Le Bangladesh transfère des réfugiés rohingyas vers une île battue par les cyclones

Publié le par Clothilde Bru,

© Gallo Images / Orbital Horizon/Copernicus Sentinel Data 2019

Selon les Nations unies et plusieurs groupes de défense des droits humains, cet endroit est dangereux.

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Le Bangladesh a commencé jeudi 3 décembre le transfert controversé de plus d’un millier de réfugiés rohingyas vers l’île de Bhasan Char, une formation sédimentaire régulièrement battue par les cyclones et soumise aux inondations, que les Nations unies et les groupes de défense des droits humains jugent dangereuse.

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Près d’un million de réfugiés rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie, vivent dans un réseau de camps misérables dans le sud du Bangladesh. Quelque 922 Rohingyas ont quitté les camps de Cox’s Bazar (sud-est) à bord de bus à destination du port de Chittagong (est) avant leur transfert sur des navires de la marine bangladaise, vendredi, vers Bhasan Char, dans le golfe du Bengale.

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“Vingt bus sont partis en deux convois avec 423 personnes dans les 10 premiers bus et 499 dans les dix autres,” a déclaré à l’AFP Anwar Hossain, chef de la police régionale, précisant que d’autres bus se tenaient prêts à partir plus tard dans la journée de jeudi.

La marine du Bangladesh a construit sur l’île des refuges afin d’y accueillir au moins 100 000 Rohingyas, ainsi qu’une digue haute de trois mètres pour les protéger des inondations. Selon les habitants, de fortes marées ont inondé l’île il y a quelques années et les cyclones, qui frappent régulièrement la région, sont susceptibles de provoquer des ondes de tempête de quatre ou cinq mètres.

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Un peu plus tôt, des fonctionnaires avaient déclaré à l’AFP qu’environ 2 500 Rohingyas devaient être établis sur l’île de 52 km2 lors de cette première phase de transfert.

De son côté, le bureau des Nations unies au Bangladesh a publié jeudi un communiqué laconique assurant n’être “pas impliqué” dans ce processus de relocalisation sur lequel il avait reçu “peu d’informations”.

Les agences des Nations unies, dont le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Programme alimentaire mondial (PAM), avaient fait part de leur inquiétude au gouvernement bangladais en novembre 2019, arguant que l’île était “isolée” et “sujette aux inondations”.

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Un fonctionnaire de l’ONU avait alors déclaré à l’AFP que “les agences de l’ONU ne pouvaient pas soutenir un mouvement pour lequel [elles] n’avaient pas d’informations techniques”.

Quelque 750 000 musulmans rohingyas ont fui en 2017 une épuration ethnique dans l’ouest de la Birmanie menée par l’armée et des milices bouddhistes. Ils sont venus grossir les rangs des 200 000 Rohingyas déjà réfugiés au Bangladesh, legs de vagues de violence précédentes.

“Battu, sans pitié”

Selon des organisations des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, certains réfugiés sont contraints à partir, ce que le ministre des Affaires étrangères du Bangladesh, A. K. Abdul Momen, a réfuté jeudi. “C’est un foutu mensonge”, a-t-il affirmé à l’AFP.

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“Le gouvernement du Bangladesh a décidé de conduire environ 23 000 familles volontaires à Bhasan Char”, a précisé le ministre, ajoutant que cette décision avait été prise en raison de risques de glissements de terrain dans les camps, bâtis à flanc de collines et “extrêmement surpeuplés”. Ils seront “mieux lotis” sur l’île, a-t-il insisté.

Des membres d’une famille de Rohingyas, à Ukhia où se trouve le camp de transit, ont eux déclaré jeudi à l’AFP être déplacés de force.

“Ils ont battu mon fils, sans pitié, et lui ont même cassé les dents pour qu’il accepte de partir sur l’île”, a déclaré Soufia Khatun, 60 ans. “Je suis venue ici pour le voir, lui et sa famille, probablement pour la dernière fois”, a-t-elle ajouté en larmes.

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Hafez Ahmed, 17 ans, est venu dans l’espoir de retrouver son frère et sa famille afin de leur dire au revoir. “Mon frère était porté disparu ces deux derniers jours. Puis nous avons appris qu’il se trouvait ici, avant son départ pour l’île. Il n’y va pas de son plein gré”, a-t-il raconté à l’AFP.

L’afflux massif de réfugiés a entraîné la création des camps où règne une misère noire que la pandémie de coronavirus a encore aggravée, permettant au trafic de drogue de se développer.

Le HCR estime que 860 000 Rohingyas vivent au Bangladesh dans des camps tout proches de la frontière avec la Birmanie. Quelque 150 000 autres ont trouvé refuge dans d’autres pays de la région. Environ 600 000 vivent toujours en Birmanie.

Konbini news avec AFP