États-Unis : une entreprise n’embauche plus les fumeurs, et c’est légal

Publié le par Clothilde Bru,

© Luis Diaz Devesa / Getty Images

Officiellement, c'est pour le "bien-être" de ses employés. Spoiler : ce n'est pas du tout la vraie raison.

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U-Haul est une entreprise américaine au joli logo noir, blanc et rouge, spécialisée dans le transport de camions et les déménagements. Fondée dans les années 1940, cette société basée à Phoenix en Arizona, compte quelque 18 000 employés. Ce n’est pas rien.

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Depuis le début du mois de février, elle a changé ses critères d’embauche. Désormais U-Haul exige de ses employés qu’ils soient non-fumeurs – non seulement sur leur lieu de travail, mais aussi dans leur vie personnelle, rapporte Courrier international, ce jeudi 27 février.

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est très strict. Non seulement l’entreprise recale les fumeurs, mais elle est aussi sans pitié pour ceux qui seraient en train d’arrêter. Exit donc ceux qui se risqueraient à utiliser des patchs, des chewing-gums ou encore des cigarettes électroniques. Pour ce faire, elle aurait mis en place “un test de dépistage”, affirme Courrier international.

Aux États-Unis, la cigarette est interdite dans pratiquement tous les lieux publics. Mais là, une étape supplémentaire est franchie. Ce qui chez nous serait perçu comme une discrimination à l’embauche est légal dans 21 États sur 50 outre-Atlantique. Magnanime, l’entreprise U-Haul a précisé qu’elle ne licencierait pas (encore) les fumeurs actuels qu’elle compte dans ses rangs.

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De quoi je me mêle ?

Officiellement, il s’agit d’un engagement pour le bien-être des salariés. En renfort de cet argument, l’entreprise assure que cette démarche s’inscrit dans tout un tas de dispositifs préexistants d’“incitations à une bonne alimentation, à faire du sport et à suivre des programmes de santé”, précise France Culture.

Vous avez dit intrusifs ? On vous comprend. C’est ce qui se passe dans un pays où l’assurance maladie est l’affaire d’entreprises privées.

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“Aux États-Unis, l’assurance maladie est généralement fournie par les employeurs, et les entreprises dont le personnel comprend une forte proportion de fumeurs doivent débourser davantage”, souligne la juriste Karen Buesing, interrogée par Courier international.

Ceci explique donc cela. Pour les critiques avertis, ce genre de “smoke ban” constitue donc une dérive largement prévisible. Pour autant, elle inquiète. Est-il vraiment souhaitable que les entreprises remplacent l’État américain en matière de Santé publique ?

L’autre argument productivité, c’est que les non-fumeurs sont moins absents et plus efficaces que ceux qui s’en grillent une de temps en temps. Une idée qui fait aussi son chemin près de chez nous. En Espagne, la Cour nationale vient d’autoriser une entreprise à comptabiliser toutes les pauses de ses salariés pour les déduire de leurs heures de travail.

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Comme l’a souligné l’historienne Natalia Mehlman Petrzela, citée par France Culture, si ce genre de mesures venaient à s’étendre, elles ne feraient qu’agrandir la fracture sociale, dans la mesure où on peut déjà faire un lien entre le tabac et le niveau de vie.

30 % des personnes qui sont sous le seuil de pauvreté sont fumeuses. Refuser du travail aux fumeurs pourrait avoir comme effet pervers de mettre au chômage des personnes qui sont déjà en situation de grande précarité.