The Walking Dead : Negan se montre sous un nouveau jour dans un épisode inspiré

Publié le par Adrien Delage,

© AMC

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C’est pour ce genre d’épisode que les fans de The Walking Dead continuent de regarder leur série préférée, raillée de toute part. Dans “The Lost and the Plunderers”, on assiste aux premières conséquences de la mort de Carl. Sur Rick en premier lieu, mais également sur d’autres personnages assez inattendus, dont Negan. Le rival du shérif, principal antagoniste du show depuis la saison 6, a dévoilé une nouvelle facette de sa personnalité qui prouve bien que la série continue de faire évoluer ses personnages, même après huit années d’existence.

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À Alexandria, Rick et Michonne terminent d’enterrer Carl alors que leur foyer est envahi et ravagé par les rôdeurs. Au Sanctuaire, les Sauveurs cherchent activement le leader de la coalition pour mettre un terme à la rébellion, tout en cherchant à punir ses suiveurs dont font partie les Ferrailleurs. Enfin, Enid et Aaron tentent désespérément de rallier les femmes d’Oceanside à leur cause après avoir involontairement tué leur meneuse.

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Comme trop souvent avec The Walking Dead, cette narration découpée en trois points de vue est inégale et certains passages sont particulièrement inutiles. C’est Aaron et Enid qui écopent cette fois-ci de scènes à rallonge parcourues d’incohérences. Au contraire, le chagrin de Michonne nous bouleverse encore une fois tandis que le Sanctuaire est perturbé par des conflits internes.

Simon, le véritable monstre du Sanctuaire ?

Gavin, Regina, Dwight avant de changer de camp… Les généraux de Negan ne sont pas des enfants de chœur. Si on pensait qu’ils étaient tous à la solde de Negan, remplaçant son bras gauche pour faire le sale boulot, l’un d’entre eux est peut-être pire que son patron. En effet, Simon a passé un nouveau cap dans la fils de puterie en décimant la communauté de Jadis, alors que le leader des Sauveurs lui avait juste demandé de faire passer un message en tuant un seul Ferrailleur.

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Simon est devenu imprévisible et donc d’autant plus dangereux. Alors que Negan est quelque part un utopiste qui espère bâtir une nouvelle civilisation par la force, Simon est bien plus radical dans sa façon de penser. Pour lui, les trouble-fêtes doivent être éradiqués s’ils refusent de coopérer. Negan continue de défendre l’idée que “les gens sont une ressource” à exploiter, et pas des pions à sacrifier dans le seul but d’injecter de la peur dans les esprits les plus faibles des communautés. Si l’homme à la batte est un monarque, Simon est un dictateur totalitaire en puissance. On en vient d’ailleurs à se demander s’il n’est pas à l’origine du massacre des hommes d’Oceanside, juste pour contrarier Negan.

Par ailleurs, c’est le seul général qui a toujours montré des signes de rébellion quand son patron n’était pas apte à diriger. Quand Negan était coincé avec Gabriel dans l’épisode “The Big Scary U”, Simon avait proposé à ses collaborateurs d’agir sans l’aval de leur leader, quitte à déclarer sa mort prématurée. Désormais, et avec l’échec de la capture de Rick à Alexandria, Simon n’a même plus peur d’un face-à-face avec un Negan qui parvient tout juste à garder son sang-froid.

Au Sanctuaire, la situation est clairement en train d’évoluer. En abattant tous les Ferrailleurs, Simon a désobéi à son boss. Pire, il lui ment éhontément, abusant ainsi de la confiance des hommes qui ont appuyé sur la gâchette en son nom. Si les sbires de Simon sont prêts à le suivre dans son mouvement de rébellion, cela nous indique peut-être que tous les Sauveurs vont prochainement renverser Negan. Car depuis sa guerre contre la coalition de Rick, l’homme à la batte enchaîne les déconvenues et son peuple en a fait les frais.

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Cœur de barbelés

L’épisode “The Lost and the Plunderers” fait également un effort de mise en scène. D’abord à travers les transitions, faites avec un panneau noir sur lequel est inscrit le prénom du personnage concerné par la séquence, référence évidente à Tarantino et son découpage en chapitre dans le diptyque Kill Bill. Ensuite, par les combats contre les zombies, bien réalisés (on retrouve la Michonne d’antan et ses coups de sabre tranchants) et des effets spéciaux satisfaisants dans “la scène du hachis” avec Jadis.

Certains spectateurs trouveront probablement à redire sur les scènes de baston à la décharge, et ces gros plans assez grotesques sur le visage de Rick et sa petite amie. Mais pour une fois, l’épisode alterne à merveille entre scènes d’action et séquences plus bavardes. Loin d’être poussives, ces dernières permettent d’ailleurs de faire progresser les personnages, comme l’illustre l’ultime dialogue au talkie-walkie entre Rick et Negan.

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Ce passage renvoie aux dernières paroles de Carl en renversant la situation attendue. Alors qu’on pensait que son père allait faire preuve de miséricorde, Rick continue finalement de menacer Negan. Par ailleurs, il préfère lire la lettre de son fils adressée à son ennemi, laissant la sienne de côté. Deux interprétations s’offrent alors à nous : soit Rick reste obnubilé par la vengeance, quitte à ne pas être affecté par le contrecoup de la mort de Carl (ce qui ne saurait tarder), soit il est simplement en train de traverser les étapes du deuil. La première étant le déni, le shérif refuse de suivre le dernier message de son fils pour que Carl reste métaphoriquement en vie.

Du point de vue de Negan, la scène est encore plus palpitante. Le rival de Rick est sincèrement désarçonné et attristé en apprenant le décès de Carl. Jeffrey Dean Morgan, toujours très convaincant dans la veste en cuir du bad guy, bouleverse complètement sa partition dans cette scène : il se pose, fait preuve d’hésitation, nous fait presque verser une larme et devient encore plus magnétique qu’à son habitude. Le plus fort de la séquence arrive juste après la nouvelle de la mort de Carl.

De manière extrêmement calme, alors que Rick s’énerve à l’autre bout du talkie-walkie, Negan détruit mentalement son adversaire. Il remue le couteau dans la plaie en insistant sur l’échec du leader, mais surtout du père qui n’a pas réussi à protéger sa famille. À ce moment précis, Negan prend un ascendant psychologique flagrant sur le shérif. Car malgré son chagrin sincère, il n’oublie pas la guerre à mener et manipule son ennemi en profitant de sa douleur latente.

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Dans cette scène, on comprend réellement le décalage idéologique entre les deux personnages, renforcé par la partition impeccable de Jeffrey Dean Morgan. On en oublierait presque les exécutions atroces de Glenn et Abraham par sa main. Pour une fois, on a la sensation en tant que spectateur de comprendre Negan et ses motivations, de croire en sa civilisation utopique nouvellement bâtie. Et pour une fois, The Walking Dead propose un message d’espoir tout sauf manichéen.

En France, la saison 8 de The Walking Dead est diffusée en US+24 sur OCS Choc.