Oui, Meryl Streep a réussi son entrée dans la saison 2 de Big Little Lies

Publié le par Marion Olité,

©HBO

La nouvelle terreur de Monterey, c'est elle.

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Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Laura Dern, Zoë Kravitz, Shailene Woodley… Comment surpasser un casting à faire pâlir d’envie un blockbuster hollywoodien et conserver l’intérêt du public après une saison 1 sans fausse note ? En y ajoutant la queen du cinéma US, Meryl Streep, ont répondu David E. Kelley et Liane Moriarty, les scénaristes du hit Big Little Lies. Celle qui n’incarne rien de moins que l’idée de perfection de l’acting (qu’on l’estime surcotée ou non) vient épicer une suite forcément un peu opportuniste. Devant son succès public et critique retentissant, cette adaptation du roman de Moriarty, initialement conçue comme une mini-série bouclée, s’est vue prolongée par HBO.

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C’est donc avec excitation et appréhension qu’on a retrouvé voilà quatre semaines les “Monterey 5”, plusieurs mois après les événements qui ont conduit à la mort de Perry, le mari abusif de Celeste, en fin de saison 1. Celeste justement, partage désormais avec Madeline, Jane, Renata et Bonnie un lourd secret, celui de la vérité sur les circonstances du fatal accident. Suivant les conseils de Maddie, elles ont décidé d’un commun accord de donner un faux témoignage à la police pour protéger Bonnie : personne n’a poussé Perry, il est tombé tout seul. Depuis, la vie suit son cours à Monterey et chacune essaie d’oublier “ce qu’elle a fait l’été dernier”. Mais la tranquillité sera de courte durée. Celeste vit depuis plusieurs mois avec la mère de Perry, Mary Louise, qui cherche à savoir la vérité sur la mort de son fils. 

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Fausses dents, perruque lissée au carré, tenues strictes et expressions faciales tordantes… Dès le season premiere, c’est évident : Meryl Streep s’amuse comme une petite folle. Elle nous avait déjà prouvé qu’elle était la reine des bitchy resting face avec son rôle de sorcière de la fashion dans Le diable s’habille en Prada. Dès qu’elle rentre dans une pièce, Mary Louise a le don d’instaurer un climat dérangeant et de mettre dans tous leurs états nos Desperate Housewives californiennes. Elle apparaît clairement comme la “méchante” de l’histoire. 

Très chère belle-mère

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Manipulatrice avec Celeste, qui combat un stress post-traumatique après la mort de son mari violent, suspicieuse à l’égard des “Monterey 5”, elle sait comme personne mettre tout le monde mal à l’aise, voire même clouer le bec à la queen de la répartie, Maddie. Ces échanges passif-agressifs entre Reese Witherspoon et Meryl Streep sont une délectation de tous les instants pour le public. Meryl Streep apporte du fun et du drama. On se souviendra longtemps de cette baffe monumentale que finit par lui administrer Celeste, excédée par la rhétorique de “victim blaming” à laquelle se livre Mary Louise, face à elle mais aussi vis-à-vis de Jane. Les deux entretiennent une relation des plus toxiques, qui prend des airs de contes de fée, la douce (et plus jeune) Nicole Kidman se débattant dans les griffes de la vieille belle-mère malsaine. Big Little Lies revisite ce trope cher à Disney (son mari, Perry, avait tout du prince charmant blond et fort et beau, qui cachait des pulsions monstrueuses), à la peau dure, en y ajoutant toutefois des nuances dont Meryl Streep a le secret. 

Mary Louise peut se montrer vicieuse, inquisitrice et cruelle, notamment quand elle tente de faire dire à Jane qu’elle s’est trompée et que son fils n’est pas un violeur ou un mari violent. Toutes les excuses sont bonnes pour redorer le blason de Perry car si elle reconnaissait la vraie nature de son fils, il lui faudrait alors se pencher sur la façon dont elle l’a éduqué et se demander si elle n’a pas une part de responsabilité dans l’histoire. L’éducation est un des sujets majeurs de Big Little Lies, abordée à travers les séquences à l’école avec les enfants, et le comportement des parents (les réactions over the top de Renata dès que sa fille a un souci, mais aussi l’arrivée de la mère de Bonnie, qui semble avoir traumatisé sa fille plus jeune).

(© HBO)

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En saison 1, les deux garçons de Celeste se montraient violents envers l’une de leurs camarades de classe. Ils reproduisaient à leur façon le climat de violence dont ils étaient témoins chez eux, avec leur père qui s’en prenait à leur mère. On ne sait pas exactement comment Mary Louise a pu éduquer son fils pour qu’il devienne un homme aussi misogyne et dangereux, mais on finira probablement par l’apprendre d’ici la fin de la saison 2. Big Little Lies explore depuis ses débuts le cycle de la violence familiale, qui se transmet de génération en génération. 

Le comportement de Mary Louise, qui cherche à blâmer les femmes dans la vie de Perry, est aussi un bon exemple de sexisme intériorisé. Ce personnage misogyne représente le patriarcat version féminine (oui, ça existe). Elle a tellement intégré les codes du machisme qu’elle les utilise contre les femmes qu’elle sent “faibles”, comme Celeste. Au contraire, quand elle fait face à Maddie, sentant qu’elle ne pourra pas arriver à ses fins avec elle, elle opte pour le dédain ou le clash assez frontal. Dans tous les cas, c’est la faute des femmes : Jane avait peut-être plusieurs amants, se souvient-elle vraiment d’avoir été violée ? Et elle portait quoi, et ce ne serait pas elle qui aurait commencé par hasard ? Et Celeste, elle n’a pas fait ce qu’il faut pour retenir son homme évidemment. Et elle s’occupe mal de ses enfants… Ce personnage assez fascinant de mère “monstrueuse” n’est pas sans rappeler celui d’Adora dans Sharp Objects (incarnée par la géniale Patricia Clarkson).

Heureusement, Meryl Streep réussit tout de même à lui apporter une ambiguïté et une humanité bienvenues. À la lumière de l’épisode 4, diffusé le 30 juin dernier, on se demande toujours si Mary Louise veut sincèrement le meilleur pour ses petits-enfants – après tout, Celeste est effectivement assez paumée et prend un maximum de médicaments – ou si elle est animée par un pur sentiment de vengeance envers sa belle-fille, qu’elle soupçonne d’avoir tué son fils. Espérons en tout cas que la suite de ce jeu d’échec psychologique ne finisse pas par sa mort. Ce dénouement serait des plus prévisibles et ferait basculer Big Little Lies dans une mécanique de soap à la Desperate Housewives. Or, cette saison 2, axée sur les conséquences du “grand petit mensonge” des “Monterey 5”, se tient jusqu’ici très bien. Et puis, on a envie de garder Queen Meryl Streep le plus longtemps possible dans une série. 

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La saison 2 de Big Little Lies est diffusée sur OCS en France.