Riverdale fait la guerre au slut-shaming et piétine gentiment les stéréotypes

Publié le par Florian Ques,

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Aujourd’hui dans la petite ville de Riverdale : est-ce qu’un relaxant musculaire peut agir comme un sérum de vérité ?

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Qu’ont en commun Donald Trump et les leggings à imprimé galaxie ? Outre leur goût douteux, ils font partie de ces choses qui auraient clairement dû rester en 2016. À cette liste vient s’ajouter notamment le slut-shaming. Mais si, vous savez, dénigrer une femme parce qu’elle fait ce qu’elle veut de son corps et est à l’aise avec sa sexualité. Après avoir fait la part belle à ses protagonistes féminins dans l’épisode précédent, Riverdale continue sur sa lancée et tape encore une fois dans le mille.

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Slut-shaming et girl power

Faisant une croix (temporaire) sur Archie par respect pour Betty, Veronica jette son dévolu sur un autre membre de l’équipe des Bulldogs : Chuck Clayton. Un grand Afro-Américain charismatique aux muscles presque aussi imposants que son ego. Car oui, on est quand même à Riverdale, bourgade mystique où les garçons naissent automatiquement avec des tablettes de chocolat. Après un premier date concluant, les deux se galochent sur le parking de Pop’s. Dès le lendemain, la rumeur est lancée : ils auraient fait des choses pas très catholiques ensemble et Veronica écope de tout un flot de remarques dégradantes.

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En apprenant que d’autres élèves de Riverdale High ont été en proie à ce même type de harcèlement, Veronica forme une unité d’élite anti slut-shaming composée de Betty, Kevin et la nouvelle venue dans leur entourage, Ethel. Pour ceux qui ne l’auraient pas reconnue sans ses grosses binocles et sa coiffure à la Madame Doubtfire, c’est Shannon Purser (aka la regrettée Barb dans Stranger Things) qui incarne Ethel. Pire que le Demogorgon, la rouquine est confrontée à d’énormes beaufs. En effet, les sportifs de Riverdale recensent et notent leurs conquêtes dans un cahier secret, à mi-chemin entre Babylone 2.0 et le “Burn Book” de Lolita malgré moi. Ah, il fait bon vivre en 2017 !

Cette semaine, Riverdale fait grimper le girl power un cran au-dessus. En faisant s’unir la majorité de ses personnages féminins, la série met un point d’honneur à les rassembler plutôt que les diviser. Trop souvent par le passé, les teen shows avaient tendance à tomber dans le piège facile de la rivalité entre filles. Plutôt que de se tirer vers le haut, les femmes du petit écran se tirent dans les pattes et se disputent. Pour un job, pour un mec, pour des fringues. Et ce n’est pas Gossip Girl qui dira le contraire.

Pas de ça ici. La girl squad improvisée de Riverdale se comprend, se soutient, s’entraide. La revanche est un plat qui se mange froid, mais c’est aussi un plat qui se partage avec ses copines. Même la peste Cheryl y met du sien, allant jusqu’à brûler le “Beauf Book” (appelons un chat un chat) à la fin de l’épisode. Mention spéciale à la bad girl de Riverdale, Veronica, pour son discours inspirant dans la salle de rédaction du Blue & Gold, le journal du lycée. Il est rarement possible dans les teen dramas d’assister à de telles paroles d’empowerment, et ça fait du bien.

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Crazy Betty

Si on pouvait croire aux débuts de la série que Riverdale était “The Archie Show”, il en est finalement tout autre. Le héros rouquin et ses abdos d’acier ont beau être constamment mis en avant, cela ne fait pas de lui le personnage le plus intéressant. Non, cette palme est décernée à l’angélique Betty Cooper. De grands yeux bleu azur, une queue-de-cheval finement nouée et un sourire compatissant imperturbable : la blonde personnifie la candeur dans son état le plus pur. La nice girl par excellence, bienveillante et virginale.

Or, ce n’est qu’une façade. Les scénaristes de Riverdale nous ont vendus un archétype en puissance avant de le démonter progressivement au fil des épisodes. Dans ce troisième chapitre, Betty se la joue Dr. Jekyll et Mr. Hyde, dévoilant une facette qui avait subtilement pointé le bout de son nez à l’épisode précédent. À la découverte du livre des quarterbacks, elle apprend que Jason Blossom avait séduit sa sœur Polly simplement pour l’ajouter à son tableau de chasse et récolter des points de beaufitude. Cette information la rend dingue, presque littéralement.

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Décidée à s’improviser justicière façon Sweet/Vicious, Betty pousse Veronica à tendre un guet-apens pour faire avouer à Chuck que la brunette n’a pas réellement couché avec lui. Pour ça, elles lui font croire à un plan à trois dans un Jacuzzi, proposition à laquelle tout adolescent stéréotypé des séries pour ados ne peut résister. Sans aucune explication, la blonde débarque avec une perruque à la Pulp Fiction et un soutien-gorge sexy en guise de haut. Un choix scénaristique assez WTF de prime abord, d’autant plus que cet accoutrement ne sert en rien à faire avancer l’intrigue.

Si seulement ça n’était que la tenue ! Après avoir glissé un médoc dans le verre de Chuck, ce dernier se réveille dans le Jacuzzi, attaché avec une paire de menottes. La menace est simple : “Tu avoues avoir menti ou on te fait bouillir.” À Riverdale, on ne déconne pas avec le slut-shaming. Une fois que Veronica a enregistré les aveux du sportif sur son Smartphone, Betty dérape. Elle va jusqu’à appeler Chuck par le prénom de “Jason” et à se prendre elle-même pour sa sœur Polly. Mesdames et messieurs, après Ugly Betty, faisons place à Crazy Betty. Moins d’appareil dentaire, beaucoup plus d’instabilité.

Difficile de déterminer si Betty est atteinte d’un trouble de la personnalité ou d’un quelconque autre problème psychique. Après tout, sa mère a beau être détestable à souhait, peut-être a-t-elle raison de la pousser à prendre ses antidépresseurs. Betty est un personnage tellement réprimé, constamment dans le contrôle, qu’elle risque très fortement de péter les plombs à un moment donné. Ou peut-être est-ce déjà arrivé, un certain 4 juillet ?

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Mr. Robot et l’anxiété sociale, You’re the Worst et la dépression clinique, Shameless et la bipolarité. Bon nombre de séries se sont frottées aux troubles mentaux. La plupart sont diffusées aux États-Unis sur des chaînes câblées, où les libertés sont plus grandes. Outre-Atlantique, Riverdale appartient à la CW, un grand network public. Si le show ose sortir des sentiers battus pour parler de troubles de la personnalité par exemple, ce ne sera qu’honorable. Encore faut-il que ce soit fait avec justesse.

Ailleurs à Riverdale

  • Josie et ses Pussycats poussent une nouvelle fois la chansonnette pour un événement de la ville. On a donc droit à un morceau façon Glee chaque semaine ?
  • Jughead se découvre une facette Veronica Mars et s’improvise détective pour résoudre le meurtre de Jason Blossom.
  • La mère de Cheryl accordent une bitchslap magistrale à l’exécrable maman de Betty. Sérieusement, elle doit boire du jus de pamplemousse rose tous les matins pour être aussi amère.
  • Quand Cheryl dit : “J’aime plus mon frère que je ne m’aime moi-même”, les scénaristes ne seraient quand même pas en train de poser les bases d’une relation à la Cersei-Jaime dans Game of Thrones ?