Pure : bienvenue dans un ennuyeux Breaking Bad au pays des Amish

Publié le par Adrien Delage,

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La cocaïne a remplacé la meth’ dans ce thriller intrigant mais plombé par des lenteurs inutiles et des personnages clichés.

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D’un point de vue européen, on a la fâcheuse habitude de mettre dans le même sac les séries américaines et les séries canadiennes. Pourtant, les voisins nordiques de l’Oncle Sam ont leur show à succès. On pense au drama pour jeunes adultes Degrassi, à la violente Frontier avec Jason Momoa ou encore à l’ovni Orphan Black. Cette année encore, les séries canadiennes vont tenter de percer à l’international et on commence 2017 avec Pure, un thriller aux faux airs de Breaking Bad.

Pure prend place dans une ville de l’Ontario profond où plusieurs communautés protestantes se côtoient. On trouve les Mennonites libéraux, les Amish conservateurs, les Luthériens ou encore les Calvinistes, chacun prônant son propre guide spirituel et le respect de ses propres conventions. Si ce découpage paraît compliqué à première vue, ces schismes religieux ne gênent pas la compréhension de l’intrigue puisque même les habitants reconnaissent les confondre entre elles. En revanche, ces communautés donnent à la série une atmosphère particulière et une nouvelle façon de percevoir ce qu’on appelle les rednecks en Amérique.

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Noah Funk, un jeune pasteur mennonite fraîchement élu, découvre que son Église vit sous le joug d’Eli Voss, un baron de la drogue qui fait transiter de la cocaïne depuis le Mexique. Quand Eli Voss menace sa famille, Noah se voit obliger de reprendre le flambeau de son prédécesseur et de poursuivre le trafic. Mais il va retrouver une vieille connaissance, Bronco, un flic véreux qui tente de mettre un terme au business de la drogue local. Les deux hommes vont s’allier et Noah entame une double vie dans le but de faire tomber toutes les personnes liées à ce commerce souterrain.

Une pure lenteur

La première chose qui frappe à la vue de Pure, c’est la lenteur et le manque de rythme de l’intrigue. Il faut attendre le troisième épisode avant de véritablement comprendre l’objectif de Noah et les enjeux de la série. Le trailer nous offrait pourtant des images explosives, qui évoquaient le rythme effréné de Banshee. Mais Pure tient plus du drame familial que du thriller musclé. Ces longueurs permettent néanmoins de poser les (exigeantes) bases de la série et de nous laisser le temps de découvrir ces héros très stéréotypés.

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En effet, c’est dans l’écriture de ces personnages que Pure pêche le plus. Noah est un Heisenberg en puissance, jeune pasteur entièrement dédié à sa foi qui va finir par se salir les mains. Le destin de son personnage est prévisible : on s’attend à ce qu’il apprécie le côté obscur de la force et devienne le monstre qu’il traquait à la manière de Breaking Bad. Il est difficile de ne pas remarquer les nombreuses similarités entre les deux shows : la drogue, un décor de campagne profonde, la volonté de mettre sa famille à l’abri du besoin… Même Ryan Robbins (Sanctuary), l’interprète de Noah, ressemble à s’y méprendre à un Bryan Cranston plus jeune.

Du côté de Bronco, le flic et ancien camarade de classe, on a également une impression de déjà-vu. A.J. Buckley a la gueule de l’emploi mais son personnage sent le recyclage : un policier désillusionné, avec famille brisée, conflits père-fils quotidiens et son lot de déceptions professionnelles sont au rendez-vous. Le problème, c’est que quasi personne ne peut se permettre d’interpréter un flic dysfonctionnel depuis Matthew McConaughey dans True Detective. Quant aux rôles féminins, ils sont trop en retrait pour véritablement avoir une importance dans l’intrigue.

Entre Noah et Eli Voss, c’est un combat d’hommes qui se joue, une lutte entre la science et la foi. S’il n’y a pas d’explosions de violence à la Banshee, chacun met ses petites stratégies en place, entraînant de superbes séquences, comme lorsqu’un avion censé transporter la drogue dans des fromages s’écrase dans un lac. Pas d’impressionnantes chorégraphies de combat ou de scènes sanglantes à la The Walking Dead donc, mais une vraie tentative de surprendre le spectateur sans en faire des tonnes.

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Au fond, c’est véritablement le problème majeur de Pure. Il manque un enjeu crucial à la série pour tenir le spectateur en haleine. Noah ne semble jamais véritablement menacé ou se mettre suffisamment en danger comme pouvait le faire Heisenberg. De fait, on s’attache difficilement à la palette de personnages et à cette série qui porte pourtant un message capital à notre époque : tout comme les États-Unis, le Canada souffre aussi d’un clivage clanique.

En six épisodes, la saison 1 de Pure est un peu trop gentille et sérieuse pour nous exploser comme un pétard en pleine gueule. Les scénaristes de ce slow burner ont préféré le slow à l’explosion pour nous convaincre de l’intérêt de son sous-texte et nous faire vivre pleinement ce breaking bad, cette transformation de son héros torturé entre sa foi et son devoir envers sa communauté. Reste ce drame intimiste en milieu amish, qui saura nous intriguer par ses coutumes et mœurs si particulières.