Sherlock vient réclamer sa couronne de meilleure série anglaise avec “The Lying Detective”

Publié le par Marion Olité,

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Il fallait bien ça pour rattraper un début de saison 4 poussif. Attention, spoilers. 

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La semaine dernière, le retour de Sherlock avait pris des allures de pétard mouillé. Malgré une intrigue éminemment tragique, l’épisode était mal foutu, bancal et finalement décevant. Ô joie : tout ce qui n’allait pas dans “The Six Thatchers” a été rectifié dans “The Lying Detective”, clairement l’un des meilleurs épisodes de la série à ce jour.

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L’intrigue reprend dans la continuité du season premiere. Watson ne veut plus entendre parler de Sherlock, qui culpabilise après le sacrifice de Mary. Le détective anglais replonge alors les deux pieds dans l’héroïne, sous les yeux catastrophés de Mrs. Hudson. Une nouvelle affaire va toutefois l’obséder. Après avoir rencontré une mystérieuse femme, il est persuadé que le milliardaire philanthrope Culverton Smith est… un serial killer. Pendant ce temps, son frère, le toujours aussi intriguant Mycroft, semble avoir maille à partir avec un certain Sherrinford…

La majorité de la communication de cette quatrième saison était axée sur cet épisode. Après visionnage, on comprend pourquoi. Il réunit tout ce qui fait le sel de la série de Steven Moffat et Mark Gatiss. À commencer par un méchant d’anthologie. Dans le rôle de Culverton Smith, un type avec lequel on aimerait pas se retrouver coincé dans un ascenseur, l’excellent Toby Jones fait des étincelles. Le rire carnassier, le regard malsain, le propos dérangeant, il incarne le mal absolu sans verser une seule goutte de sang. Du grand art.

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Son comportement perturbant, sa façon de surfer sur les médias et le buzz, son physique ou encore son argent (qui lui confère un pouvoir illimité) ne sont pas sans rappeler un sinistre personnage bien réel : un certain Donald Trump. Les Anglais y ont aussi vu un parallèle plus précis avec le très glauque Jimmy Savile, DJ, animateur à la BBC et philanthrope, dont l’étendue des crimes pédophiles a été révélée après sa mort. Un de ses modus operandi – se rendre dans les hôpitaux pour enfants qu’il subventionnait pour y commettre ses crimes – n’est pas sans rappeler les méthodes de Culverton Smith dans cet épisode.

Un tourbillon

Sherlock n’est jamais meilleure que quand elle réussit à allier un bad guy fort et une mise en danger, émotionnellement et physiquement, son duo phare. C’est donc le cas ici. Toujours parfait, Martin Freeman incarne un Watson en plein processus de deuil. Cela nous donne aussi l’occasion de revoir le personnage de Mary (Amanda Abbington), parfois mal exploité dans la série, à qui les scénaristes rendent finalement ici le plus beau des hommages. Quant à Sherlock Holmes, il est tout aussi traumatisé que son ami, ce qui donne lieu à des scènes délirantes de défonce, et d’autres terriblement belles et graves.

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On pense à ce moment où il explique à une jeune femme apparemment suicidaire que ce ne sont pas les morts qui souffrent mais les vivants (“Notre mort, ce sont les autres qui la subissent. Votre vie ne vous appartient pas. N’y touchez pas.”). Un passage qui montre à quel point la mort de Mary l’a affecté, mais qui peut aussi faire référence aux deux ans pendant lesquels il a fait croire à John qu’il était lui-même mort. Comme le confiait récemment son interprète, Benedict Cumberbatch, l’anti-héros s’humanise définitivement. Clou du spectacle : cette scène très émouvante des réconciliations avec Watson, qui se termine par un câlin (oui). L’émotion est à son comble.

Il n’y pas que les protagonistes principaux qui brillent dans cet épisode. Les éternels seconds couteaux ont aussi droit à leur quart d’heure de gloire, que ce soit Mycroft Holmes (délicieusement interprété par Mark Gatiss) ou Mrs. Hudson, devenue l’héroïne des réseaux sociaux après quelques faits d’armes qu’on vous laisse découvrir. Ne l’appelez plus “housekeeper” (“gouvernante”).

Et puis Steven Moffat et Mark Gatiss maîtrisent la mythologie Sherlock sur le bout des doigts. Et c’est en jouant avec (tout en respectant l’esprit) qu’ils enfoncent définitivement le clou, à coups de twists brillants et d’easter eggs qui raviront les fans. Notre préféré : ce gros clin d’œil à Irene Adler en fin d’épisode, la seule femme qui ait réellement troublé Sherlock. Il faut aussi saluer le coup de génie de Moffat sur ce twist final, brillant et inattendu, qui surprendra à la fois les fans hardcore des livres d’Arthur Conan Doyle et ceux de la série. L’ombre de Moriarty, souvent présent dans meilleurs épisodes de la série, plane au-dessus des têtes de nos héros, et ce n’est pas pour nous déplaire.

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Alors qu’on pensait voir le show et ses ressorts s’user depuis la saison 3, cet épisode tourbillonnant prouve de façon assez magistrale que Sherlock en a toujours sous la pédale, quand elle ne se repose pas sur ses lauriers. Et qu’elle fait toujours partie du peloton de tête des meilleures séries anglaises en production.