Cyber-harcèlement : les enfants peuvent-ils être “des bourreaux sans s’en rendre compte” ?

Publié le par Pierre Bazin,

Ou l’importance de considérer la question du cyber-harcèlement dans les deux sens.

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Konbini s’engage contre le cyber-harcèlement. En tant que média Web, Konbini est directement concerné par ce fléau qui touche parfois nos invité·e·s, nos journalistes et par extension nos community managers. Nous connaissons le mal que le cyber-harcèlement peut faire aux personnes qui le subissent, à leurs proches et à une société tout entière. Pour retrouver les engagements que nous mettons en œuvre contre le cyber-harcèlement, c’est ici.

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Clara Foucher est juriste consultante en protection des données personnelles. Elle est également membre du Cercle des femmes de la cybersécurité (CEFCYS), association mixte mettant en lumière les femmes dans le milieu de la tech. Sa principale mission est la sensibilisation des 5-15 ans aux enjeux, bonnes pratiques et à l’inclusion dans le numérique.

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“Cela commence désormais très tôt, ils ont accès à des écrans, aux tablettes dès l’âge de 6-7 ans”, explique-t-elle. Cette sensibilisation est également adressée aux parents, parfois un peu dépassés par tous ces nouveaux supports que leurs enfants utilisent pour communiquer, s’amuser, jouer, se renseigner, etc.

Loin de vouloir diaboliser les écrans et leurs effets sur les enfants, Clara Foucher reconnaît, au contraire, une grande curiosité et réceptivité de ces derniers sur les usages du numérique : “Ils sont malins, ils savent contourner les limites, mais ils comprennent aussi très vite les enjeux liés à ces nouvelles technologies.”

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De la cour de récré aux réseaux, le harcèlement a pris d’autres formes

Parmi les sujets abordés auprès des enfants, la question du cyber-harcèlement est essentielle. “Il ne faut pas avoir peur du mot, car je pense qu’on a tous été un jour un cyber-harceleur.” En discutant avec les enfants, elle se rend compte qu’ils peuvent tout aussi bien être victimes que bourreaux.

“L’important est d’identifier une situation de cyber-harcèlement sous toutes ses facettes, dans les deux sens.”

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Des quolibets dans la cour de récré aux “affichages dévalorisants” d’amis en story, il n’y a qu’un pas, mais les enfants ne se rendent pas forcément compte de certaines violences qui vont au-delà du physique. “Elles sont répétées et touchent au psychologique lorsqu’on parle de (cyber)harcèlement.”

Déconstruire, démystifier, responsabiliser

Ainsi, lorsqu’on leur demande, les enfants interrogés ne nient pas avoir liké une publication malveillante, avoir pris et publié une photo sans consentement d’un camarade. Clara Foucher insiste également sur l’effet de groupe qui désinhibe : “Quand tu vois plein de likes sur une publication, tu as envie de mettre le tien.”

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“On essaye de leur expliquer que ne pas rire, ne pas continuer ce cercle vicieux du cyber-harcèlement, c’est ne pas y adhérer et donc d’aider la personne. Les enfants sont très réceptifs à cela, la plupart du temps, ils ne s’en doutaient juste pas.”

Toute cette sensibilisation passe aussi par la démystification du mythe de l’anonymat sur Internet. La dimension abstraite du “cyber”, pour reprendre les mots de Clara Foucher, doit être démontée en expliquant par exemple qu’on peut retrouver les responsables via une adresse IP. “Ils ne diraient jamais ces mêmes choses s’ils avaient la personne en face”, illustre-t-elle.

Car à la fin, c’est la responsabilisation de ces jeunes qui compte. Clara Foucher prend souvent l’exemple très parlant des célébrités qui portent plainte contre des paparazzis intrusifs. Une analogie qui résonne très bien chez ces adultes en devenir. Ils comprennent que les mots, les photos publiées, ont un poids parfois lourd, et dans le même temps, qu’il est possible d’agir contre ces pratiques.

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“Ce sont des sujets qui vont les concerner tout au long de leur vie, il ne faut pas absolument les infantiliser ni les culpabiliser, mais au contraire les aider.”

Pour nous écrire : hellokonbinitechno@konbini.com