Féminicides : la famille d’une victime demande une inspection des services de justice

Publié le par Pauline Ferrari,

DOMINIQUE FAGET / AFP

La famille d’Aurélie, morte sous les coups de son conjoint à Douai en mai dernier, demande une enquête au garde des Sceaux.

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La famille d’Aurélie, 33 ans, morte sous les coups à Douai en mai, dont le concubin est mis en examen pour homicide, a demandé au garde des Sceaux une inspection sur les dysfonctionnements de la justice dans ce dossier, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

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Mère d’une adolescente de 14 ans, Aurélie avait été retrouvée morte, couverte d’ecchymoses, au domicile de son compagnon, condamné à de nombreuses reprises notamment pour vols, menaces et violences.

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La famille estime que les faits “auraient pu être évités, notamment par une intervention policière survenue quelques heures avant le décès”, selon le courrier qu’elle a envoyé mardi, consulté par l’AFP et confirmant une information du journal La Voix du Nord.

Devant “l’ampleur des dysfonctionnements”, la famille demande une inspection des services de la justice, semblable à celles menées après les féminicides de Mérignac (Gironde) et Hayange (Moselle), également commis en mai 2021.

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Début mai, la victime avait déposé plainte contre lui pour des menaces de mort, mais cette plainte “n’est pas transmise au parquet, aucun magistrat n’en a connaissance, aucun dispositif de protection des victimes […] ne peut être mis en œuvre”, selon la lettre. Le juge d’application des peines n’en a pas connaissance, alors que Karim est sous bracelet électronique, selon la famille.

La famille pointe la non-assistance des policiers

Elle interroge aussi sur la “non-assistance” des policiers intervenus le soir du drame pour “un différend de voisinage”, qui n’ont pas exfiltré Aurélie malgré le constat, a minima, d’un bleu sur son visage, mais ont au contraire demandé à son compagnon de rentrer chez lui. Le procureur avait indiqué à l’époque que la jeune femme avait “contesté avoir été victime de violences” et “refusé toute assistance”.

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“Il existe sans doute dans ce dossier un présupposé qui consiste à penser que parce que la victime est sous l’emprise de l’alcool, peut-être de drogues, elle ne mérite pas qu’on s’attarde sur son cas”, accuse l’avocat de la famille, Damien Legrand. “Entre la manière dont les choses sont traitées sur le terrain et ce que les ministres appellent de leurs vœux […], il y a un fossé énorme, notamment sur la prise en compte des plaintes, leur transmission au parquet”, fustige-t-il.

En 2020, 102 femmes – pour 23 hommes – ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, selon les chiffres dévoilés début août par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, contre 146 en 2019. Près d’une femme sur cinq avait porté plainte. Le rapport de la mission d’inspection sur le féminicide à Hayange n’a relevé “aucun manquement professionnel”. Dans le cas de Mérignac, une série de défaillances ont été mises au jour.

Des dysfonctionnements mis en lumière quelques jours après le mouvement d’ampleur sur les réseaux sociaux du #DoublePeine, dénonçant les mauvaises prises en charge des plaintes pour violences sexistes et sexuelles dans les commissariats par les forces de l’ordre. Pour de nombreuses victimes, le refus du dépôt de plainte, ou le classement rapide de celles-ci par la justice ont été pointés du doigt.

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Konbini news avec AFP