J’ai passé un an sans boire d’alcool (et pourquoi je vais continuer)

Publié le par Pharrell Arot,

Ma recherche du bonheur passe par la case eau pétillante.

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“Ce qui est pris n’est plus à prendre.” C’est ce que m’a toujours dit mon bon ami Mathieu, et en approchant à grands pas de la quarantaine, à l’été 2021, j’ai décidé d’arrêter l’alcool. L’idée me trottait dans la tête depuis un moment, à la manière des défis mensuels que j’avais pu réaliser sur Konbini en 2018. Dans mon esprit, je plaçais seulement la barre un peu plus haut en visant cette fois-ci l’année, comme un pas symbolique supplémentaire. 365 jours ont passé. Sans alcool. Un drôle de cheminement entre questionnement sur la sobriété, le déclin de son impossibilité sociale et l’évidence de continuer à trinquer à l’eau pétillante.

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“T’es malade ?”

Les premières semaines, au cœur de l’été, n’ont pas été difficiles. En cercle restreint, moins de pression (vous l’avez ?). Bien sûr, certains de mes proches y sont allés des questionnements un brin inquisiteurs, à savoir si je ne cachais pas une effroyable maladie. Non. Aussi, pour poser à plat mes motivations, je ne pensais pas avoir un “problème” avec l’alcool, du moins pas un “problème” de films et romans : je n’ai jamais ouvert une bouteille de whisky à 8 heures du mat’ et je n’ai jamais bu seul. Ma faiblesse, c’était plutôt l’alcool festif, l’impossibilité de s’arrêter une fois quelques verres dans le cornet, et les mauvaises habitudes d’une poignée d’années à vivre la vida loca de DJ au milieu des années 2000. Par là, j’entends qu’avant cet arrêt de l’alcool, je ne voyais pas de problème au fait de commander deux vodkas pour ensuite engloutir un demi-Xanax pendant la phase d’ascension d’un long courrier dans le but de pouvoir dormir quelques heures. J’y voyais sans doute même une pointe de glamour, comme dans de mauvaises pages d’un roman d’un néo-Bukowski version Instagram. Donc, un an après, je peux le dire, j’avais sans doute un “problème” avec l’alcool, mais un “problème” que 90 % de mes amis possèdent aussi, ce qui ne m’avait donc jamais vraiment alarmé.

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“Même pas une coupe de champagne ?”

Au bout de cinquante jours de mon arrêt de l’alcool, j’en parlais dans ma newsletter perso, comme pour graver en ligne une sorte d’obligation à tenir mon défi sur le long terme.

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“Bien sûr, un an n’est qu’un objectif pour le nerd que je suis, un peu comme le titre de cette newsletter (“Une année de sobriété : jour 50″, ndlr) prétexte à graver ce challenge dans l’internet. Si vous me croisez un verre de vin à la main, c’est que je ne l’aurai pas tenu, rien de bien grave, rien n’est perpétuel, un peu comme les mecs en trottinette qui pensent encore que Clubhouse va révolutionner le monde.”

Balle perdue pour la start-up nation, mais de mon côté, sans doudoune à manches courtes et sans table de ping-pong au bureau, j’ai tenu mon pari. Au bout de quelques mois, avec la fin des restrictions liées au Covid-19, j’ai même repris les dîners mondains, quelques événements presse arrosés, et, toujours, j’ai pu y aller de mon Perrier-rondelle. À chaque fois, j’ai dû batailler contre le “même pas une petite coupe histoire de trinquer ?”. J’ai navigué et je navigue encore entre les gens qui tentent de me forcer la main, ceux qui se sentent un brin mal face à leur consommation tout en se servant une énième coupe, et ceux qui ne comprennent tout simplement pas (les mêmes qui voulaient me servir du saumon pendant mon mois végan). À chaque fois, j’y vais de mon petit argumentaire, un brin hors-sol, où j’essaie d’expliquer que le monde change et que la génération qui nous succède est bien plus relax sur le fait d’accepter la sobriété, comme sur tous les sujets de société. Je prends aussi l’exemple de mes amis américains, avec qui j’ai pourtant plus que trinqué pendant de nombreuses années, qui voient la sobriété comme une nouvelle forme de religion.

Loin de moi l’idée de suivre l’hygiénisme parfois déplacé de riches Californiens reconvertis de la fête aux cryptos, loin de moi l’idée de jouer le culte d’un corps meilleur, mais la simplicité outre-Atlantique d’accès au “sans alcool” a de belles leçons à nous donner. Parce qu’en France, le “no-low”, ce mouvement des boissons sans (ou avec peu) d’alcool, pédale dans la semoule. Bon, et on ne va pas tergiverser, même avec de superbes options proposées par Gimber, JNPR ou Seedlip, l’équation reste implacable : jamais vous ne boirez autant de verres sans alcool que de verres alcoolisés. À la troisième San Pellegrino, quand vos amis en seront à commander la quatrième bouteille de Pet Nat de la soirée “avec une tournée de shots de Chartreuse !”, vous aurez envie de rentrer chez vous. Reste à savoir si, finalement, ce n’est pas plus mal. Ici, chacun devra trancher, le FOMO n’existant plus depuis bien longtemps dans ma vie de presque quarantenaire en couple. Et ce couple, d’ailleurs, en a vu passer d’autres pendant cette année de sobriété.

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Cocher toutes les cases de la vie d’adulte

Une année sans alcool ? C’est un détail dans ces douze mois écoulés. En juin, après treize ans de vie commune, je me suis marié. Des lendemains moins flous, une sérénité quotidienne, une certaine forme de sagesse, des économies (enfin, je crois)… La sobriété n’a eu que de bons côtés sur cette année écoulée. Et du défi d’un an s’est matérialisée une évidence : je vais rester sobre. La vie me dira pour combien de temps, mais pour le moment, c’est le plan A, celui d’un équilibre et d’une lucidité jamais acquise auparavant, toujours bien loin de la plénitude, mais vraiment très proche de l’idée que je me fais du bonheur.

PS : si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement la vidéo de l’humoriste Maxime Musqua qui a, lui aussi, documenté le cheminement d’une année sans alcool, et le podcast Sober Sex de Rose Romain et mon amie de longue date Louisahhh.

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