L’enfer pour les dindes : L214 porte plainte contre un abattoir dans le Cher

Publié le par Clothilde Bru,

© L214

Suspendues à des crochets sur des dizaines de mètres, les dindes se tordent le cou pour ne pas racler le sol.

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C’est encore une fois grâce à la complicité d’un employé que l’association de protection animale L214 a pu filmer ces vidéos chocs.

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Habituée des infiltrations, c’est la toute première fois qu’elle se procure les images d’un abattoir de dindes.

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En octobre dernier, un salarié de cet établissement situé à Blancafort, dans le Cher, a filmé les coulisses de la mise à mort des dindes.

Pour L214, le constat est sans appel.“L’infrastructure est en violation flagrante de la réglementation qui encadre la mise à mort des animaux”, note-t-elle dans une enquête publiée jeudi 17 décembre.

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L’association de protection des animaux pointe “au moins trois non-conformités majeures”, dans un communiqué de presse posté en complément d’une vidéo choc, avec le rappeur Gringe en narrateur et porte-parole.

Comme on peut le voir sur ces images, les animaux sont suspendus par les pieds à des crochets, alors qu’ils sont encore conscients. Pour des oiseaux pouvant peser jusqu’à 15 kg, cette position est extrêmement douloureuse.

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Or, il arrive que les volailles restent ainsi suspendues pendant 2 minutes, la chaîne étend longue de 50 mètres. Trop long, ce délai est contraire à la réglementation qui encadre la mise à mort des animaux.

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Sur les images de L214, on peut aussi voir les dindes se tordre le cou pour ne pas racler le plancher métallique.

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Enfin, L214 note que les installations ne permettent pas d’accéder aux animaux sur toute la chaîne d’abattage, laquelle s’élève par endroits à plusieurs mètres de hauteur rendant impossible toute intervention en cas d’urgence”.

Au passage, elle étrille la pénibilité du travail qu’elle juge “extrême” pour les employés de cet abattoir.

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Dindes Le Gaulois

Les dindes que l’on peut voir sur ces images, on les retrouve dans les barquettes de nos supermarchés, notamment sous la marque Le Gaulois. L’abattoir de Blancafort appartient au groupe français LDC, qui possède Le Gaulois mais aussi Maître CoQ ou encore Marie.

Cet établissement est spécialisé dans l’abattage, la découpe et le conditionnement des dindes. Chaque semaine, il abat 75 000 volatiles.

“On ne connaît pas la situation dans les autres abattoirs de dindes de France. C’est la première fois qu’on arrive à se procurer ces images“, commence Brigitte Gothière, porte-parole de L124, interrogée par Konbini news. “Une chose est sûre : ces installations sont hors la loi. Reste à savoir si ce problème est généralisé”, conclut-elle.

Contacté par Konbini news, LDC n’a pas donné suite à notre demande d’interview.

Mais le scandale ne s’arrête pas là. L214 souhaite également déposer plainte contre le transporteur Avilog, qui achemine par camion les dindes de l’élevage jusqu’à l’abattoir.

Vidéos à l’appui, elle accuse le transporteur d’entasser les dindes dans des caisses dont la hauteur est insuffisante. “Leur tête touche le plafond, ce qui ne permet pas une ventilation adéquate et peut entraîner chez les oiseaux un stress thermique”, précise le communiqué de presse.

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Souvent les dindes ne survivent pas au transport et les poubelles de l’abattoir sont remplies de cadavres des volatiles.

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Contacté par Konbini news, Avilog – qui se présente par ailleurs comme le numéro 1 du transport de volailles vivantes en France” – assure n’avoir assuré ici qu’une fonction de “loueur de véhicules”. “Pour ce client et pour le site de Blancafort, on loue le camion et la prestation du conducteur, c’est tout“, assure le service communication.

48h pour réagir

L214 a également pu se procurer les images d’un élevage qui fournit cet abattoir. Encore une fois, vidéos à l’appui, elle montre les volailles “entassées dans un bâtiment fermé sans jamais avoir accès à l’extérieur, piétinant un sol imbibé de fientes”.

L’association réclame la suspension immédiate de l’agrément de cet abattoir. Elle dépose plainte contre le transporteur Avilog et l’abattoir de Blancafort pour mauvais traitements envers les animaux commis par des professionnels respectivement auprès des procureurs de la République de La Roche-sur-Yon et de Bourges.

Le fondateur de L214, Sébastien Arsac, écrit :

“La réglementation qui encadre l’élevage, le transport et la mise à mort des animaux est dérisoire, et elle n’est même pas respectée. Si l’abattoir de Blancafort continue de fonctionner en l’état, alors il faudra se rendre à l’évidence : la réglementation ne sert à rien. “

Une pétition est également en ligne pour réclamer la suspension de l’agrément de l’abattoir de Blancafort.

De son côté, la préfecture du Cher a réagi mercredi 16 décembre dans la soirée, dans un communiqué de presse. Elle assure qu’une mise en demeure a été notifiée “à un transporteur” en octobre dernier, afin de remédier aux conditions de transport des animaux. 

Par ailleurs, une inspection aurait été réalisé le 11 décembre dernier dans l’abattoir de Blancafort. Hasard du calendrier, le rapport de ladite inspection a été rendu ce mercredi 16 décembre. Il fait état de “plusieurs non-conformités majeures montrant que l’abattoir est en perte de maîtrise sur le plan de la protection animale”, détaille le communiqué de presse.

“Face à cette situation, le préfet du Cher a immédiatement engagé une notification de suspension
d’agrément”, conclue-t-il. Et de préciser que l’abattoir dispose désormais d’un délai de 48 heures pour mettre en place des mesures correctrices immédiates et un plan d’action structurel global.

De son côté, le directeur du site de Blancafort, Alan Bertho, s’est dit “conscient de la situation de (son) site” et de rappeler qu’un plan d’investissement de 12 millions d’euros avait été engagé pour améliorer les conditions de travail des salariés ainsi que la protection animale.

Enfin, il a assuré faire le maximum pour mettre en place les “mesures correctives demandées par les autorités sanitaires dans les 48 heures.”