaza – ont confirmé un accord de trêve par le biais des “frères égyptiens”.

“La résistance palestinienne respectera cet accord aussi longtemps que l’occupation le respectera”, a indiqué le Hamas en allusion à l’occupation par Israël du territoire palestinien de Cisjordanie et du secteur palestinien de Jérusalem depuis 1967. L’armée israélienne, qui s’est retirée unilatéralement de Gaza en 2005 après près de 40 ans d’occupation, soumet l’enclave pauvre de deux millions d’habitants à un blocus depuis près de 15 ans.

Le 10 mai, le Hamas avait tiré des salves de roquettes vers Israël en “solidarité” avec les centaines de Palestiniens blessés lors d’affrontements avec la police israélienne à Jérusalem-Est. À l’origine de ces heurts, la menace d’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans un quartier de la ville sainte.

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Après les tirs de roquettes palestiniens, Israël a lancé une opération visant à “réduire” les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre ce microterritoire.

L’armée a annoncé, dans un “résumé” de son opération, avoir tué “25 haut responsables du Hamas” dans ses raids et avoir détruit plus de 100 km de tunnels et des dizaines d’immeubles servant selon elle “d’infrastructures aux activités terroristes du Hamas”.

“Il ne faut pas être naïf”

D’après elle, le Hamas et le Jihad islamique ont lancé plus de 4 300 roquettes vers Israël, des tirs d’une intensité inégalée contre l’État hébreu. Plus de 90 % ont été interceptées par le système anti-missiles israélien.

À Sdérot, une ville israélienne frontalière de Gaza, qui a vécu au rythme des roquettes, l’annonce du cessez-le-feu a été jugée prématurée.

“Le problème, c’est que le Hamas ne s’y tiendra pas, il ne faut pas être naïf”, a déclaré à la radio publique le maire, Alon Davidi, qui plaide pour une opération prolongée, seule solution selon lui pour éviter une reprise des hostilités à l’avenir. 

Après trois guerres en une décennie (2009, 2012 et 2014), le Hamas et Israël s’étaient entendus en 2018 sur une trêve visant à stabiliser mais aussi développer Gaza, territoire aux infrastructures précaires et miné par un chômage endémique, grâce à une médiation de l’ONU, de l’Égypte et du Qatar.

En coulisses, ces trois acteurs avaient multiplié les pourparlers afin de parvenir au dernier accord de trêve.

“Deux délégations égyptiennes seront envoyées à Tel-Aviv et dans les Territoires palestiniens pour surveiller la mise en œuvre [du cessez-le-feu] et le processus pour maintenir des conditions stables de manière permanente”, selon des sources diplomatiques égyptiennes.

Malgré la trêve, les regards restent tournés vers la Cisjordanie, où les affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes ont fait plus de 25 morts palestiniens en 11 jours, pire bilan depuis des années dans ce territoire.

Konbini news avec AFP