Special, une petite série queer et bienveillante comme on les aime

Publié le par Florian Ques,

© Netflix

Avec un format qui favorise le binge-watching, la dernière comédie de Netflix nous met d'emblée le sourire aux lèvres.

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Ce n’est pas nouveau, depuis qu’elle s’est lancée dans la production de fictions originales, Netflix a déjà fait beaucoup en matière de diversité. Dans son giron, des œuvres marquantes et acclamées comme Dear White People – dont on attend la saison 3 de pied ferme –, la regrettée One Day at a Time et l’irremplaçable Sense8. C’est dans cette trajectoire inclusive qu’est née Special, son dernier ajout un brin confidentiel.

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Special, c’est l’histoire de Ryan Hayes, un vingtenaire qui vient de décrocher un poste de stagiaire chez Eggwoke, soit un pseudo-Buzzfeed totalement fictif. Il est ouvertement homosexuel, vit avec sa mère surprotectrice, n’a que très peu d’ami·e·s et mène un quotidien assez monotone dans l’ensemble. Sa particularité, c’est qu’il est atteint de paralysie cérébrale légère.

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Jusqu’ici, peu de personnages avec un handicap sont apparus dans les séries made in Netflix – et, non, Daredevil ne compte pas pour des raisons évidentes. De par son approche tout en douceur et sa tonalité on ne peut plus légère, Special entend dédramatiser cet aspect-là tout en n’omettant pas de montrer l’impact qu’une telle infirmité peut avoir sur un individu au quotidien.

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Si la comparaison avec une certaine Atypical coule de source, au moins d’un point de vue thématique, Special devrait davantage faire l’unanimité. En effet, à sa sortie, Atypical avait été sujette à controverse, bon nombre de personnes touchées par le TSA [trouble du spectre de l’autisme, ndlr] étaient mécontentes de la représentation prétendument faussée offerte par la série.

Ici, Special ne devrait pas être sous le feu d’attaques similaires puisqu’elle est basée sur la vie réelle de son créateur, Ryan O’Connell, lequel a d’ailleurs détaillé son expérience dans son livre autobiographique I’m Special: And Other Lies We Tell Ourselves, paru en 2015. Une honnêteté qu’on ressent de façon quasi instantanée dans l’écriture de sa série.

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À travers seulement huit épisodes d’une quinzaine de minutes, Special n’essaie à aucun moment d’utiliser la paralysie cérébrale légère de son héros comme un prétexte pour susciter de l’empathie. Dans les faits, Ryan est parfois exécrable, notamment avec sa mère (touchante au possible) qu’il a tendance à négliger. Ce n’est pas une victime, c’est un individu lambda, qui possède des qualités et des défauts, que la série n’a pas peur de souligner, à raison. Son handicap opère plutôt en toile de fond tant cette première saison préfère se focaliser sur sa vie professionnelle et amoureuse.

C’est d’ailleurs là que la série excelle, s’imposant comme une dramédie moderne qui tend à s’éloigner des clichés, particulièrement les stéréotypes sur les hommes gays. Le hic demeure son format trop expéditif : bien que ces courts épisodes favorisent un binge-watching en bonne et due forme, Special pâtit d’un développement narratif moindre qui nous laisse sur notre faim. En prime, il est évident de par la réalisation et les décors, excessivement simples, que la série a bénéficié d’un budget peu conséquent, et c’est bien dommage.

En soi, Special a très probablement été éclipsée à sa sortie par Huge in France, comédie bancale et laborieuse signée Gad Elmaleh. Pourtant, elle mérite amplement notre intérêt tant elle fait preuve d’audace en un temps record, ouvrant la voie à une meilleure inclusivité avec un ton assuré. Ryan O’Connell a réuni ici les ingrédients nécessaires pour proposer une dramédie progressiste et rafraîchissante, bien que son propos gagnerait à être exploré plus en profondeur. Dans une saison 2 ?

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La première saison de Special est disponible dès maintenant en intégralité sur Netflix.