Sean Bean était ce qui pouvait arriver de mieux à Snowpiercer

Publié le par Delphine Rivet,

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Celui qui se traîne une réputation d’acteur maudit a sans doute trouvé sa rédemption dans ce rôle de méchant.

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Après une saison 1 en dents de scie, tantôt captivante tantôt poussive, Snowpiercer reprend de la vitesse en saison 2. Et ce coup de boost tient essentiellement à l’arrivée de Mr Wilford, incarné par Sean Bean, dans l’équation. Celui qui se traîne une réputation d’acteur maudit, pour avoir été tué tant de fois à l’écran, trouve peut-être ici sa rédemption aux yeux du public. Mais c’est aussi cette réputation de héros fauché en pleine gloire à chaque nouvelle apparition (une impression trompeuse, bien sûr, puisque dans la majorité de ses rôles, il ne meurt pas prématurément) qui lui a valu la sympathie du public.

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Or, dans Snowpiercer, il campe un sale type, riche et puissant, sans le moindre scrupule, et qui, semble-t-il, a la peau dure. En saison 1 en effet, on découvrait que monsieur Wilford, le génial inventeur du Snowpiercer ayant sauvé ce qu’il restait de l’humanité, n’était finalement pas aux manettes. Melanie (Jennifer Connelly) avait gardé le secret : ce dernier n’était en fait jamais monté à bord et était donc présumé mort. L’aura du créateur à elle seule lui permettait de maintenir l’ordre à bord du train. Tant qu’il restait en vie dans l’esprit des gens, tout irait bien. Enfin ça, c’est ce qu’elle croyait, et la suite la fera sérieusement réviser son jugement. La série a soigneusement choisi son timing avant de faire apparaître Wilford pour la première fois. Les passager·ère·s avaient à peine appris qu’il n’avait jamais commandé le Snowpiercer, et le voilà qui débarque, conquérant, à bord d’un autre train. Heureusement pour lui, sa réputation n’a pas eu le temps d’être entachée auprès des survivant·e·s des classes supérieures, contrairement à celle de Melanie pour sa trahison.

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Sa première apparition est digne des plus grands méchants du cinéma. Assis dans l’obscurité, il révèle sa présence de façon très théâtrale : on entend d’abord sa voix puis les lumières s’allument, et le voilà, rictus au coin des lèvres, comme prêt à dévorer Melanie. À l’instar de bien des “big villains” avant lui, il a aussi un animal de compagnie. De Don Corleone dans Le Parrain à Ernst Stavro Blofeld dans les premiers James Bond, ces messieurs jettent généralement leur dévolu sur un chat. Un trope tellement répandu qu’il a même un nom, le “Right-Hand Cat“, selon lequel les méchants préfèrerent les félins, fourbes et égoïstes créatures, et les héros s’attachent davantage aux chiens, loyaux et affectueux. Wilford, lui, ne se sépare jamais de son cerbère, Jupiter, qui sait montrer les crocs sur commande. Son molosse a beau être imposant, il n’est pourtant jamais aussi terrifiant que son maître, complètement imprévisible.

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Wilford représente à la fois un ennemi redoutable pour Layton (Daveed Diggs) et Melanie, mais aussi un protecteur diablement tentant pour Ruth (Alison Wright), la nouvelle cheffe de l’Hospitalité, qui n’a jamais cessé de croire en lui. Par sa seule présence, Wilford fait monter d’un cran les enjeux pour les survivant·e·s du train, et du même coup, notre intérêt pour la série. L’arrivée de Big Alice, qui vient s’arrimer au Snowpiercer telle un parasite, change complètement la dynamique de la série. Elle est, évidemment, une nouvelle source d’épreuves et d’antagonismes pour nos héros et héroïnes, mais crée aussi une frontière.

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C’est tout un symbole quand on sait que le Snowpiercer, qui parcourt indéfiniment le globe, contient dans sa carcasse ce qu’il reste du monde. Il serait bien sûr faux de prétendre qu’il n’y avait pas de séparations entre les passager·ère·s avant — toute la mythologie de Snowpiercer est fondée sur les barrières infranchissables qui existent entre les différentes classes du train — mais elles étaient sociales, physiques, arbitraires. En ajoutant Big Alice et en matérialisant Mr Wilford (qui n’existait que virtuellement jusqu’ici dans l’esprit des gens), la série pose donc une frontière géographique tangible (celle qui sépare les deux trains) mais aussi diplomatique (deux “leaders”, théoriquement de force égale, se font désormais face) et surtout, celle-ci a pour effet de consolider la révolution entamée par Leyton. Les survivant·e·s du Snowpiercer qui regardaient jusqu’ici vers l’avant du train (où chaque wagon a plus de privilèges que celui qui le précède), se retournent désormais, ensemble, vers Big Alice, en queue de train. Les cartes du pouvoir ainsi redistribuées, la véritable guerre des nerfs peut commencer !

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En France, la deuxième saison de Snowpiercer est diffusée, à raison d’un épisode par semaine, sur Netflix.