Prison Break, saison 5 : Michael et Lincoln auraient mieux fait de rester à l’ombre

Publié le par Adrien Delage,

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Les deux pros de l’évasion reviennent le temps d’une saison événement dont on pouvait franchement se passer. Attention, spoilers.

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Je fais partie de cette génération de sériephiles qui a véritablement découvert le monde des séries du nouveau millénaire lors de son âge d’argent, si on considère des shows comme Les Soprano et autres The Wire comme l’âge de bronze, et l’ère de Peak TV que nous traversons actuellement comme l’âge d’or. À partir de 2004, le petit écran est devenu une corne d’abondance de projets sériels familiaux et ultradivertissants. C’était la période de Lost, de Desperate Housewives, de Dexter, de Gossip Girl et bien entendu des frères Scofield et Burrows dans Prison Break.

Comment oublier ce pilote incroyable et impeccablement réalisé où on découvrait un ingénieur brillant qui décidait de se tatouer tout le corps et de braquer une banque, afin de faire évader son frère injustement envoyé dans le couloir de la mort ? La première saison de Prison Break était un festival de cliffhangers, de twists et autre rebondissements qui venaient porter secours au jeu hasardeux de ses acteurs (exception faite de Robert Knepper, intense et terrifiant dans le rôle de T-Bag).

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On ne s’ennuyait pas une seule seconde, se demandant à chaque fin d’épisode si Michael (Wentworth Miller) et son crew de détenus allaient finalement se faire chopper par Bellick et les agents du gouvernement, voyant évoluer cette franche camaraderie qui se développait entre les prisonniers et multipliant les suppositions concernant cette lointaine conspiration mise en place par de hauts commanditaires pour piéger Lincoln (Dominic Purcell).

Partie d’un concept fort et bien exploité par le scénariste et créateur Paul Scheuring, Prison Break s’est rapidement essoufflée à la fin de sa première saison. Alors en cavale, les deux frères se lançaient dans un voyage qui en disait moins long sur la notion de liberté et la condition humaine qu’entre les murs de Fox River. Le rythme ralentissait et le mystère de la théorie du complot qui entourait le meurtre du frère de la vice-présidente devenait lassant et rébarbatif.

Finalement, Paul Scheuring et ses scénaristes ont obstinément décidé de creuser jusqu’à l’os leur concept en renvoyant Michael derrière les barreaux en saison 3, inversant les rôles des deux frères pour un intérêt moindre. Inutile de revenir sur la saison 4 et le téléfilm The Final Break, qui étaient clairement de trop.

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La renaissance… pour rien

Dans cette période de reboots et revivals (X-Files et 24 heures chrono en tête), Paul Scheuring et ses producteurs ont eu la fausse bonne idée de se dire “et pourquoi pas nous ?”. Quelques mois plus tard, voilà la saison 5 de Prison Break tant attendue qui débarque sur la Fox (elle sera bientôt diffusée sur M6 en France), annoncée avec outrance par un nombre démesuré de trailers. Avec appréhension, on se lance un peu las dans ce season premiere moins décevant que ce qu’on pouvait imaginer. Mais cette nouvelle saison de Prison Break n’a pas grand chose à rajouter sur son sous-texte et galère clairement à se moderniser et s’inscrire dans une ère où les séries ne sont plus uniquement des feuilletons divertissants.

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L’épisode débute sur un rapide rappel (onze ans d’absence à l’écran oblige) des événements de la première et deuxième saison puis de l’ultime scène de The Final Break, où Michael faisait ses adieux à Sara et Lincoln. Pour rappel, Scofield était en phase terminale d’un cancer au cerveau dont il n’avait aucune chance de survivre. Et pourtant, on apprend, par l’intermédiaire d’un T-Bag plus poli et vieilli qu’auparavant, que le tatoué serait toujours vivant, enfermé dans une prison quelque part au Yémen.

Ni une, ni deux, Lincoln s’embarque dans un trip de la mort pour porter secours à son frangin. À ses côtés, les fidèles C-Note et Sucre. Sara (Sarah Wayne Callies) préfère s’occuper de son nouveau mari et de Mike, le fils de Scofield, pensant que l’information de T-Bag fait partie d’une odieuse machination. Il n’y a pas à dire, on prend plaisir à retrouver ces personnages aux caractéristiques clichés mais toujours aussi irrésistibles : le téméraire Lincoln, le gentil Sucre, le surprenant C-Note (qui est devenu un homme de dieu !!!) et le terrifiant T-Bag. Malheureusement, cette sympathique galerie de visages familiers n’aide pas à faire prendre la sauce.

Pourtant, le season premiere ne manque pas de rebondissements et de séquences d’action haletantes. Course-poursuite, baston à mains nues, fusillade, infiltration, la recette distrayante de la première saison de Prison Break est respectée à la lettre. Le problème, sans spoiler, c’est que le twist sur la mort de Michael reste flou et difficilement crédible. Il faudra plus qu’une nouvelle identité et qu’un cercueil vide pour convaincre les spectateurs dans les huit autres épisodes.

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La série multiplie également les stéréotypes américains vieux comme le monde par rapport à l’hostilité du Moyen-Orient. Scofield est coincé dans une “zone de guerre”, explique C-Note à Lincoln, à savoir le Yémen (même si les études réalisées en 2016 de l’institut pour l’Économie et la Paix leur donnent tristement raison), un pays désolé où la guerre civile fait rage et les hommes blancs ne sont pas les bienvenus. Pire, les personnages citent Daech et le djihad toutes les cinq minutes, histoire de nous faire comprendre de manière lourde et grossière que le temps a passé et que la série s’adapte à un cadre contemporain.

Clairement, les scénaristes n’ont pas réussi à réinventer leur bébé et tombent dans le fan service complaisant au possible. L’un des frères se retrouve derrière les barreaux, Michael a de nouveaux tatouages (pas beaux du tout comparés aux précédents) et pratique toujours l’origami, Sara est en danger et une nouvelle conspiration se fait jour. C’est un peu flemmard et prétentieux de la part de l’équipe de Paul Scheuring qui sait que plus de 450 séries américaines sortent par an, soit, utopiquement, 450 idées originales. Malheureusement, le réchauffé a tendance à accaparer l’esprit des scénaristes de l’Oncle Sam. C’est encore plus déprimant quand on sait que le concept de Prison Break a toujours été original et prometteur.

Au final, cette nouvelle saison de Prison Break ne semble pas mauvaise et même plutôt plaisante à regarder. Mais elle est dirigée de manière extrêmement légère et maladroite. On ne retrouve pas l’excitation qui nous animait à voir Michael utiliser son tatouage pour se sortir de situations désespérées, creuser un trou derrière le chiotte de sa cellule ou encore sauver Sara en pleine émeute de détenus. Pour le coup, c’était mieux avant, alors jetez vous avec plaisir sur un rewatching de la saison initiale et garder un excellent souvenir de la première évasion des deux frères. Petite consolation pour les fans français : la mythique “Pas le temps” de Faf Larage reviendra au générique.